15 d�cembre 1994 |
LANCEMENT AU GREMF
Le Groupe de recherche multidisciplinaire f�ministe de l'Universit� Laval (GREMF) lan�ait r�cemment plusieurs nouveaux titres dans ses diverses collections. C'est ainsi que Les Cahiers de recherche du GREMF s'enrichissent de cinq nouvelles publications parmi lesquelles nous retrouvons Critiques f�ministes des disciplines, volume V. Dans ce Cahier, le GREMF poursuit la publication d'une collection de textes qui font le point sur les apports du f�minisme aux diverses disciplines. On y propose des r�flexions sur deux domaines qui n'avaient pas encore �t� abord�s: l'histoire de l'art et les sciences de la sant�. L'article de Marie Carani est une �tude solidement document�e du statut que l'histoire de l'art occidental a accord� aux femmes artistes du XVe au XXe si�cle. L'auteure constate qu'en g�n�ral l'histoire de l'art a ignor� les femmes artistes, comme l'histoire tout court a oubli� l'ensemble des femmes. Francine Saillant et Fran�oise Courville, dans leur article, abordent le vaste domaine des sciences de la sant� sous deux perspectives, celle des patientes et celle des soignantes. Elles rappellent, entre autres, l'omnipr�sence des femmes dans toutes les fonctions du syst�me de la sant� et soulignent la position d�savantageuse de celles-ci face � leurs coll�gues masculins quant au pouvoir, au prestige et � l'argent. Quant � Colette Gendron et Bibiane B�land, elles se penchent sur la discipline qui se consacre � l'�tude des soins: la science infirmi�re. Comme approche f�ministe, elles pr�conisent, pour cette discipline, une philosophie qui con�oit la sant� dans une perspective globale tenant compte de tous les aspects de la vie des personnes afin de mieux les soigner ou pr�server leur bien-�tre.
Dans le Cahier intitul� Le v�cu des femmes qui prennent soin de leurs parents �g�s, Pierrette Martin cherche � comprendre le v�cu quotidien des femmes qui prennent soin de leurs parents �g�s et � conna�tre les effets de l'intervention �ducative chez ces femmes. R�alis�e aupr�s de onze femmes, l'�tude utilise une approche qualitative de recherche. Les r�sultats obtenus confirment les �crits des sp�cialistes qui se sont int�ress�s aux risques pour la sant� mentale qu'occasionne la t�che de prendre soin d'une personne �g�e, entre autres: l'�puisement physique et mental, les conflits dans les relations interpersonnelles et le manque de soutien du r�seau social. La m�thode d'intervention, soit le counseling de groupe, a apport� de l'information et du soutien aux femmes ayant particip� � l'�tude.
L'auteure du Cahier intitul� L'agression sexuelle et le droit criminel canadien: l'influence de la codification, Jos�e N�ron, se demande si la codification du droit criminel canadien en 1892 aurait d� avoir un effet �volutif sur le droit en mati�re d'agression sexuelle par la suite. Une connaissance approfondie du contexte d'adoption du Code criminel et une analyse d�taill�e des droits substantif et jurisprudentiel en mati�re de viol, tels qu'ils se sont d�velopp�s au Canada � partir du XIXe si�cle, tenteront d'identifier les obstacles qui ont emp�ch� pendant plus d'une si�cle les femmes victimes de viol de faire entrendre leur voix aupr�s du gouvernement. Selon l'auteure, une r�cente d�cision de la Cour supr�me du Canada a enlev� tout espoir de voir reconnus en vertu de la Charte canadienne des droits et libert�s les droits des femmes victimes d'agression sexuelle. Que peut faire le l�gislateur, s'interroge Jos�e N�ron, lorsque le syst�me judiciaire et la profession juridique d�montrent un parti pris contre les femmes?
