8 mai 1997 |
Trois événements laissent entrevoir les forces synergiques que pourrait libérer la nouvelle Faculté d'aménagement, d'architecture et des arts visuels.
Le sociologue Fernand Dumont, décédé le 2 mai dernier, définissait la culture comme un langage qui peuplait l'environnement d'objets qui font signe. La fusion administrative de l'École des arts visuels, de l'École d'architecture et du Département en aménagement du territoire, officialisée ce même vendredi, consacre donc ce rapprochement entre des créateurs qui laissent leur marque dans la cité. Désormais, les étudiants de l'une ou l'autre des écoles pourront profiter des équipements mis en commun, mais surtout acquérir une curiosité mutuelle.
L'avènement d'une Faculté d'aménagement, d'architecture et des arts visuels traduit sans doute un penchant pour des habitats plus humains, et une rupture avec l'architecture fonctionnaliste des dernières décennies. Le maire de Québec ne s'y est pas trompé, lorsqu'il a souligné que le contact avec la réalité d'une cité se développe mieux quand professeurs et étudiants doivent marcher la ville, rencontrer les pauvres qui l'habitent. "Je souhaite d'ailleurs qu'ils nous disent la ville qu'ils souhaitent", a indiqué Jean-Paul L'Allier lors de la cérémonie inaugurale qui avait lieu au Petit Séminaire de Québec. Il rappelait ainsi que ce rêve de voir les ferments de la création réintégrer une ville durement touchée par l'appauvrissement et l'étalement urbain remontait à une rencontre vieille de sept ans avec l'ancien recteur Michel Gervais et le vice-recteur exécutif Jacques Racine.
Trois expositions en un lieu
Pour la première fois, les étudiants qui terminent leur premier
cycle en architecture ou en arts visuels, ainsi que ceux du Département
en aménagement exposaient donc leurs travaux dans un même lieu,
le Petit Séminaire de Québec. Parmi les 64 futurs architectes,
une quinzaine présentaient leur projet de fin d'études qui
permet aux étudiants de laisser libre cours à leur imagination
à partir des connaissances acquises tout au long du baccalauréat.
Certains ont choisi ainsi d'intégrer une nouvelle aile dans un bâtiment
existant, de convertir un ilôt urbain montréalais à
la nouvelle réalité du télétravail, de concevoir
une maison individuelle extensible, de bâtir un centre archéologique
de plein air.
Pierre Lepage, qui a rêvé de construire un refuge et un bâtiment d'exposition à l'extrême pointe-Est de l'Ile d'Orléans, a remporté le Prix d'excellence pour ce projet de fin d'études. Il obtient ainsi le droit de se présenter au Concours de la bourse du collège des présidents de l'Ordre des architectes, qui finance le voyage d'études d'un candidat, sélectionné par chaque école d'architecture du Québec, vers la destination de son choix. S'appuyant en grande partie sur le promontoire naturel spectaculaire du site et l'abondante forêt environnante, ses petites constructions en bois juchées sur des pilotis s'intègrent harmonieusement dans la nature.
"Ce site s'adresserait à un public épris d'écologie et d'archéologie puisqu'une grotte avec des vestiges amérindiens a été découverte non loin de là, remarque Pierre Lepage. Les pilotis permettent aux bâtiments de se déposer sur ce bout de terre, sans rien briser. Il faut retrouver ce sentiment de notre petite dimension par rapport à la nature." Natif de l'Ile d'Orléans et résident de Saint-François, le finissant en architecture connait très bien ce bout de falaise où il a passé une partie de son enfance à pêcher des carpes, ou à escalader les rochers. Il rêve aujourd'hui à une architecture à taille humaine, harmonieuse et respectueuse de son environnement.
C'est peut-être ce même respect pour le passé qui habite Pierre Gauthier, qui a remporté le Prix d'excellence pour son mémoire de maîtrise en architecture, ainsi qu'un chèque de 500 $. Ce diplômé de l'Université Laval, qui poursuit un doctorat à l'Université McGill, a cherché à comprendre comment l'histoire du quartier Saint-Sauveur laissait encore sa marque aujourd'hui dans le tracé des rues. L'alignement actuel du boulevard Langelier s'explique ainsi en grande partie par la configuration des champs qui appartenaient à la communauté des Recollets, tandis que le tracé chaotique de la rue Saint-Vallier correspond notamment au contournement des anciens ruisseaux qui se jetaient dans la rivière Saint-Charles.
Luc Samson, Prix d'excellence pour la meilleure présentation de travaux de recherches lors du colloque organisé par les étudiants du Centre de recherche en aménagement et en développement, s'attaque pour sa part à un dossier plus actuel, celui de la sécurité routière en milieu commercial. Les statistiques prouvent en effet que les entrées et les sorties des centres d'achat semblent favoriser les accrochages ou les accidents plus graves. Avec la nouvelle fusion administrative qui s'amorce, l'étudiant à la maîtrise pourra peut-être solliciter l'aide de Lucie Côté et de Nadine Ouellet pour concevoir des panneaux de signalisation clairs. Ces deux finissantes en communication graphique ont remporté, ex-aequo, le Prix d'excellence de ce département, et se partagent donc une bourse de 9000 $, décernée par la Fondation du peintre de Baie-Saint-Paul, René Richard.