2 novembre 1995 |
COOP�RATION
Un �t� au Nicaragua
La premi�re r�vait de voir la jungle. La seconde de visiter l'Afrique. La troisi�me, d'aller voir ailleurs. Leurs r�ves se sont crois�s il y a un an et les ont conduites loin de l'Afrique. Pas exactement dans la jungle, mais d�finitivement �ailleurs�.
Cynthia Genest et Chantal Paquet, �tudiantes finissantes en foresterie, et Christine Bri�re, �tudiante de premi�re ann�e en science politique, ont v�cu et go�t� l'�t� dernier trois mois intenses de coop�ration internationale en agro-foresterie dans de petites communaut�s du Nicaragua. Elles faisaient partie d'un groupe de sept jeunes Qu�b�cois qui avaient relev� l'invitation lanc�e par deux petites organisations non gouvernementales, Interface For�t au Qu�bec et la Sociedad Agroecologica Kati Raya (nouvelle lune) au Nicaragua, de faire mentir l'attitude du �chacun pour soi� en participant � un projet de coop�ration internationale. Et elles ne regrettent rien.
Onze au d�part
Leur aventure commence � l'automne 1994 alors qu'elles entendent parler pour la premi�re fois de l'existence de ce programme. Au d�part, 11 jeunes enthousiastes de partout au Qu�bec r�pondent � l'appel. Mais la premi�re emb�che sur la route menant au Nicaragua menace de faire d�raper le projet. �Jeunesse Canada Monde investissait 14 000 $ et nous devions trouver l'autre 14 000 $�, raconte Cynthia Genest, pour qui cette recherche de fonds a �t� plus p�nible que tous les scorpions qui ont r�d� autour de son lit au Nicaragua. D�but mars, la lev�e de fonds ne l�ve pas et l'effet abrasif du temps fait son oeuvre sur l'enthousiasme des troupes: quatre membres du groupe disparaissent dans la brume. Ceux qui restent, six femmes et un homme, prennent les bouch�es doubles, frappent aux portes de tout ce qui s'appelle gouvernements, compagnies, communaut�s religieuses et clubs sociaux pour finalement d�goter l'indispensable 14 000 $. Nicaragua ,les voil�.
Du 30 mai au 24 ao�t, chacune dans une famille d'accueil, elles ont partag� la vie et les repas des paysans, des plats le plus souvent compos�s de f�ves rouges. Avec eux, elles ont travaill� � un projet de reboisement, � la culture exp�rimentale d'une plante l�gumineuse agissant comme engrais naturel ainsi qu'� un programme de compostage, trois projets qui se voulaient des r�ponses aux besoins des paysans. En effet, le bois, utilis� comme combustible de cuisson, se fait rare � proximit� des communaut�s, d'o� l'urgence de faire du reboisement. Par contre, le projet de compostage s'est r�v�l� moins bien adapt� puisqu'il n'y avait rien � composter, dit Chantal Paquet, les restes de table et les parties non utilis�es des plantes servant d�j� � l'alimentation des animaux. �On a modifi� le projet en organisant un concours de collecte de contenants vides de plastique, raconte Christine Bri�re. L'�cole qui ramassait le plus de contenants avait droit � une f�te organis�e par nous. �a a tr�s bien fonctionn� et c'est le projet dont nous sommes le plus fi�res.�
L'envie de repartir
Le bilan de l'aventure? Pour Chantal Paquet, le stage aura �t� une occasion de s'ouvrir � la culture des Nicaraguayens, de s'initier � leurs pratiques agro-foresti�res et, sur une note un peu moins positive, de d�couvrir la difficile condition des paysannes. �Je reviens convaincue qu'on a fait quelque chose de bien et que nos �changes avec eux leur ont aussi ouvert une fen�tre sur le monde.� Y retourner? �Peut-�tre un jour mais comme touriste, pas pour y travailler�. Prochaine destination?
L'appel de l'Afrique se fait plus pressant que jamais pour cette jeune femme qui donne dans les percussions et la danse africaine.
L'�t� pass� au Nicaragua n'a pas tari le go�t d'aller voir ailleurs que ressent Christine Bri�re. �Trois mois, c'est vraiment trop court, conclut-elle. Je commen�ais tout juste � �tre bien. Je veux continuer � faire de la coop�ration internationale, au Nicaragua ou ailleurs.� �L'exp�rience a confirm� mon int�r�t pour la foresterie sociale, r�pond pour sa part Cynthia Genest. Je retournerais bien au Nicaragua, mais � condition d'�tre en charge de mon propre projet cette fois.� Tout en terminant son m�moire de fin d'�tudes, elle pr�pare d�j� son prochain p�riple qui la conduira, r�alit� oblige, dans la jungle du march� du travail.
JEAN HAMANN
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