De son c�t�, la collection Le GREMF �dite publie trois nouveaux num�ros. Dans La journ�e internationale des femmes: o� en sommes-nous en 1994?, on pr�sente les textes de trois conf�rences prononc�es respectivement par Ann Robinson, Huguette Dagenais et Claire Bonenfant � l'occasion du 8 mars 1994. Huguette Dagenais, notamment, s'interroge dans sa communication si le f�minisme est toujours de mise en 1994. Elle y pr�sente une critique s�rieuse du traitement du f�minisme et des f�ministes dans les m�dias d'information � l'occasion de la Journ�e internationale des femmes. Elle signale �galement des cas de cong�diements ill�gaux pour grossesse, d'emplois pr�caires ou de discrimination � l'endroit des enseignantes. Un autre num�ro de cette m�me collection, Lesbiennes, mariage et famille, publie le m�moire pr�sent� par Ann Robinson, professeure � la Facult� de droit de l'Universit� Laval, � la Commission des droits de la personne du Qu�bec dans le cadre de sa consultation publique sur la discrimination et la violence envers les gais et les lesbiennes au Qu�bec. L'auteure y fait valoir qu'en d�pit des changements apport�s aux lois, la discrimination fond�e sur l'orientation sexuelle existe toujours. Elle fait notamment porter son propos sur deux th�mes au coeur du Droit civil qu�b�cois et de la famille: le mariage et la garde d'enfants en mati�re de divorce.
Pour sa part, la revue Recherches f�ministes publie un num�ro sp�cial sur le th�me de la famille. Outre le texte d'introduction au num�ro que signe Ren�e B. Dandurand et dans lequel elle fait une br�ve r�trospective des diverses contributions de la recherche f�ministe des 30 derni�res ann�es concernant la famille, l'ouvrage pr�sente six articles et une �Note de recherche�. Le premier texte porte sur la contribution des femmes naskapies aux travaux de la vie quotidienne � l'�poque de Fort McKenzie (1915-1948). Les auteures du texte attirent l'attention sur la diversit� et la flexibilit� des t�ches accomplies par les femmes en tous lieux et en toutes circonstances. Dans l'article suivant, � partir d'une recherche sur les pratiques par lesquelles hommes et femmes se d�finissent socialement comme parents, dans le cadre de la loi fran�aise, les auteures formulent l'hypoth�se d'une appropriation des enfants, la d�composent et d�finissent son rapport th�orique � l'appropriation des femmes par les hommes dans les rapports sociaux de sexe. L'auteure du troisi�me article, Mich�le Vatz Laaroussi, livre les r�sultats de deux recherches faites en France et qui d�montrent qu'en situation de paup�risation des femmes au foyer mettent en oeuvre, � partir de leurs savoir-faire quotidiens, des strat�gies de survie. Ces femmes vont alors montrer la voie au conjoint qui, hors de ses rep�res masculins traditionnels, va se trouver en situation d'apprentissage.
Quant � Monique Cournoyer, elle analyse les strat�gies des �ducatrices professionnelles devant la maternit�. Ces strat�gies se partagent entre une valorisation plus ou moins forte de la profession ou de la famille. L'analyse r�v�le les tensions particuli�res qui existent entre ces deux univers de leur vie pour ces femmes engag�es activement dans une activit� professionnelle qui reproduit � plusieurs �gards les fonctions maternelles. Par ailleurs, les deux derniers articles de ce num�ro de Recherches f�ministes traitent d'une part, des perceptions et pratiques des m�res en emploi; les auteures de cette recherche mettent en �vidence, dans leur analyse, quelques-uns des paradoxes qui jalonnent la r�alit� quotidienne de ces femmes. D'autre part, Monique Haicault de l'Universit� de Toulouse II discute de perte de savoirs familiaux et de nouvelle professionnalit� du travail domestique. L'approche du travail domestique propos�e dans son texte s'appuie sur des observations qui mettent en relief l'int�gration du travail domestique dans une conception holiste de la soci�t�.
