17 octobre 1996 |
Le coeur et le l'esprit seraient-ils reliés par une corde sensible
à l'attention que les autres nous portent? On pourrait le croire
en prenant connaissance des conclusions tirées par les chercheurs
Donna Anderson, Gilles Deshaies (Sciences de l'éducation) et Jean
Jobin (Médecine, Hôpital Laval) qui ont passé en revue
51 études réalisées entre 1979 et 1994 sur le rôle
du soutien social dans la réadaptation des patients atteints de maladies
coronariennes.
«Les personnes qui bénéficient d'un soutien social sont
moins susceptibles d'être victimes de maladies, font moins de rechute,
moins de dépression et d'anxiété et vivent plus longtemps
que celles qui bénéficient de moins de soutien. Le soutien
social et les réseaux sociaux pourraient avoir une influence importante
sur la vitesse et la qualité de la réadaptation à la
suite d'un infarctus du myocarde», concluent-ils dans le numéro
d'août de la Revue canadienne de cardiologie.
La chimie du soutien
Le soutien social prend différents visages qui ont en commun les
rapports que les patients entretiennent avec leur milieu. Il peut s'agir
de membres de la famille, d'amis, du personnel soignant ou de quiconque
soutient ou accompagne le patient à travers sa maladie. La façon
dont opère la magie du soutien social alimente encore les discussions
entre scientifiques. L'amalgame des dimensions information, émotions,
interactions sociales positives complique la compréhension du phénomène.
«Le soutien social peut agir comme tampon pour assourdir le stress
ou il peut influencer directement différents mécanismes psycho-physiologiques»,
explique Jean Jobin.
À défaut de comprendre parfaitement la chimie de cette recette
gagnante, les chercheurs estiment qu'il faut au moins en connaître
les principaux ingrédients de façon à en tirer tout
le profit possible. C'est pourquoi, disent-ils, il faudrait identifier les
types de soutien fonctionnel les plus importants en réadaptation
suite à un infarctus du myocarde ou à un pontage coronarien.
«Ceci permettrait le développement de programmes qui mettraient
l'emphase sur ces fonctions. Des interventions pourraient aussi être
faites auprès des groupes de soutien naturel afin de les sensibiliser
au type de soutien dont les patients ont particulièrement besoin.»
Vers des programmes complets?
Enfin, dans les cas où des patients ont peu ou pas de soutien social
de leur entourage immédiat, les programmes de réadaptation
en groupe constituent une soupape d'un grand secours, surtout s'ils s'attardent
aux dimensions physiques et morales. Les patients peuvent alors profiter
du soutien provenant des enseignements dispensés par l'équipe
de réhabilitation et trouver des appuis émotifs, de la motivation
ou des interactions sociales positives auprès des autres participants
inscrits au même programme.
«Présentement, il y a des efforts louables qui sont faits pour
aider les patients mais il n'y a pas de programmes complets de réadaptation
bien structurés au Québec, déplore Jean Jobin. Le programme
de réadaptation de l'hôpital Laval ne rejoint encore que 10
% des malades de l'hôpital et à peine 2 % des patients de toute
la région de Québec. Le problème risque de subsister
tant que des médecins vont continuer à croire que les patients
peuvent se réadapter par eux-mêmes.»
Jean Hamann