15 d�cembre 1994 |
Sant�
Les futurs dentistes pr�occup�s par le sida
Les �tudiants surestimeraient le risque r�el d'infection par le virus dans l'exercice futur de leur profession.
Les connaissances des �tudiants en m�decine dentaire sur le sida ainsi que leurs attitudes envers les personnes porteuses du virus du sida sont bonnes et se comparent avantageusement � celles des dentistes d�j� en pratique. Mais, en d�pit de ces progr�s notables, les �tudiants surestiment encore le risque r�el d'�tre infect� par le virus dans l'exercice de leur profession ce qui se traduit par une crainte exag�r�e de soigner les personnes s�ropositives. Voil� les constats qui se d�gagent d'une enqu�te men�e par Ali Chehaitly et Michel Alary, du D�partement de m�decine sociale et pr�ventive de la Facult� de m�decine, aupr�s des �tudiants de troisi�me et quatri�me ann�es des Facult�s de m�decine dentaire de l'Universit� Laval, de l'Universit� de Montr�al et de l'Universit� McGill. Au total, 188 des 307 �tudiants �ligibles ont r�pondu au questionnaire.
Les femmes plus positives
En d�pit de leurs craintes et de leurs appr�hensions par rapport au sida, 92 % des r�pondants estiment qu'il est de leur devoir de prodiguer des soins aux personnes s�ropositives. Ce taux, sup�rieur � ce qui a �t� rapport� dans des �tudes ant�rieures, s'explique sans doute par les vertus de l'�ge, avancent les chercheurs Chehaitly et Alary. �Les �tudiants voient les questions d'�thique et de responsabilit� d'un oeil diff�rent des dentistes plus �g�s qui pratiquent d�j�.� L'�tude rapporte �galement que les �tudiantes se montrent plus tol�rantes que leurs confr�res envers les personnes � risques et que les �tudiants de Montr�al, plus fr�quemment confront�s au ph�nom�ne du sida, font montre d'attitudes professionnelles plus positives envers les personnes porteuses du virus.
Entre le devoir et les dollars
Les deux chercheurs s'�tonnent cependant qu'alors que la presque totalit� des r�pondants affirment qu'il est de leur devoir de soigner des s�ropositifs, 57% d'entre eux disent qu'ils pr�f�reraient que les sidatiques re�oivent des soins dentaires dans des cliniques sp�cialis�es. En cela, leur opinion refl�te, bien qu'� un degr� moindre, celle des dentistes en pratique qui souhaitent dans une proportion de 86% que les soins dentaires aux sidatiques soient dispens�s dans de telles cliniques. Les raisons invoqu�es par les �tudiants? D'une part, la crainte d'�tre infect� par le virus du sida en soignant les patients s�ropositifs et d'autre part, la peur de perdre des clients. En effet, 35 % des r�pondants estiment que leurs futurs patients les d�serteraient s'ils apprenaient qu'ils traitent des s�ropositifs. �Ces r�sultats illustrent bien le conflit entre les obligations �thiques et les cons�quences �conomiques de traiter des patients sidatiques�, �crivent les deux chercheurs.
Une question de perception
L'�tude montre �galement que les �tudiants de troisi�me ann�e appliquent plus rigoureusement que leurs coll�gues de quatri�me ann�e les mesures pr�ventives recommand�es pour pr�venir la transmission des infections. �Il semble qu'� mesure que le nombre de contacts avec des patients augmente, l'application des mesures pr�ventives diminue, un ph�nom�ne �galement observ� chez les dentistes en pratique. Pourtant, l'exp�rience n'est pas un substitut � la pr�vention des infections�, rappellent Ali Chehaitly et Michel Alary.
De meilleures connaissances et une perception plus juste du risque r�el de contamination aideraient les futurs dentistes � vaincre leurs appr�hensions par rapport aux maladies infectieuses telles que le sida et l'h�patite B ainsi que vis-�-vis les personnes � risques. �L'�ducation demeure le meilleur outil pour d�velopper des attitudes positives envers les maladies infectieuses et la formation des dentistes devrait inclure des ateliers sp�cialis�s sur le sida�, sugg�rent les deux chercheurs.
JEAN HAMANN
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