3 novembre 1994 |
id�es
A GENOUX DANS
LA GRAVELLe ?
par martin gagn�
�tudiant au baccalaur�at en science politique
S'il veut �viter un d�sastre sur l'autoroute de l'ind�pendance, Jacques Parizeau devra faire un d�tour par le �chemin de terre� de la souverainet� conf�d�rale.
Souverainet� ou ind�pendance! Voil� le choix que doivent faire les Qu�b�cois: la souverainet� � l'int�rieur d'une v�ritable conf�d�ration ou l'ind�pendance � l'ext�rieur de l'actuelle f�d�ration. Le f�d�ralisme ne doit m�me plus �tre consid�r� puisqu'il s'agit du statu quo que la majorit� rejette. Toutefois, le Canada, lui, peut encore �tre reform�.
D�j�, � l'instar des Qu�b�cois, de plus en plus de Canadiens sont insatisfaits d'un r�gime politique trop centralis� au bord de la faillite financi�re.
De plus en plus de Canadiens comprennent que leur pays ne se r�sume pas � une bureaucratie coup�e de la r�alit�. Si leurs dirigeants, les premiers ministres provinciaux, sont r�ellement int�ress�s � r�nover ce pays, alors ils pourraient se montrer ouverts � une proposition d'union conf�d�rale venant du Qu�bec.
�videmement, on r�pondra qu'il est pour le moins hasardeux, compte tenu du pass�, de tabler sur une alliance pancanadienne pour forcer la main d'Ottawa; mais de toute fa�on, le Qu�bec aura toujurs plus de facilit� � discuter avec ses semblables qu'avec Jean Chr�tien! Il se peut aussi qu'on demande des gages de bonne foi aux souverainistes. Qu'� cela ne tienne, le Bloc pourrait fort bien s'entendre avec le Reform Party pour se partager le r�le d'Opposition officielle aux Communes. Le Parti qu�b�cois, pour sa part, pourrait tout aussi bien laisser entendre qu'il tiendra son r�f�rendum sur le principe d'une r�novation du Canada plut�t que sur l'ind�pendance.
Sur le front qu�b�cois, la bataille s'annonce encore plus complexe. Il faudra d'abord prouver que l'on gouverne �autrement� et aller de l'avant avec la commission constitutionnelle. Il faudra cependant engager directement la population et, dans ce sens, l'id�e des d�l�gu�s r�gionaux est tr�s int�ressante. Lorsque le moment sera venu, le gouvernement pourra cr�er une v�ritable assembl�e constituante o� si�geraient, en plus des repr�sentants des grands corps sociaux (patronat, syndicats, etc.), des repr�sentants de la population �lus sp�cifiquement � cette fin.
Tout cela prendra du temps et il pourra �tre n�cessaire de repousser le r�f�rendum. Ainsi, lorsqu'arrivera le moment du vote, le gouvernement pourra se pr�senter devant le peuple avec du solide: un bilan d'intendance positif, une proposition constitutionnelle exprimant l'essentiel des aspirations qu�b�coises et un projet pr�cisant le d�tail de la souverainet�.
S'il veut r�ussir et �viter un d�sastre, Jacques Parizeau devra abandonner l'autoroute de l'ind�pendance et faire un d�tour par le �chemin de gravelle� de la souverainet� conf�d�rale. De toute fa�on, il ne peut pas perdre: si ses efforts pour r�nover la communaut� canadienne r�ussissent, il aura atteint son but et s'ils �chouent, il pourra toujours d�noncer la faillite d�finitive du Canada et reprendre l'autouroute....
Mais Jacques Parizeau pourra-t-il troquer la forme pour s'assurer du fond? Pourra-t-il tendre � nouveau la main � ses adversaires? Et le Parti lib�ral saura-t-il abandonner son dogmatisme partisan pour s'associer � cette d�marche? Mario Dumont cessera-t-il d'�tre opportuniste pour accepter la main tendue? Quoi qu'il en soit, il est imp�ratif de sortir des orni�res dans lesquelles nous croupissons depuis si longtemps et il me semble que la sagesse populaire indique au gouvernement la voie � suivre. Ce dernier osera-t-il se d�filer?
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