17 avril 1997 |
Des débats d'une brûlante actualité
pour le 52e Congrès des relations industrielles
À la veille d'une nouvelle élection fédérale, les promesses de créations d'emploi vont encore pleuvoir de part et d'autre. Mais les citoyens savent bien que les profonds bouleversements socioéconomiques que vit actuellement la société canadienne et une grande partie de l'Occident ne se règleront pas d'un coup de baguette magique. Le 52e congrès des relations industrielles, organisé le 5 et 6 mai 1997 à l'Hôtel Loews le Concorde par le Département des relations industrielles, se penche donc sur cette crise de l'emploi et les nouveaux partages qu'elle impose.
Les négociations récentes entre les syndiqués de la fonction publique et le gouvernement, les annonces quotidiennes de mises à pied dans de grandes organisations, les statistiques sur le chômage illustrent les transformations socioéconomiques que subissent actuellement tous les milieux de travail. Non seulement l'époque de l'emploi permanent et salarié semble bel et bien révolue, mais l'accès au travail lui-même s'est tellement complexifié que nous vivons une véritable remise en cause de notre façon de vivre, de partager nos ressources, nos obligations personnelles et collectives.
À partir d'un document de synthèse des données de base sur l'état des lieux, les congressistes (syndicalistes, gestionnaires en ressources humaines, fonctionnaires, acteurs sociaux, professeurs) vont donc tenter de poser un diagnostic général pour mieux comprendre cette mutation de l'emploi. Ils feront d'ailleurs une place particulière à des représentants des jeunes, des assistés sociaux, des retraités ainsi que des habitués du travail précaire pour saisir l'aspect souvent caché de cette nouvelle réalité. Pour les organisateurs du Congrès des relations industrielles, il ne s'agit pas de trouver des "recettes vite faites" ou de présenter quelques cas de sauvetages in-extremis d'emplois, car ils considèrent la crise actuelle comme profonde, et exigeant une action cohérente de tous les agents sociaux et économiques.
"La discussion ne se limite pas à évoquer des gadgets, insiste Fernand Morin, professeur au Département des relations industrielles. Je ne pense pas, par exemple, que la réduction des heures supplémentaires entraîne mathématiquement la création de dizaines de milliers d'emplois. Les changements que nous vivons sont tout aussi importants que ceux qui ont accompagné la révolution industrielle." Le débat fera donc place aux diverses solutions qui pourraient aider à la sortie de crise, comme le néolibéralisme, le réaménagement du fordisme, soit le système actuel, et le changement radical. De nombreux économistes en Europe et en Amérique du Nord évoquent ainsi depuis quelque temps l'idée d'une allocation universelle permettant à chacun de recevoir un revenu.
Les échanges entre les congressistes ne se limiteront pas à une discussion purement thérorique puisque des représentants de syndicats, d'organismes sociaux et de grandes entreprises viendront donner leur point de vue sur leur vision du réaménagement du travail. Chacun pourra ainsi apprécier leur contribution à la réduction de l'exclusion sociale, et à une meilleure redistribution de la richesse collective. Par ailleurs, , un atelier de formation pratique suivra le congrès, le 7 mai, pour aider les gestionnaires en ressources humaines à aider le personnel maintenu en poste, au lendemain de coupures de postes dans les organisations, à s'adapter au changement.