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28 septembre 1995 ![]() |
HORTICULTURE
LE POUMON SUR LE TO�T
Une couche v�g�tale accro�t la durabilit� des to�tures et repr�sente un �plus� pour l'environnement urbain.
Les passants qui empruntaient le boulevard Hochelaga, cet �t�, ont pu assister � quelques reprises � une sc�ne assez inhabituelle. Un jardinier passait la tondeuse sur une pelouse situ�e non pas � hauteur du sol, mais sur le to�t du Pavillon des services de l'Universit� Laval..
Il ne s'agissait ni d'un gag, ni du geste d�s�quilibr� d'un maniaque du gazon, mais d'une exp�rience pilote du Centre de recherches en horticulture, men�e en collaboration avec la firme Soprema. Cette entreprise de Drummondville, qui fabrique des rev�tements en �lastom�re pour garantir l'�tanch�it� des toitures, a mis au point une nouvelle technologie utilisant une couche v�g�tale l�g�re et permanente. Marie-Anne Boivin, �tudiante � la ma�trise en biologie v�g�tale, et Blanche Dansereau, professeure au D�partement de phytologie, qui ont suivi la progression des plantations entre ciel et terre, pr�sentaient cette recherche originale lors du Symposium sur les gazons organis� la semaine derni�re � l'Universit� Laval.
Plus de 80 esp�eces
Depuis plusieurs mois, le to�t du Pavillon des services abrite donc deux parcelles exp�rimentales de 230 m�tres carr�s, o� l'on retrouve 85 esp�ces diff�rentes de plantes vivaces, du gazon et de la prairie fleurie. S�lectionn�es � partir de la collection du Jardin Roger-Van den Hende, les vivaces se distinguent surtout par leurs qualit�s rustiques, leur r�sistance � la s�cheresse, et leur capacit� � recouvrir le sol tout en poussant peu en hauteur. L'�quipe de recherche travaille � la compilation de donn�es prenant en compte la temp�rature du substrat de culture, l'indice de radiation et le volume des pr�cipitations. �Cet �t�, le gazon sem� sur le to�t n'a pas jauni, alors que celui des terrains, qui pourtant b�n�ficiait de plusieurs arrosages, a pr�sent� des signes de s�cheresse, remarque Blanche Dansereau. Cela s'explique sans doute par le fait que le substrat de la toiture v�g�tale retenait bien l'eau.�
Adieu papier noir et goudron
La toiture Sopranature, encore en p�riode de test, ne transforme pas pour autant le sommet des �difices en �ponge ou en mar�cage. En fait, Soprema remplace le papier noir et les nombreuses couches d'asphalte, qui recouvrent bien des to�ts au Qu�bec, par une seule membrane �tanche revouverte d'une toile filtrante retenant le substrat o� poussent les vivaces ou le gazon. Ce syst�me permettrait, selon ses fabriquants, de prolonger la dur�e de vie de la toiture mais offre surtout l'avantage de cr�er un espace vert en pleine ville. �Le gazon peut fixer les particules de poussi�re contenues dans l'atmosp�re et, d'autre part, lib�re de l'oxyg�ne�, remarque Marie-Anne Boivin.
Des toitures �quivalentes � celle commercialis�e par Soprema existent d�j� depuis une trentaine d'ann�es en Europe, en particulier en France et en Allemagne o� les citadins se montrent particuli�rement sensibles � l'am�lioration de l'environnement. Selon les chercheurs, la culture du gazon ou de plantes en ville peut contribuer �galement � la r�duction de la pollution caus�e par les rejets d'eau de ruissellement. � la diff�rence du b�ton ou du bitume, la couverture v�g�tale aborbe en effet les eaux de pluie, ce qui r�duit l'utilisation des �go�ts pluviaux, tr�s souvent satur�s. Bref, les utilisations du carr� vert plant� au sommet des maisons et des b�timents paraissent aussi nombreuses que les brins d'herbe dans le pr�.
PASCALE GU�RICOLAS
Marie-Anne Boivin termine son m�moire de maitrise sur l'�valuation de la toiture v�g�tale Sopranature