"La mort de Fernand Dumont nous prive d'une des voix les plus lucides que le Québec ait connues. Partout, cependant, dans le Québec d'aujourd'hui comme dans celui de demain, on retrouvera la trace de ses idées, de son oeuvre, de son action. Fernand Dumont, comme peu de contemporains, a su comprendre et expliquer le peuple québécois, sa genèse et son développement, son présent et son espoir d'émancipation".
C'est en ces mots que le premier ministre du Québec, Lucien Bouchard, a commenté, vendredi dernier, le décès, à 69 ans, d'un des plus illustres professeurs de l'Université Laval.
"Il avait la notion de l'oeuvre à faire. C'était une conscience unique", a dit de lui le politilogue Gérard Bergeron. "Fernand Dumont a représenté un phare, tant par sa réflexion et par ses écrits que par son implication dans l'action. À cet égard, il aura sans doute représenté le modèle le plus accompli de l'intellectuel dans la cité", a déclaré de son côté le président de la CSN, Gérald Larose.
"Il était l'artisan quotidien du texte, comme d'autres le sont du fer ou du bois", avait écrit Hélène Pelletier-Baillargeon dans le collectif L'Horizon de la culture (1) publié en 1995, en hommage à cette figure dominante des sciences humaines au Québec. À la relève d'aujourd'hui et aux générations futures, le sociologue poète et homme de foi Fernand Dumont laisse en effet en héritage une oeuvre remarquablement accessible dont se dégagent des essais incontournables comme Le lleu de l'homme (1968), Genèse de la société québécoise (1993) et Raisons communes (1995). Il s'est mérité, au cours des années, les récompenses les plus prestigieuses: Prix du Gouverneur général du Canada, médaille Parizeau de l'Acfas, prix Athanase-David, prix Léon-Gérin, prix Esdras-Minville, Grand Prix de la Ville de Montréal.
Né à Montmorency en 1927, Fernand Dumont a étudié au Petit Séminaire de Québec, puis à l'Université Laval où il a obtenu une maîtrise en sciences sociales en 1953, et à l'Université de Paris où il a obtenu un doctorat en sociologie en 1955. Cette même année, il devenait professeur à l'Université Laval, où il a notamment dirigé l'Institut supérieur des sciences humaines jusqu'en 1973, tout en y enseignant la psychologie générale, la théorie sociale systématique et les fondements de la sociologie appliquée. Il a oeuvré à la fin des années 1970 au ministère d'État du Développement culturel avec Camille Laurin. il fut l'un des auteurs du Livre blanc sur la langue et la culture et l'un des "pères" de la Charte de la langue française (loi 101). En 1979, il devint premier directeur de l'Institut québécois de recherche sur la culture (IQRC), poste qu'il allait occuper pendant dix ans.
En 1993, en entrevue dans le journal La Presse, Fernand Dumont tenait les réfléxions suivantes sur la crise des finances publiques et ses lourdes conséquences sur le tissu social: "Cette crise manque de visibilité. Il manque la première condition pour en sortir: la prise de conscience collective de la gravité de la situation. Premièrement, les leaders politiques sont incapables de vérité, comme durant la dernière campagne fédérale où ils promettaient en même temps la réduction du déficit, le maintien de l'universalité et la création d'emplois. Le discours pédagogique est remplacé par un discours masquant. Deuxièmement, ceux qui pourraient s'attaquer à la crise ne la sentent pas. La société est divisée en deux: ceux qui subissent la crise (sans-abri, assistés sociaux, chômeurs, emplois précaires...) et ceux dont la situation ne s'est pas détériorée (professionnels, syndiqués assurés d'un emploi, cadres grassement payés...). Or, ce sont les épargnés qui auraient les moyens de rendre la crise visible et d'inventer un discours approprié."
Fernand Dumont laisse dans le deuil son épouse, Cécile Lafontaine, et ses cinq enfants. Ses obsèques ont eu lieu lundi à Québec. Les membres de la communauté universitaire peuvent faire des dons à la Fondation de l'Hôpital Saint-Sacrement, 1050, chemin Sainte-Foy, Québec, G1S 3L8.
