21 novembre 1996 |
Les étudiantes et les étudiants des trois cycles de l'Université Laval ne se joindront pas au mouvement de grèves amorcé dans les collèges et cégeps du Québec, il y a quelques semaines, pour protester contre le dégel des frais de scolarité.
Bien qu'ils soient loin d'approuver dans son entièreté la série de mesures annoncées par la ministre de l'Éducation, Pauline Marois, visant à se rapprocher des revendications étudiantes, les représentants des diverses associations membres de la CADEUL et de l'ÆLIÉS ont tout de même convenu d'annuler le vote de grève qui devait être pris hier, mercredi 19 novembre, à l'occasion d'une assemblée générale spéciale, dans le stade couvert du PEPS. Ils ont aussi décidé de reporter à l'hiver la tenue d'une journée d'étude sur le financement des études universitaires.
Gel et refonte
La ministre Pauline Marois a indiqué, lundi, que le gel des frais
de scolarité aux niveaux collégial et universitaire serait
acquis jusqu'à la prochaine élection. Elle a par contre rendu
public un train de modifications au système actuel, dont certaines
affectent directement le monde universitaire.
Parmi celles-ci, signalons: une majoration importante des droits de scolarité pour les étudiants étrangers inscrits dans les universités québécoises; l'abolition du programme de remise de dette pour les étudiants terminant leurs études de 2e et de 3e cycle dans les délais qui leur sont impartis; l'établissement de plafonds de prêts pour chaque cycle d'enseignement (à l'université: de 25 à 30 000 $ au 1er cycle et de 45 000 $ au 3e cycle).
De la prudence à la dénonciation
"Les étudiants de l'Université Laval se réjouissent
de l'annonce du gel des frais de scolarité mais considèrent
qu'une partie de la bataille seulement est gagnée." Pour Vicky
Trépanier, présidente de la Confédération des
associations d'étudiants et d'étudiantes de l'Université
Laval, il faut maintenant s'attaquer au régime d'aide financière.
C'est ce que feront, du reste, les représentants des associations étudiantes qui siégeront au sein des comités mis sur pied par la ministre et qui se pencheront sur l'aide financière et sur le financement des universités, assure-t-elle. "Le projet de loi cadre proposé par les étudiants à la ministre y sera défendu comme étant une des solutions fondamentales pour garantir l'accessibilité", déclare la présidente de la CADEUL.
Le ton emprunté par l'Association des étudiantes et des étudiants de Laval inscrits aux études supérieurs se fait, quant à lui, dénonciateur. "L'ÆLIÉS ne se réjouit pas des annonces de la ministre Marois, bien au contraire. Bien que le gel des frais universitaires soit maintenu, l'élimination du programme, qui convertissait 25 % des prêts en forme de bourses si les délais de diplomation étaient courts, fait très mal aux 6 300 étudiants de cycles supérieurs. Aussi, l'augmentation importante des frais de scolarité des étudiants non québécois est dénoncée, puisqu'elle touche près de 30 % des étudiants de 2e et 3e cycles à Laval", commence le communiqué de l'association.
La ministre Pauline Marois a cédé aux pressions des associations étudiantes sur la question des frais de scolarité, acquiesce Sébastien Dumas, président de l'ÆLIÉS. Mais il s'agit, selon lui, d'un important recul sur la place de l'éducation dans les priorités du gouvernement: "Nous ne considérons pas ces annonces come un gain, puisque l'on ne réitère que les engagements déjà pris en campagne électorale (le gel des frais de scolarité) pour jeter de la poudre aux yeux, alors que l'on ajoute une série de mesures sournoises qui ont un effet tout aussi important sur la condition financière des étudiants, et l'on maintient les coupures financières dans le monde de l'éducation", juge-t-il.
La période des examens
Lors de sa conférence de presse du lundi 18 novembre, rappelons-le,
la ministre de l'Éducation a aussi annoncé la création
de deux groupes de travail.
Un groupe d'experts sera chargé d'examiner les modalités de remboursement de la dette étudiante. Son mandat consistera à se pencher sur les façons d'alléger le remboursement de la dette étudiante, en tenant davantage compte de la capacité de payer des emprunteurs. Il devra déposer son rapport au ministère pour le 30 avril 1997.
Le Groupe de travail sur le financement des universités regardera, pour sa part, les règles actuelles du financement gouvernemental des universités et fera à leur sujet "toute recommandation qui lui paraîtra à propos pour favoriser à la fois la diminution des coûts et le soutien stratégique des impératifs liés à l'accroissement de la dilomation, à la diminution des temps de diplomation, à la valorisation des fonctions d'enseignement et d'encadrement des étudiants, de même qu'à un engagement en recherche renforcé et conforme à la mission propre de l'Université". Le groupe doit remettre son rapport au plus tard le 30 mars 1997.