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9 mars 1995 ![]() |
Colloque sur la politique �trang�re canadienne Parce que l'ONU ne peut tout faire
Les strat�ges canadiens proposent d'am�liorer son syst�me d�cisionnel pour les op�rations de maintien de la paix.
M�me si la diffusion r�cente de vid�os d'inititiation militaire et le proc�s en cour martiale de casques bleus canadiens pour leurs agissements en Somalie ont quelque peu terni l'image des �soldats de la paix�, il reste que la politique de maintien de la paix fait l'unanimit� au pays. Comme l'a rappel� r�cemment Albert Legault, directeur du programme de recherches sur la d�fense et la s�curit� internationale � l'Institut qu�b�cois des hautes �tudes internationales, �au Canada, tout le monde couche dans le m�me lit.� Le professeur de science politique s'exprimait dans le cadre d'un colloque sur la politique �trang�re canadienne � la lumi�re du rapport du comit� mixte sp�cial du S�nat et de la Chambre des communes, organis� conjointement par l'Institut, qui loge � l'Univversit� Laval, et la Soci�t� qu�b�coise de droit international.
Dans sa pr�sentation, Albert Legault a soulign� que les sondages d'opinion confirment sans cesse l'attachement des Canadiens au r�le de maintien de la paix jou� par le Canada. Dans un monde largement domin� par les Am�ricains, il existe � vrai dire peu d'autres mani�res de se d�marquer du puissant voisin du Sud, tout en lui rendant service. Albert Legault a ainsi rappel� avec un brin d'ironie que l'accord canado-am�ricain sur l'automobile r�sulte sans doute d'un service rendu par le premier ministre canadien au pr�sident am�ricain Johnson � Chypre. Traditionnellement, le Canada pr�f�re les r�glements pacifiques aux conflits et n'aime pas la course aux armements. Une orientation qui correspond d'ailleurs � ses capacit�s militaires car le pays n'a pas vraiment les moyens de faire une guerre.
R�former le syst�me de d�cisions de l'ONU
Albert Legault a expliqu� que le Canada soutient le projet d'�largissement du Conseil de s�curit� de l'ONU aux deux grands exclus de la derni�re guerre, l'Allemagne et le Japon, afin de d�passer l'�quilibre des forces d�fini lors de l'accord de Yalta en 1945. Mais les exemples r�cents rwandais ou somalien d�montrent clairement que le syst�me d�cisionnel de l'organisation mondiale traverse une grave crise. Les strat�ges canadiens viennent donc de concocter un projet qui pourrait am�liorer le processus de prise de d�cision, dont Albert Legault a pr�sent� les pr�mices.
Baptis� CAR, pour Capacit� d'Action Rapide, ce projet vise � am�liorer la formation de militaires et de civils et � mettre en place une base du maintien de la paix � Cornwallis, en Nouvelle- �cosse. �L'ONU n'est pas capable de fonctionner seule, explique Albert Legault. Un quartier g�n�ral militaire pourrait �tre cr�� � New-York ou ailleurs pour effectuer la planification militaire et former des troupes �ventuelles fournies par les �tats.�
Michael Kirgin, sous-ministre adjoint au Minist�re des Affaires �trang�res et du commerce international, a confirm� au cours de ce m�me colloque la pr�f�rence du Canada pour les solutions multilat�rales. �Nous avons choisi l'engagement plut�t que la neutralit� contrairement � d'autres pays comme la Su�de, explique le haut fonctionnaire. Apr�s la chute du Mur de Berlin, le pouvoir a �t� redistribu�. Certaines menaces traditionnelles ont � nouveau ressurgi, comme les conflits ethniques, les nationalismes exacerb�s...�
Selon Michael Kirgin, le Canada, dont les valeurs s'appuient sur la justice sociale et le pluralisme, doit s'attaquer aux sources de l'instabilit� pour aider � la r�solution pacifique de diff�rends. Et se pr�occuper non seulement de la s�curit� en Europe, mais �galement en Am�rique Latine, en Asie et ailleurs dans le monde. Cette volont� affich�e de s'impliquer davantage dans la diplomatie pousse le Canada � participer � certains forums r�gionaux comme l'Association des nations de l'Asie du Sud-est, l'Organisation des �tats d'Am�rique ou l'Organisation de l'Unit� Africaine. Tout simplement pour pr�venir d'�ventuels conflits � la source. Car encore une fois, comme l'a rappel� Michael Kirgin, �l'ONU n'a pas les moyens de tout faire.�
PASCALE GU�RICOLAS
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