Enfin, Huguette Dagenais et Denise Pich� du GREMF ont conjointement dirig� la publication de Femmes, f�minisme et d�veloppement/Women, Feminism and Development, un ouvrage bilingue publi� par l'Institut canadien de recherches sur les femmes. Ce collectif illustre l'apport significatif de la perspective f�ministe aux travaux sur le d�veloppement en mettant particuli�rement l'accent sur les contributions de chercheuses et d'activistes canadiennes. Les dix-huit contributions de ce livre portent sur un grand nombre de th�mes et de pr�occupations et r�unissent des auteures oeuvrant dans une grande vari�t� d'organisations et de disciplines.
Ainsi, les th�mes de l'entrepreneurship, de la religion, de la violence et de la sexualit� �mergent comme des probl�matiques r�centes dans le champ du d�veloppement, alors qu'ils sont bien ancr�s dans les pr�occupations des f�ministes des pays d�velopp�s. L'ouvrage soul�ve �galement d'autres questions qui exigent une r�flexion de la part des f�ministes. Ces questions portent sur les cons�quences du recours de plus en plus fr�quent au terme �genre� plut�t que �femmes� pour la th�orie et la pratique f�ministes du d�veloppement; sur la place de la reproduction dans les politiques de d�veloppement, notamment au regard des politiques de population et de l'exp�rience quotidienne des femmes; sur la quasi- absence de travaux sur les petites filles et les adolescentes; sur la globalisation des �changes et son impact sur l'environnement et le milieu de vie des femmes; de m�me que sur la n�cessit� d'�tablir des alliances entre femmes et f�ministes de diverses origines.
Par ailleurs, il est int�ressant de souligner que les divers chapitres de ce collectif portent sur des aires culturelles et g�ographiques aussi diff�rentes que la Chine; la Malaisie et la Tha�lande; le Mexique et les Antilles; l'Ouganda, le Malawi et le Ghana, de m�me que sur les soci�t�s inuit et indiennes du Canada. De l'ensemble des opinions et r�flexions �mises dans les diverses contributions de l'ouvrage �mergent une communaut� de vue et un appel � une reconceptualisation du d�veloppement.
Jean Bilodeau
L'OEIL DE CA�N. ESSAI SUR LA JUSTICE
Pr�sente partout dans le monde, l'injustice est devenue l'ennemi qu'il faut abattre, celui que l'on d�nonce, sous ses formes les plus r�voltantes, avec grande lucidit� et tant d'acharnement. Tous les jours, les m�dias rapportent des exemples d'injustice, ce probl�me num�ro un de l'humanit�. Pour y rem�dier, la soci�t� imagine diff�rentes solutions:
elle instaure de nouvelles structures, impose de nouvelles lois, multiplie les barri�res pour enrayer le mal; est-il pour autant vraiment banni?
Dans cet essai, Martin Blais, professeur retrait� de la Facult� de philosophie de l'Universit� Laval o� il a enseign� pendant 25 ans, nous fait conna�tre le fruit de ses r�flexions sur la justice, celle qui �l�ve l'homme. L'ouvrage est n� de sa conviction que les institutions et les lois d'une soci�t� ont beau �tre justes, si les personnes elles-m�mes ne le sont pas, elles paralyseront les premi�res et d�joueront les secondes. Quelles que soient les structures que l'on mette en place, on ne peut penser changer le dedans par le dehors. Pour Martin Blais, il faut cultiver une autre justice, la justice int�rieure, celle que l'on d�signe aussi sous le nom d'�thique ou de morale. La personne qui poss�de cette qualit� ��prouve du dedans le besoin de traiter autrui comme elle voudrait �tre trait�e�, pour citer Jean Piaget. C'est donc de justice vertu morale ou qualit� morale des personnes dont il est question dans ce livre, et l'auteur rappelle la d�finition la plus c�l�bre de la justice en tant que vertu morale, celle d'Ulpien, jurisconsulte romain mort en 228: �une volont� ferme et perp�tuelle de rendre � chacun son droit�.
