27 avril 1995 |
D�pass�, le sexisme?
Il s'exprime peut-�tre de fa�on moins directe, mais il colore encore beaucoup de sph�res d'activit�s, � l'Universit� comme ailleurs.
�Ce n'est pas le sexisme qui est d�pass�: c'est nous qui sommes d�pass�s par le sexisme.� Cette boutade de Fran�ois Baby, professeur au D�partement des litt�ratrures de la Facult� des lettres, r�sume bien � elle seule les diff�rents t�moignages qu'ont pu entendre les quelque 70 participantes et participants qui avaient rempli la salle du Conseil de l'Universit�, au 3e �tage du pavillon Louis-Jacques-Casault, le mardi 11 avril, � l'occasion d'une table ronde portant sur le sexisme.
�Nous constatons dans l'exercice quotidien de nos fonctions que les manifestations de sexisme sont pr�sentes tant dans les sph�res de la vie publique que celles de la vie priv�e. Que ce soit au sein des processus de recrutement et d'embauche, dans les salles de classe, sur les murs des couloirs, etc., nous sommes toutes et tous t�moins un jour ou l'autre de manifestations de sexisme sur notre campus. Nous constatons d'ailleurs qu'il s'agit l� de la forme de discrimination la plus quotidienne que vivent les femmes et qu'une telle discrimination est fort r�pandue et donc syst�mique�, a lanc�, en guise d'introduction, Marie-Andr�e Doran, coordonnatrice � la condition f�minine et organisatrice, avec �dith Poulin, directrice du Centre de pr�vention et de traitement des plaintes de harc�lement sexuel de l'Universit� Laval, de la table ronde Le sexisme c'est d�pass�!
Et c'est devant cette toile de fond accusatrice qu'ont d�fil� � la barre des t�moins privil�gi�s de cette forme insidieuse de s�gr�gation aux multiples manifestations, malheureusement encore trop pr�sente dans notre soci�t�.
Du travail � la salle de cours
Premi�re � se faire entendre, Louise Harel, ministre d'�tat � la concertation et ministre de l'Emploi du Qu�bec. Une Louise Harel qui, statistiques � l'appui, est venue d�noncer la discrimination syst�mique que vivent souvent les femmes dans le contexte de l'emploi, surtout celles qui ont charge de famille et qui doivent concilier leurs r�les de m�re et de travailleuse. La ministre n'a pas manqu� de plaider, dans les circonstances, pour une �r�conciliation entre homme et femme dans les t�ches quotidiennes�.
Crus furent, par la suite, les propos de Marie-H�l�ne Michaud, �tudiante de 1er cycle et responsable du bureau des plaintes � la Conf�d�ration des associations d'�tudiants et d'�tudiantes de l'Universit� Laval (CADEUL). Il faut dire que l'�tudiante en a entendu de toutes les sortes dans son entourage (du type �Toutes les femmes sont des salopes�)... et que l'on a m�me port� � son attention des cas �frappants� de sexisme impliquant certains professeurs. Un t�moignage d�rangeant o� l'�motion trahissait parfois la col�re.
Francine Lavoie, professeure � l'�cole de psychologie, voit pour sa part dans le sexisme une variable de la violence. Ses recherches l'ont fait s'int�resser aux relations amoureuses chez les jeunes et force lui a �t� de constater que, l� encore, violence et sexisme sont parfois intimement li�s.
Bient�t sur votre �cran
Pourrait-on parler de sexisme banalis� tant il fait partie des normes? Et pourtant, il est criant, il saute aux yeux. Fran�ois Baby, professeur de cin�ma � la Facult� des lettres qui a aussi charge de cours au D�partement d'information et de communication, nous a finalement mis sous le nez un sexisme tentaculaire qui cr�ve le petit �cran. Celui d'abord des bulletins d'information � l'outrageuse pr�dominance des chefs d'antenne �m�les�. Celui �galement des vid�oclips domin�s par les manifestations sexistes o�, triste constatation, �plus ils sont sexistes, plus ils sont diffus�s�. Celui, en dernier ressort, de ces 40 % de pages publicitaires usant de comportements et de st�r�otypes sexistes pour convaincre les femmes via le tube cathodique. Une charge d�nonciatrice d'une quinzaine de minutes, d'un humour caustique tir� � boulets rouges, qui a provoqu� une salve d'applaudissements approbateurs.
Tout n'est donc pas pas fait mati�re de sexisme, comme l'a si bien d�montr� la table ronde Le sexisme c'est d�pass�!, car il reste encore beaucoup �... d�faire.
GABRIEL C�T�
-30-