17 avril 1997 |
Le risque de décès des personnes âgées victimes d'une fracture de la hanche atteint 14 % lorsque le délai pré-opératoire dépasse trois jours.
Le risque de décès chez les personnes âgées victimes d'une fracture de la hanche augmente en fonction du délai pré-opératoire, révèle une étude réalisée par des chercheurs du Département de médecine sociale et préventive. Lorsque le délai est de moins de 36 heures, le risque de décès dans les six mois qui suivent la fracture est de 5,1 %. Ce risque grimpe à 10 % pour un délai de 37 à 72 heures et à 14 % pour un délai de 73 heures ou plus, rapportent Andrée Laberge, Paul-Marie Bernard et Paul Auguste Lamarche dans l'édition de mars de la Revue d'épidémiologie et de santé publique.
Les chercheurs en arrivent à ces conclusions après avoir étudié les cas de 200 personnes de 65 ans ou plus admises, entre avril 1987 et mars 1989, dans trois centres hospitaliers de la région de Québec après avoir subi une fracture de la hanche. Les données montrent qu'il existe des différences importantes entre patients, et surtout entre hôpitaux, dans les délais précédant l'intervention chirurgicale. Ainsi, un patient a été opéré deux heures après son admission alors qu'à l'autre extrémité du spectre, un autre patient, c'est le cas de le dire, a dû attendre 403 heures, soit presque 17 jours. La durée moyenne des délais dans les trois hôpitaux atteignait 31, 37 et 94 heures. Dans l'ensemble, 61 % des patients ont dû attendre plus de 36 heures avant d'être opérés et 19 sujets sont décédés dans les six mois suivant leur accident.
"Les hôpitaux ne retardent pas l'intervention par mauvaise volonté, explique Andrée Laberge, maintenant chercheure au Centre de santé publique de Québec. Il n'y avait tout simplement pas de consensus scientifique sur la pertinence d'intervenir rapidement, certains médecins préférant attendre une stabilisation de l'état de santé de leurs patients avant d'opérer." Selon les orthopédistes consultés par les chercheurs, l'état de santé du patient peut expliquer les délais de 12 à 24 mais pas ceux de 48 heures ou plus. Des délais d'une telle ampleur dépendent plutôt de facteurs organisationnels comme la disponibilité des chirurgiens et des salles d'opération.
La fracture de la hanche est un accident fréquent en forte recrudescence chez les gens du troisième âge. Le vieillissement de la population et les problèmes d'ostéoporose chez les femmes pourraient expliquer en partie ce phénomène. S'il faut un choc violent pour provoquer une fracture de la hanche chez les plus jeunes, les gens âgés, eux, peuvent se fracturer la hanche simplement en se retournant dans leur lit ou en se frappant contre un meuble. "Notre étude montre que le traitement d'une fracture de la hanche doit être réalisé d'une manière urgente, 36 heures ou moins après l'arrivée à l'hôpital. Considérant les risques pour la santé, la douleur et l'inconfort pour les patients en attente d'une chirurgie et la nécessité de faire un usage approprié des ressources de santé, il n'est pas acceptable d'attendre plus de 36 heures pour procéder au traitement chirurgical d'une fracture de la hanche", concluent les trois chercheurs.