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10 avril 1997 ![]() |
Conseil universitaire
À la séance du Conseil universitaire, qu'il présidait pour la dernière fois le 2 avril dernier, le recteur de l'Université Laval, Michel Gervais, a tenu à exprimer aux membres du Conseil et à la communauté ses remerciements et ses voeux. On trouvera ici l'essentiel de son témoignage.
"C'est aujourd'hui la dernière séance du Conseil universitaire à laquelle participe le Secrétaire général de l'Université, monsieur Jacques Genest. Pendant quinze ans, assisté de collaborateurs et de collaboratrices dévoués et compétents, monsieur Genest a été le principal artisan et la cheville ouvrière des séances du Conseil de l'Université qui a été relayé par le présent Conseil pour les questions dites "académiques" et par le Conseil d'administration pour les questions administratives.
Cette tâche de soutien aux instances décisionnelles n'est pas la seule responsabilité du Secrétaire général, tant s'en faut. Qu'il suffise de penser qu'il lui incombe aussi d'encadrer et de soutenir tout ce qui est relié à la responsabilité juridique centrale de l'Université: attester devant la société de la compétence des étudiants et des étudiantes par l'octroi d'un diplôme. Il n'en demeure pas moins que, dans une institution comme la nôtre (par définition, une sorte d'anarchie qu'il faut organiser), tout ce qui a trait à la préparation, à la formulation, à la mémoire, à la diffusion et à la mise en oeuvre de nos décisions collectives revêt une importance capitale.
Cette tâche de soutien aux instances, le Conseil de l'Université et le Conseil exécutif, puis le Conseil d'administration, le Conseil universitaire et le Comité exécutif, Jacques Genest l'a accomplie pendant quinze ans d'une manière remarquable à tous égards et chacun d'entre vous a pu admirer sa compétence, le degré de sa préparation aux séances du Conseil, son respect de cette institution et de ses membres, sa franchise et son dévouement, toutes qualités qui ont fait de lui un des plus grands serviteurs de cette université et pour lesquelles je vous prie de l'applaudir avec moi. En votre nom à tous, je souhaite à monsieur Genest une retraite longue et heureuse. Je souhaite aussi à celui qui sera le secrétaire de votre prochaine séance, monsieur André C. Côté, un très fructueux mandat.
Pour ma part, je ne prends pas ma retraite, mais c'est, pour moi aussi, la dernière participation au Conseil universitaire. J'aurais tant de choses à vous dire, mais je vais me limiter à trois.
D'abord, une constatation et un message: l'Université Laval est devenue une des grandes universités de recherche canadiennes, grâce notamment aux jeunes professeurs qu'elle a engagés et auxquels vous devrez faire plus de place. Laval est une institution cardinale, un pivot, non seulement du Québec et du Canada français, mais de la francophonie mondiale. Mais cette grande institution, cet "Alma mater", est aujourd'hui menacée d'une façon que je n'aurais jamais pu imaginer quand j'en ai pris la direction. Deux vertus seront, dans ce contexte, indispensables:
- la solidarité: il nous faudra, plus encore que par le passé, nous serrer les coudes, braver ensemble la tempête dans l'espoir de garder le navire à flot pour de nouvelles aventures;
- la capacité d'adaptation, mieux encore: la volonté de changement. Quelqu'un a dit récemment: "Quand le changement qui se produit à l'extérieur d'une organisation est plus important que celui qui se produit à l'intérieur, cette organisation est menacée."
L'Université Laval doit rester fidèle à elle-même et à sa tradition, certes, mais elle devra surtout être capable de changement et d'adaptation. Ne résistez pas au changement: accueillez-le et même, provoquez-le ensemble!
La deuxième chose que je voudrais vous dire, c'est que je vous suis extrêmement reconnaissant de l'appui que vous m'avez accordé au cours des dix dernières années. Je crois que l'Université Laval est aujourd'hui une meilleure université qu'elle n'était il y a dix ans. C'est grâce à vous tous et toutes les professeurs, les étudiants, les employés, les administrateurs qu'elle a connu ce progrès. Je vous en rends hommage avec admiration et reconnaissance. Je remercie de façon toute particulière les personnes qui m'ont assisté dans mon propre bureau, mesdames Marie-Claire Lepage, Christiane LeBel et Lucille Paré, monsieur Ghislain Plamondon, mes adjoints messieurs Claude Morency et Yves M. Giroux, mes collaborateurs immédiats les vice-recteurs et vice-recteurs adjoints, les Pierre De Celles, Jean-Claude Méthot, Elise Paré-Tousignant, puis les Benoît Dumais, Denis Gagnon, Jean Lemieux, Louise Milot, Jacques Samson et Alain Vinet qui m'ont tous appuyé avec une indéfectible loyauté et un dévouement sans bornes.
Vous ne m'en voudrez pas de remercier de façon très spéciale celui qui, avec une générosité, une intelligence, une compétence hors du commun, a été mon plus proche collaborateur depuis huit ans, le Vice-recteur exécutif, Jacques Racine. Ces huit années de très dur labeur partagé n'ont fait que consolider une amitié vieille de plus de trente ans.
Enfin, pour exprimer le principal sentiment qui m'anime aujourd'hui, je ne pouvais faire mieux que de vous citer un extrait de L'abatis, ouvrage publié sous le nom de Félix-Antoine Savard, professeur à l'Université Laval. Le passage que je veux vous citer est tiré du chapitre intitulé "Les oies sauvages".
" Elles s'avancent par volées angulaires, liées ensemble à l'oie capitale par un fil invisible. Inlassablement, elles entretiennent cette géométrie mystérieuse, toutes indépendantes, chacune tendue droit vers sa propre fin, mais, en même temps, toutes unies, toutes obliques, sans cesse ramenées, par leur instinct social, vers cette fine pointe qui signifie: orientation, solidarité, pénétration unanime dans le dur de l'air et les risques du voyage.
C'est une démocratie qu'il nous serait utile d'étudier pour le droit et ferme vouloir collectif, pour l'obéissance allègre à la discipline de l'alignement, pour cette vertu de l'oie-capitaine qui, son gouvernement épuisé, cède à une autre, reprend tout simplement la file, sans autre préoccupation que sa propre eurythmie, sans autre récompense que le chant de ses ailes derrière d'autres ailes et la victoire de l'espace parcouru. "