16 novembre 1995 |
Le Groupe gai de l'Universit� Laval existe depuis 17 ans mais beaucoup de membres de la communanut� homosexuelle continuent � faire tapisserie sur le campus.
Bien qu'on entende peu parler de ses activit�s, le GGUL (Groupe gai de l'Universit� Laval) est une association �tudiante reconnue au sein de l'Universit� depuis 17 ans. Comptant une quarantaine de membres, elle se compose de gais et de lesbiennes issus de toutes les facult�s. � tous les 15 jours, ces �tudiants se r�unissent pour discuter de diff�rents th�mes reli�s � l'homosexualit�. Au printemps prochain, le GGUL compte augmenter sa visibilit� par la cr�ation d'un local permanent afin de donner des services r�pondant plus ad�quatement � la population homosexuelle de l'Universit�.
�Les pr�jug�s envers la population homosexuelle sont encore bien tenaces�, explique le tr�sorier du Groupe Gai, Claude B. Les gais de l'Universit� n'osent pas s'afficher ouvertement, pr�f�rant vivre � l'ombre de leur choix.� Ayant choisi d'assumer son homosexualit�, cet �tudiant en droit r�pugne cependant � donner son nom au complet, �prouvant un certain malaise � �tre �reconnu�. �Je n'ai pas encore effectu� ma "sortie du placard", s'excuse-t-il presque. En d'autres termes, Claude B. se sent encore un peu � l'�troit dans sa peau de gai et souhaite �voluer � son propre rythme.
En fait, s'il a cogn� � la porte du Fil, c'est essentiellement pour dire � tous les �tudiants homosexuels - qu'ils aient commenc� � s'affirmer comme tels ou non - qu'il existe un groupe sur le campus o� ils peuvent rencontrer des personnes vivant la m�me r�alit� et �changer sur les concepts fondamentaux de l'existence. �Car le seul moyen de sortir de l'isolement, c'est d'en parler.� Mais alors, pourquoi ne pas mettre les cartes sur table et informer une fois pour toutes parents et amis de son orientation sexuelle? � cela, Claude B. r�pond qu'il ne voit pas pourquoi les gais devraient clamer haut et fort leur homosexualit�, alors que les h�t�rosexuels, eux, ne se sentent pas oblig�s de manifester leur all�geance. �Ce sont des choses qu'on souhaite annoncer personnellement.�
Un monde � part
� l'Universit�, la communaut� homosexuelle se fondrait dans la masse et bien malin serait celui qui pourrait reconna�tre les �tudiants concern�s, selon Claude B.. En dehors du campus toutefois, la vie reprend ses droits, si on peut dire, et les gais de l'Universit� se m�lent � la population homosexuelle de la ville, fr�quentant les m�mes bars et discoth�ques. Avec pour r�sultat que le lundi matin, les �tudiants gais rentrent dans l'ombre, pendant que leurs compagnes et compagnons de classe se racontent en long et en large leur fin de semaine. �C'est une vie parfois difficile, avoue Claude B. Notre situation va toujours attirer des pr�jug�s.�
Parmi ces pr�jug�s qui ternissent en quelque sorte l'image des gais, figure l'id�e selon laquelle ceux-ci seraient �des b�tes de sexe constamment inassouvies� incapables de se contenter d'un seul partenaire. Sur le plan de la discrimination, les gais en prendraient �galement pour leur rhume: ainsi, Claude B. s'est d�j� vu refuser le droit de donner du sang � la Croix-Rouge. �C'est pas parce que t'es gai que t'as forc�ment le sida�, lance -t-il. Portant un regard lucide et humoristique sur sa condition, Claude B. souligne que le fait d'�tre gai lui a permis d'aborder la r�alit� sous un angle diff�rent et d'�tre plus ouvert d'esprit. �Je n'ai pas fait le choix d'�tre gai, je suis comme cela. Car on ne peut pas choisir de vivre dans la marginalit�, quand on conna�t toutes les difficult�s qui entourent ce choix.�
Ceux et celles qui auraient le go�t d'en savoir plus long sur les activit�s du Groupe gai peuvent t�l�phoner � INGO-GGUL, au 649- 9478.
REN�E LAROCHELLE
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