1) Les lecteurs désirant en savoir plus sur la vie et l'oeuvre de Fernand Dumont peuvent consulter la version électronique de ce livre sur le site web de la Bibliothèque de l'Université Laval à l'adresse suivante: http://www.bibl.ulaval.ca/doelec/pul/
"La mort de Fernand Dumont nous prive d'une des voix les plus lucides que le Québec ait connues. Partout, cependant, dans le Québec d'aujourd'hui comme dans celui de demain, on retrouvera la trace de ses idées, de son oeuvre, de son action. Fernand Dumont, comme peu de contemporains, a su comprendre et expliquer le peuple québécois, sa genèse et son développement, son présent et son espoir d'émancipation".
C'est en ces mots que le premier ministre du Québec, Lucien Bouchard, a commenté, vendredi dernier, le décès, à 69 ans, d'un des plus illustres professeurs de l'Université Laval.
"Il avait la notion de l'oeuvre à faire. C'était une conscience unique", a dit de lui le politilogue Gérard Bergeron. "Fernand Dumont a représenté un phare, tant par sa réflexion et par ses écrits que par son implication dans l'action. À cet égard, il aura sans doute représenté le modèle le plus accompli de l'intellectuel dans la cité", a déclaré de son côté le président de la CSN, Gérald Larose.
"Il était l'artisan quotidien du texte, comme d'autres le sont du fer ou du bois", avait écrit Hélène Pelletier-Baillargeon dans le collectif L'Horizon de la culture (1) publié en 1995, en hommage à cette figure dominante des sciences humaines au Québec. À la relève d'aujourd'hui et aux générations futures, le sociologue poète et homme de foi Fernand Dumont laisse en effet en héritage une oeuvre remarquablement accessible dont se dégagent des essais incontournables comme Le lleu de l'homme (1968), Genèse de la société québécoise (1993) et Raisons communes (1995). Il s'est mérité, au cours des années, les récompenses les plus prestigieuses: Prix du Gouverneur général du Canada, médaille Parizeau de l'Acfas, prix Athanase-David, prix Léon-Gérin, prix Esdras-Minville, Grand Prix de la Ville de Montréal.
Né à Montmorency en 1927, Fernand Dumont a étudié au Petit Séminaire de Québec, puis à l'Université Laval où il a obtenu une maîtrise en sciences sociales en 1953, et à l'Université de Paris où il a obtenu un doctorat en sociologie en 1955. Cette même année, il devenait professeur à l'Université Laval, où il a notamment dirigé l'Institut supérieur des sciences humaines jusqu'en 1973, tout en y enseignant la psychologie générale, la théorie sociale systématique et les fondements de la sociologie appliquée. Il a oeuvré à la fin des années 1970 au ministère d'État du Développement culturel avec Camille Laurin. il fut l'un des auteurs du Livre blanc sur la langue et la culture et l'un des "pères" de la Charte de la langue française (loi 101). En 1979, il devint premier directeur de l'Institut québécois de recherche sur la culture (IQRC), poste qu'il allait occuper pendant dix ans.
En 1993, en entrevue dans le journal La Presse, Fernand Dumont tenait les réfléxions suivantes sur la crise des finances publiques et ses lourdes conséquences sur le tissu social: "Cette crise manque de visibilité. Il manque la première condition pour en sortir: la prise de conscience collective de la gravité de la situation. Premièrement, les leaders politiques sont incapables de vérité, comme durant la dernière campagne fédérale où ils promettaient en même temps la réduction du déficit, le maintien de l'universalité et la création d'emplois. Le discours pédagogique est remplacé par un discours masquant. Deuxièmement, ceux qui pourraient s'attaquer à la crise ne la sentent pas. La société est divisée en deux: ceux qui subissent la crise (sans-abri, assistés sociaux, chômeurs, emplois précaires...) et ceux dont la situation ne s'est pas détériorée (professionnels, syndiqués assurés d'un emploi, cadres grassement payés...). Or, ce sont les épargnés qui auraient les moyens de rendre la crise visible et d'inventer un discours approprié."
Fernand Dumont laisse dans le deuil son épouse, Cécile Lafontaine, et ses cinq enfants. Ses obsèques ont eu lieu lundi à Québec. Les membres de la communauté universitaire peuvent faire des dons à la Fondation de l'Hôpital Saint-Sacrement, 1050, chemin Sainye-Foy, Québec, G1S 3L8.
1) Les lecteurs désirant en savoir plus sur la vie et l'oeuvre de Fernand Dumont peuvent consulter la version électronique de ce livre sur le site web de la Bibliothèque de l'Université Laval àl'adresse suivante: http://www.bibl.ulaval.ca/doelec/pul/