8 mai 1997 |
Première chaire du genre en Amérique du Nord, elle consolide la position du Laboratoire des sciences de l'activité physique parmi les leaders mondiaux de la recherche sur l'obésité.
L'Université Laval vient d'obtenir la première Chaire de recherche sur l'obésité jamais créée en Amérique du Nord et vraisemblablement l'une des premières dans le monde. Le titulaire en est Claude Bouchard, chercheur au Laboratoire des sciences de l'activité physique (LABSAP) et expert en obésité et en performance physique."Le LABSAP compte déjà parmi les trois plus grands centres mondiaux de recherche sur l'obésité, dit Claude Bouchard, et cette chaire, par son caractère unique, aura un effet d'entraînement important sur nos travaux."
La sélection du professeur Bouchard survient au terme d'un concours national mené par le Conseil de recherches médicales du Canada (CRM). Fait à noter, 23 chercheurs travaillant dans le domaine de l'obésité à l'Université Laval ont appuyé la candidature du professeur Bouchard à ce concours. "Claude Bouchard est un chercheur réputé dont les nombreuses études sur l'obésité sont maintenant connues à travers le monde, signale Claude Roy, directeur des programmes du CRM. Le Conseil est heureux que cette chaire lui soit attribuée parce qu'en plus d'être un éminent scientifique, il est aussi un professeur respecté par ses pairs."
La Chaire disposera d'un capital de départ de 1,05 million de dollars qui lui sera versé sur cinq ans. Hoffmann-La Roche (Roche Canada), le CRM et l'Université y investissent chacun 350 000$. "La part de l'Université provient de la réserve pour les chaires industrielles et d'une contribution de la Faculté de médecine, précise le vice-recteur à la recherche Denis Gagnon. Le but est de constituer un capital de départ de 1,6 million et de financer les activités de la chaire à même les intérêts générés."
Par le biais de la nouvelle chaire, Claude Bouchard et son équipe poursuivront leurs travaux sur les causes de l'obésité et sur les problèmes de santé qui y sont associés. Ils élaboreront aussi un programme de recherche clinique sur les facteurs comportementaux, métaboliques et génétiques associés à la perte de poids et sur les changements dans les facteurs de risque de maladies qui accompagnent cette perte de poids. Diverses activités de transfert de connaissances (site W3, colloques, formation continue), destinées aux chercheurs et aux médecins, comptent parmi les projets de la Chaire.
"Cette chaire confirme la place majeure de notre université dans l'univers de la recherche non seulement québécoise, mais aussi canadienne, a déclaré le recteur François Tavenas. J'espère que l'annonce de cette chaire contribuera à faire comprendre non seulement aux élites de notre société, mais aussi à Monsieur et Madame Tout-le-Monde, que la recherche universitaire les concerne toujours, qu'ils en soient conscients ou non. Je souhaite que nos compatriotes comprennent de mieux en mieux que l'Université, dans ses efforts de recherche, est là aussi à leur service."
De l'opulence à l'obésité
L'obésité frappe maintenant un nombre gargantuesque de gens
dans les pays industrialisés. Le Canada n'échappe pas à
ce fléau puisque un adulte sur trois y est considéré
obèse et que près de 40% des Canadiens tentent de perdre du
poids. La lutte aux kilos en trop n'est pas uniquement une question d'esthétique:
l'embonpoint pave la voie à un cortège de maladies qui coûtent
annuellement 6 milliards de dollars au système canadien de santé.
"La proportion d'obèses a doublé depuis 30 ans au Canada
et elle est en augmentation partout dans les pays industrialisés,
dit Claude Bouchard. On observe aussi que de plus en plus d'enfants et d'adolescents
souffrent d'obésité."
Les industries pharmaceutiques entrevoient la possibilité d'un traitement médicamenteux de l'obésité au fur et à mesure que l'étau se resserre autour des facteurs moléculaires et génétiques qui y sont associés. D'ailleurs, un médicament anti-obésité développé Hoffmann-La Roche est présentement en processus d'homologation à Santé Canada. Le médicament en question, le Xenical, un inhibiteur des enzymes responsables de la digestion des graisses, devrait être sur le marché canadien en 1998.
La Chaire, dont le nom officiel est Chaire de recherche sur l'obésité Donald B. Brown-Hoffmann La Roche/CRM, honore la mémoire de Donald B. Brown, qui, avant son décès, a assumé la présidence de Roche Canada de même que la direction de l'Association canadienne de l'industrie du médicament (ACIM). À ce titre, M. Brown a joué un rôle majeur dans l'établissement du partenariat qui existe aujourd'hui entre le CRM et l'ACIM.
L'annonce officielle de la création de cette chaire a eu lieu aujourd'hui (8 mai) sur le campus, en présence de Madame Brown, veuve du regretté Donald B. Brown, du président de la direction de Hoffmann-La Roche, Vick Ackermann et de Claude Roy du CRM.