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10 avril 1997 ![]() |
La qualité de l'enseignement passe maintenant par une intégration pédagogique intelligente et efficace des nouvelles technologies de l'information et de la communication.
Qu'ont en commun le sigle NTIC et l'acronyme GRAIM? Ils sont tous deux au coeur d'une mutation que l'on sent de plus en plus présente et qui bouleversera de façon importante l'acte d'enseigner. "Il est impossible d'ajouter et de juxtaposer seulement les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) à une démarche pédagogique existante sans changer sa configuration. C'est le nouveau modèle, paradigme de l'enseignement et de l'apprentissage, qui est basé sur de nouvelles relations entre les étudiants, le savoir, le professeur, l'environnement et l'organisation", croit Philippe Marton, professeur et directeur du Groupe de recherche sur l'apprentissage interactif multimédiatisé (GRAIM) de la Faculté des sciences de l'éducation.
Rétablir le contact
Le potentiel d'innovations pédagogiques des nouvelles technologies
de l'information et de la communication est énorme, selon lui. Par
exemple, au 1er cycle, les étudiants se plaignent souvent du peu
ou de l'absence de contact, de dialogue, d'échange avec leurs professeurs,
et ce, à cause surtout des grands groupes.
"À ce problème précis et réel, les NTIC peuvent apporter une solution très appréciable: celle de pouvoir redonner des heures de rencontre pour échange et dialogue des étudiants avec leur professeur", illustre Philippe Marton. Ce genre d'approche a d'ailleurs fait l'objet d'une expérience concluante, à l'automne 1996, au sein du Centre d'apprentissage multimédia interactif en technologie éducative (projet CAMITÉ) pour la formation des maîtres.
Intégrer intelligemment
Il ne faut pas imposer les NTIC aux professeurs et aux étudiants,
prévient le directeur du GRAIM. L'apprivoisement demande un temps
de connaissance, d'initiation et d'expérience. Il faut, précise-t-il,
"miser sur des sessions dynamiques axées sur la pratique, sur
des exemples, pour faire réfléchir et initier les professeurs
et non sur des mots!" Ensuite, il faut les accompagner, les encadrer.
La qualité de l'enseignement passe par une intégration pédagogique intelligente et efficace des NTIC, pense-t-il. "L'Université Laval a implanté une infrastructure technique et technologique; il est temps de compléter cette infrastructure par un réel projet pédagogique... qui, d'ailleurs, lui seul a sa raison dans une université", soutient d'autre part Philippe Marton.
Un chef de file
Le Groupe de recherche sur l'apprentissage interactif multimédiatisé
de l'Université Laval est bien placé pour fomenter la révolution
techno-pédagogique dont on ne perçoit actuellement que quelques
soubresauts: il fait véritablement oeuvre de pionnier (très
actif) dans le réseau universitaire québécois, voire
canadien, dans le domaine des "nouvelles technologies".
De 1983 à 1997, le GRAIM a réalisé 36 modules SAMI (Systèmes d'apprentissage multimédiatisé interactif) sur cédérom, dont 29 ont été intégrés à des cours de niveau universitaire (1er et 2e cycles), 1 au niveau collégial et secondaire V, 4 au niveau primaire (5e et 6 e années), et 9 ont été produits pour la formation en milieu de travail. Les sujets abordés traitaient, entre autres: des soins infirmiers aux personnes âgées, de la grossesse ectopique, des stratégies cognitives, des composantes du message, de la correction orthographique, de l'analyse musicale, de l'apprentissage du japonais, des sciences de la nature.
Le groupe de recherche compte plus d'une cinquantaine de membres, dont près de la moitié sont des étudiants chercheurs de 2e cycle en technologie éducative. Il comprend de plus 6 étudiants au doctorat et 5 diplômés à temps plein (qui y travaillent à titre de technologues, chercheurs et développeurs). Cinq professeurs-chercheurs de l'Université Laval en font partie, de même que huit autres confrères provenant d'Europe et des États-Unis. Soulignons que le GRAIM s'est associé à d'autres laboratoires, dont un est situé au Québec, trois en France, un en Belgique et un autre au Brésil.