17 octobre 1996 |
Chaque journée de la vie d'Isabelle Gagnon est un triathlon jouissif
Au début du mois de septembre, Isabelle Gagnon enlevait les honneurs de la 27e édition des 10 kilomètres de l'Université Laval, chez les femmes. Tout un exploit, quand on pense que l'athlète participait pour la première fois de sa vie à une épreuve consacrée à la course à pied. Qui plus est, cette étudiante à la maîtrise en sciences de l'activité physique fait du sport de compétition depuis deux ans à peine.
«J'ai toujours pratiqué le vélo ou la natation, mais jamais de façon sérieuse», explique Isabelle Gagnon, qui a attrapé la piqûre du sport au cours de sa deuxième année de baccalauréat. «En fait, c'est en voyant les membres du Club de triathlon de l'Université s'entraîner au PEPS que j'ai pensé que le sport de compétition était peut-être fait pour moi.»
Son intuition ne l'aura pas trompée: l'été dernier, cette grande et belle fille aux cheveux d'ébène remportait coup sur coup les épreuves de triathlon du Lac Beauport et du Lac Brôme, chez les femmes. En clair, cela veut dire une course à la montre divisée en trois temps: 1,5 km de natation, 40 km de vélo et 10 km de course. «En sortant de l'eau, il faut déjà être prêt à enfourcher son vélo, raconte Isabelle Gagnon. Après le vélo, on change de chaussures et on repart à la course, c'est le cas de le dire. Tout est chronométré, du début à la fin. Le mot d'ordre est: ne perdons pas de temps!»
Action «non stop»
Il existe d'autres formules de triathlons, comme le «Demi Iron Man»,
qui, comme son nom l'indique, s'adresse aux «costauds»: 2 km de
natation, 90 km de vélo et 20 km de course. Ou encore le «Iron
Man» où, cette fois, le kilométrage du demi est doublé.
Encouragée par sa première place au «Demi Iron Man»
de Sainte-Agathe-des-Monts cet été, Isabelle Gagnon compte
participer à l'épreuve du «Iron Man», dès
l'an prochain. Toute une gageure quand on sait que très peu de femmes
s'inscrivent à ces compétitions exigeant des nerfs d'acier
et beaucoup d'endurance. Qu'à cela ne tienne, cette dame de fer a
le vent dans les voiles, visant même les Jeux Olympiques de l'an 2000:
«Quand je vois ma progression depuis le début, je me dit que
j'ai peut-être des chances d'être sélectionnée...»
En fait, une journée dans la vie d'Isabelle Gagnon s'apparente à un véritable marathon où les pauses s'avèrent plutôt rares. Levée dès 5 h du matin, elle plonge dans la piscine du PEPS quelques minutes plus tard, travaillant d'arrache-pied à améliorer son point faible au triathlon: la natation. Selon son horaire d'étudiante, elle assiste à ses cours ou poursuit des recherches au Laboratoire de recherche en biologie de l'activité physique (LARBAP). Après un entraînement d'environ une heure et demie au vélo ou à la course en milieu d'après-midi, on la retrouve à la salle d'entraînement du PEPS, où elle occupe la fonction de monitrice. Périodiquement, elle donne des cours d'éducation physique à des personnes handicapées.
Droguée du sport
«La seule chose que je ne fais pas au PEPS, c'est dormir», plaisante
la jeune femme, qui estime que «plus on en fait, plus on a le goût
d'en faire». Respectant grosso modo cet horaire spartiate du mois d'octobre
au mois d'août, entraînement oblige, elle s'accorde une journée
de repos par semaine, durant laquelle elle confie avoir des fourmis dans
les jambes. Pour Isabelle Gagnon, faire du sport et s'entraîner représentent
en effet une philosophie de vie: «J'ai toujours aimer bouger. C'est
une drogue dont j'arrive difficilement à me passer.»
Parmi les qualités que doit posséder une bonne sportive, Isabelle Gagnon nomme la persévérance, le sens de l'entraide et du dépassement de soi. Mais le plus important demeure encore de savoir perdre, croit-elle. Et bien qu'elle nage, pédale et courre en visant toujours la première place au peloton, l'essentiel est d'être satisfaite d'elle-même. «Ce n'est pas toujours facile de quitter son lit aux petites heures du matin pour aller s'entraîner. Mais bon, on y va parce qu'on sait que c'est ce qu'on a à faire. Quand on commence quelque chose, il faut toujours le mener à terme.»