3 novembre 1994 |
A la Facult� de m�decine
D�COUVERTE MAJEURE SUR LA MORT CELLULAIRE
La fronti�re des connaissances sur le ph�nom�ne m�connu de l'apoptose vient d'�tre repouss�e significativement par une �quipe de cinq chercheurs de l'Universit� Laval et de la John Hopkins School of Medicine.
Des chercheurs de l'Universit� Laval et de la John Hopkins School of Medicine viennent de publier, dans la prestigieuse revue Nature, des travaux d�montrant l'existence d'une enzyme jouant un r�le essentiel dans l'enclenchement du processus de mort cellulaire. L'article, paru dans l'�dition du 22 septembre de Nature sous la signature de Serge Desnoyers et Guy Poirier de la Facult� de m�decine (Centre de recherche du CHUL) et de leurs coll�gues am�ricains Y.A. Lazebnik, S.H. Kaufmann et W.C. Earnshaw, a d�j� fait beaucoup de bruit dans le milieu. �Depuis la publication de cet article, j'ai re�u entre 10 et 15 appels provenant de chercheurs am�ricains qui veulent absolument travailler avec nous, dit Guy Poirier. On se demande parfois si quelqu'un lit les articles scientifiques qu'on produit mais quand on y pense, l'impact d'un article dans Nature est �norme puisque la revue compte plus d'un million de lecteurs.�
L'apoptose, qui signifie �tomber de�, comme les feuilles tombent d'un arbre ou les p�tales d'une fleur, d�crit un mode de mort des cellules qui survient, par exemple, apr�s exposition � des substances toxiques, � des rayons ultraviolets ou � des agents de chimioth�rapie. Bien que pour l'instant la d�couverte de l'enzyme intervenant tr�s t�t dans l'apoptose rev�t un grand int�r�t surtout en science fondamentale, la recherche de meilleurs traitements contre le cancer pourrait �ventuellement en b�n�ficier. �Les cellules canc�reuses sont des cellules qui ont en quelque sorte perdu la capacit� de mourir, explique Serge Desnoyers. Si on comprenait mieux le m�canisme de la mort cellulaire, on pourrait �ventuellement l'induire de fa�on tr�s cibl�e dans des cellules canc�reuses et ainsi stopper leur multiplication.�
�Plusieurs centaines de laboratoires � travers le monde s'int�ressent au ph�nom�ne de mort cellulaire et les compagnies pharmaceutiques sont � l'aff�t de toutes les d�couvertes dans ce domaine, poursuit Guy Poirier. On tente tous de trouver l'�tape la plus pr�coce qui enclenche la mort cellulaire afin de mieux comprendre ce ph�nom�ne. Notre enzyme, que nous avons appel�e prICE (Protease Resembling Interleukin 1-�-Converting Enzyme), intervient � l'�tape la plus pr�coce d�crite jusqu'� maintenant dans la cascade de r�actions conduisant � la mort cellulaire.�
Lorsqu'un bris survient dans l'ADN � la suite d'expositions � des rayons ultraviolets ou � des produits toxiques, une enzyme, la poly (ADP-ribose) polym�rase (PARP), se fixe bri�vement � la cassure et donne le coup d'envoi � l'op�ration de r�paration. Par contre, si les dommages sont trop importants, le m�canisme d'apoptose s'enclenche. Il semble qu'au cours de l'�volution, ce soit l� la fa�on qu'ont trouv�e les �tres vivants pour se d�barrasser de cellules ayant un ADN endommag� qui pourrait �ventuellement provoquer des mutations et des cancers. Gr�ce � des techniques sophistiqu�es de biologie mol�culaire d�velopp�es au cours des vingt derni�res ann�es par Guy Poirier et ses proches collaborateurs, les cinq chercheurs ont d�montr� que l'enzyme prICE a le pouvoir de scinder l'enzyme PARP, la rendant ainsi inop�rante. En l'absence de PARP fonctionnelle, le m�canisme d'apoptose d�bute. Par ailleurs, lorsque les chercheurs ajoutent un inhibiteur de la prICE � des cellules cultiv�es in vitro, l'apoptose stoppe.
�Il y a peut-�tre d'autres enzymes qui agissent avant la prICE mais on ne les conna�t pas encore, dit Guy Poirier en soulignant qu'on conna�t � peine 1% des prot�ines existant dans les cellules. Ce dont nous sommes certains par contre, c'est que la pr�sence de fragments de l'enzyme PARP constitue un indice de l'activit� de la prICE et que c'est l� le marqueur le plus pr�coce dont nous disposons actuellement pour d�terminer que le m�canisme d'apoptose est enclench� dans une cellule.�
JEAN HAMANN
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