15 d�cembre 1994 |
Josette Tremblay: l'oeuvre au noir
Pour la plupart des gens, le march� aux puces de Ste-Foy repr�sente une halte agr�able o� il est possible de faire de bonnes affaires tout en profitant des agr�ments de la saison estivale. Contrairement aux promeneurs du dimanche, Josette Tremblay n'a pas fr�quent� cet endroit � l'�t� 1992 pour y d�nicher l'objet rare ou bon march�. Dans le cadre de son m�moire de ma�trise en administration effectu� sous la supervision de G�rad Verna, du D�partement de management, la chercheuse a r�alis� une enqu�te sur le travail au noir et l'�conomie informelle � travers le portrait socio-�conomique de vendeurs qui oeuvrent au march� aux puces de Ste-Foy.
Premi�re constatation: les vendeurs appartiennent � toutes les couches de la soci�t� et sont aussi bien professionnels, ouvriers et retrait�s que ch�meurs ou assist�s sociaux. De m�me, les raisons qui les incitent � louer une ou plusieurs tables pour y �taler leur marchandise diff�rent:
si certains y viennent pour arrondir leurs fins de mois, d'autres le font tout simplement pour rencontrer et �changer avec des gens. D'autres encore tirent une grande satisfaction � vendre des objets qu'elles ont fabriqu�s de leur main.
�Il se cr��e une sorte de connivence entre les vendeurs et les acheteurs, souligne Josette Tremblay. On n'�change pas de factures, ce qui fait l'affaire de tout le monde. La r�gle conventionnelle, c'est la bonne foi. Vendre et acheter au march� aux puces humanise les �changes commerciaux par une r�introduction de la parole.� En effet, note la chercheuse, les vendeurs des march�s aux puces s'attendent � ce que les acheteurs n�gocient et discutent le prix d'un achat, ce qui se situe � des ann�es- lumi�re de la transaction commerciale classique, o� le client paie le prix indiqu� sur l'article sans poser de questions.
Au march� aux puces comme dans la vie, l'avenir appartient � ceux qui se l�vent t�t. Bien que le march� ouvre officiellement ses portes � 8h, les achats s�rieux se concluent d�s potron-minet, c'est-�-dire vers 5h. Il y a �galement le ph�nom�ne des revendeurs o� un client ach�te une tasse qu'il sait �tre de grande valeur � un vendeur qui l'ignore pour la revendre trois fois plus cher � un v�ritable collectionneur. C'est l'�conomie informelle -et souterraine- dans toute sa splendeur.
�Au point de vue dans la loi, vendre et acheter aux puces constitue une activit� ill�gale. Mais les gens qui y participent estiment que c'est l�gitime. En fait, il existe une sorte de flou entre ce qui est �noir� et ce qui ne l'est pas.� Selon Josette Tremblay, les activit�s informelles ont toujours exist�; il y a cependant lieu de s'interroger lorsqu'il y a recrudescence de ces m�mes activit�s, en p�riode de r�cession �conomique, comme c'est le cas pr�sentement.
REN�E LAROCHELLE
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