27 avril 1995 |
Virage aux Presses
En sabrant dans les d�penses, mais pas dans la qualit� qui a fait leur r�putation, les Presses de l'Universit� Laval veulent maintenant rejoindre un public plus large, travaillent � am�liorer la diffusion de leurs ouvrages et explorent les possibilit�s ph�nom�nales offertes par les nouvelles technologies de l'information.
Depuis presque un an, les Presses de l'Universit� Laval ont fait peau neuve en passant du statut de service attach� � l'Universit� � celui d'une corporation autonome g�r�e par un conseil d'administration. Ces changements administratifs ont des r�percussions sur la politique �ditoriale de cette maison d'�dition de qualit�, bien d�cid�e � se battre pour conserver sa place sur le march� du livre et m�me � �largir son influence. Cette volont� clairement affich�e de conqu�rir un nouveau public se traduit notamment par l'exploration de nouveaux modes de support comme le r�seau Internet, par une politique de recrutement d'auteurs universitaires � l'ext�rieur de l'Universit� Laval, ou encore une meilleure diffusion des ouvrages produits. Tout cela en conservant la mission premi�re de la maison d'�dition, celle de participer activement au rayonnement de l'Universit� Laval et de publier des ouvrages de tr�s grande qualit�.
�Il nous faut veiller � maintenir un �quilibre entre la diffusion restreinte de livres savants, tr�s pointus, et la production d'ouvrages plus Xgrand publicX, explique �dith Deleury, pr�sidente du Conseil d'administration des PUL et professeure � la Facult� de droit. Certains livres co�tent plus cher que d'autres � produire et nous devons veiller � notre budget.�
Production � la hausse
Les Presses ont, ainsi, augment� consid�rablement leur production en passant d'une moisson annuelle de 28 � 30 livres � une cinquantaine aujourd'hui. Une expansion qui n'a pas nui � la qualit� des livres diffus�s, selon Denis Vaugeois directeur des PUL, bien au contraire: �Nous essayons de diversifier notre production, souligne-t-il, en publiant des ouvrages d'actualit� comme la traduction fran�aise de l'ouvrage de l'universitaire anglophone Robert Young, La s�cession du Qu�bec et l'avenir du Canada. Les Presses continuent aussi � diffuser certains actes de colloque, mais nous demandons souvent alors aux organisateurs d'en acheter une partie.�
Les PUL s'efforcent donc d'aller chercher davantage de manuscrits en encourageant les membres du Conseil d'administration et du Comit� �ditorial � rechercher la perle rare. L'�diteur envisage aussi de solliciter certains auteurs susceptibles d'apporter leur point de vue � partir de besoins bien identifi�s. Cette ouverture marqu�e en direction des livres Xgrand public^ de qualit� s'accompagne �galement d'un effort accru pour am�liorer la visibilit� de la maison d'�dition. Ainsi, quelque 250 librairies re�oivent syst�matiquement la production qui sort des Presses, tandis qu'un nombre important d'autres vendeurs se tiennent � jour par le catalogue. Depuis peu, un bureau bas� � Montr�al se charge d'organiser des rencontres de presse pour les livres susceptible d'int�resser les m�dias, alors qu'auparavant les PUL se contentaient de leur envoyer des d�pliants. �Les Presses de l'Universit� Laval ne sont pas synonymes uniquement de livres difficiles et tr�s savants, mais d'un �diteur pr�sent, attentif aux questions de l'heure�, pr�cise Denis Vaugeois.
D�penses � la baisse
D'autre part, la restructuration des PUL se traduit par une s�v�re r�duction des d�penses. Comme le pr�cise le directeur, chaque tarif se n�gocie �prement. Les Presses ont ainsi troqu� un �diteur belge pour un �diteur fran�ais dans le cas de la co�dition d'un ouvrage classique de biologie, plut�t que d'accepter un tarif trop �lev�. De la m�me fa�on, certains livres b�n�ficient d'aides financi�re additionnelles. Une s�rie sp�ciale sur l'Histoire de Charlevoix , r�dig�e par Jean Des Gagniers, a ainsi �t� acquise par sa famille, tandis que l'Histoire de l'Universit� Laval, de Jean Hamelin, b�n�ficiait d'une importante commande de l'Association des dipl�m�s de l'Universit�.
Pour parvenir � �quilibrer son budget et se maintenir sur le march� tr�s comp�titif de l'�dition, la Corporation a d� revoir � la baisse ses d�penses en personnel. Une grande partie des employ�s qui b�n�ficiaient d'un statut permanent � l'Universit� Laval a pr�f�r� r�int�grer la structure universitaire tandis que le reste du personnel, qui ne b�n�ficie pas d'une garantie d'emploi, travaille surtout � temps partiel. Comme bien d'autres �diteurs, les Presses font appel fr�quemment � des pigistes ou m�me � des sous-traitants pour des ouvrages tr�s sp�cialis�s. �Nous maternons moins nos auteurs, pr�cise Denis Vaugeois. Le comit� �ditorial examine le manuscrit puis adresse ses recommandations. C'est ensuite � l'auteur de l'ouvrage de d�cider s'il veut refaire son travail.�
Certains ouvrages pourraient se retrouver �galement dans un proche avenir sur le r�seau Internet, ce qui permettrait d'utiliser certains outils technologiques permettant un meilleur acc�s au texte. �Un lecteur qui d�couvre un livre sur son ordinateur a la possibilit� d'utiliser les notes de r�f�rences � n'importe quel moment et non plus de les trouver dans une seule page, explique �dith Deleury. Par exemple, si L'histoire de l'Universit� Laval pr�sente un portrait du recteur, l'usager a la possibilit� de retrouver sa photo chaque fois que son nom est mentionn�.� Certains livres, comme la collection sur l'Atlas historique, pourraient �tre diffus�s bient�t sur CD ROM. Des innovations qui projettent directement les Presses de l'Universit� Laval dans le prochain si�cle.
PASCALE GU�RICOLAS
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