28 septembre 1995 |
DIPL�M�S
Vibrer de toutes ses cordes
�tudiant en Sciences de l'administration, Jean-Philippe Dussault termine son baccalaur�at en d�cembre. Mais son entreprise fonctionne d�j� rondement.
Il arrive parfois que Jean-Philippe Dussault se lance au t�l�phone dans l'interpr�tation vocale de la Petite musique de nuit, d'une valse de Strauss ou de Tcha�kovski, simplement pour faire comprendre � ses clients que la musique classique ne se limite pas � un r�pertoire herm�tique � appr�cier en cercle ferm�. Depuis deux ans, Les cordes sensibles se prom�nent de mariages en r�ceptions, en passant par les congr�s ou le Festival d'�t� pour interpr�ter de petits concerts ou inviter les participants � danser sur des airs entra�nants. Tout l'art de son chef d'entreprise, �tudiant au baccalaur�at en sciences de l'administration, consiste � mettre en relation les clients avec les musiciens et le r�pertoire appropri�. Il ne reste plus ensuite qu'� laisser la magie de la musique op�rer.
Violoniste depuis l'�ge de quatre ans, Jean-Philippe Dussault souhaitait acqu�rir des connaissances pratiques, tout en poursuivant ses �tudes de premier cycle en administration. L'engagement dans une association �tudiante paraissait un peu trop l�ger aux yeux du musicien qui se d�finit comme tr�s disciplin� et entreprenant. L'id�e de fonder une entreprise, qui concilierait formation acad�mique et passion musicale, est n�e tout simplement d'une rencontre. �En 1990, j'appartenais � l'Orchestre symphonique des jeunes, qui regroupe une trentaine de musiciens, explique le jeune entrepreneur. Une dame nous a demand� de nous d�placer pour aller jouer lors d'une soir�e priv�e. J'ai senti alors qu'il existait un march� encore inexploit�.�
Diffuser la musique
Bien s�r, il existe dans la r�gion de Qu�bec des orchestres de diff�rentes tailles qui jouent sur commande. Mais selon Jean- Philippe Dussault, Les Cordes sensibles offrent surtout l'opportunit� � des jeunes musiciens de l'�cole de musique ou du Conservatoire de faire leurs premi�res armes. Il vise donc essentiellement le public de Monsieur et madame tout le monde et pas forc�ment les grandes salles de concert. Le jeune �tudiant se dit d'ailleurs convaincu de la n�cessit� de retrousser ses manches pour faire conna�tre l'entreprise. Il a ainsi convaincu ses musiciens de quitter l'atmosoph�re feutr�e des salles de pratique pour aller jouer durant un �t� sur la Terrasse Dufferin. �La plupart des clients que nous avons eu par la suite nous avaient d�j� entendu au cours de ces quelques semaines, explique-t-il. En plus, l'argent recueilli nous a permis de rembourser le pr�t contract� aupr�s de la Banque f�d�rale de d�veloppement.�
Pour d�marrer l'entreprise, Jean-Philippe Dussault a en effet b�n�fici� du programme D�FI, destin� aux jeunes entrepreneurs. Ce premier coup de pouce lui a permis de couvrir des frais minimes comme la r�alisation de d�pliants, de cartes d'affaires, l'abonnement � un num�ro de t�l�phone figurant dans les pages jaunes ou sa participation � diff�rents salons comme celui du mariage. Mais en fait, comme il le reconnait lui-m�me, sa meileure carte de visite demeure la prestation des musiciens, car ces derniers �tablissent un contact musical avec des dizaine de clients potentiels, lors de leurs d�placements. Au fil des ans, le jeune entrepreneur a d'ailleurs appris � �tablir des ententes pr�cises avec les �tudiants en musique en puisant abondamment dans ses cours de management du baccalaur�at. �Il faut que je rassemble deux mondes, remarque-t-il, celui des affaires o� la satisfaction du client doit primer et celui de la musique.� Pas facile en effet de demander � des interpr�tes, souvent peu familiers avec la r�alit� du march�, de jouer sans cesse le m�me r�pertoire devant des publics diff�rents.
Le jeune entrepreneur termine son baccalaur�at en administration en d�cembre prochain et souhaite sans doute poursuivre ses �tudes en ma�trise afin de se sp�cialiser un peu plus. �J'esp�re conserver Les Cordes sensibles comme deuxi�me emploi, mais les revenus sont trop fluctuants pour en vivre � plein temps, explique Jean-Philippe Dussault. Par contre, j'estime que cette exp�rience m'aide grandement dans mes d�marches de recherche d'emploi. En fait, cela montre que je suis capable de faire mes preuves.�
PASCALE GU�RICOLAS