L'essai, qui comporte deux parties, consacre sa premi�re aux multiples sens du mot droit; il d�finit chacun d'eux et tranche certaines questions capitales comme le fondement du droit et la distinction entre le l�gal et le moral. Quant � la deuxi�me partie intitul�e �La pratique de la justice�, elle pr�cise les exigences de chaque forme de justice:
justice envers la soci�t�, justice de la soci�t� envers ses membres, justice des membres entre eux. � cette �poque o� chacun brandit ses droits et libert�s, Martin Blais rappelle qu'� tout droit correspond un devoir; � toute libert�, une contrainte. La vie en soci�t� pourrait bien n'avoir de sens que dans le respect de ce principe fondamental.
Enfin, l'auteur maintient qu'il faut travailler � promouvoir la vertu morale de justice, mais que pour ce faire il faut d'abord croire que l'�tre humain a une dimension morale. L'homme ne na�t pas violent, mais il peut le devenir; il ne na�t pas juste non plus, mais il peut le devenir... En l'instruisant de justice et de ses avantages, on fera na�tre en lui le d�sir d'acqu�rir cette vertu morale. On ne peut d�sirer ce que l'on ignore.
L'oeil de Ca�n. Essai sur la justice. Martin Blais. Fides, 1994, 290 p.
Jean Bilodeau
LA GESTION EN �DUCATION: UNE AFFAIRE D'HOMMES OU DE FEMMES?
Claudine Baudoux, professeure titulaire � la Facult� des sciences de l'�ducation de l'Universit� Laval, est l'auteure de cette vaste recherche portant sur les conditions d'acc�s des enseignantes qu�b�coises aux postes de direction des �tablissements d'�ducation. Les travaux, qui se sont poursuivis pendant plusieurs ann�es, ont donn� lieu � cet ouvrage qui s'int�resse plus particuli�rement aux pratiques, aux repr�sentations organisationnelles et � leur �volution depuis les ann�es 50. Avec plusieurs collaboratrices, l'auteure s'interroge sur les motifs qui font que depuis quelque trente ans l'on assiste, au Qu�bec, � une diminution progressive de la proportion des femmes occupant des postes de direction dans les commissions scolaires et dans les coll�ges d'enseignement g�n�ral et professionnel.
L'int�r�t de cette recherche comporte plusieurs motifs parmi lesquels l'on note que la grande majorit� de la production scientifique en administration scolaire ne parle pas des probl�mes v�cus par les femmes et occulte la dimension sexu�e des processus sociaux. Ce n'est que tr�s r�cemment que les �tudes ont commenc� � entrevoir l'impact du genre sur les th�ories et les pratiques administratives, et parmi celles-l�, il y a peu d'ouvrages g�n�raux sur les femmes en administration scolaire et il n'en existe aucun se rapportant � la situation qu�b�coise.
Tr�s fouill�e, s'appuyant sur de nombreuses statistiques, la recherche de Claudine Baudoux cerne l'ensemble de la situation des femmes dans le secteur de l'�ducation; elle examine notamment comment est fabriqu�e la domination des hommes ainsi que de quelle fa�on et selon quelle dynamique cette domination �volue. L'ouvrage comprend quatre parties et s'accompagne de plusieurs tableaux, graphiques et annexes. Apr�s une description de la r�version statistique qui s'est produite en 30 ans � l'avantage des hommes, il fait l'analyse des rapports sociaux de sexe des points de vue historique et contemporain et pose les questions suivantes:
- Pourquoi et comment les r�formes �ducatives nuisent-elles principalement aux femmes?
- Quels sont les obstacles organisationnels � la promotion des enseignantes, et comment ces obstacles ont-ils �volu�?
- Quelles formes peut rev�tir la discrimination?
- Quelles strat�gies les directrices utilisent-elles pour maintenir leur efficacit�?
- Quels sont les enjeux de l'exigence nouvelle de comportements f�minins chez les directeurs et de maintien de cette exigence chez les directrices?
En guise de conclusion, Claudine Baudoux souhaite que cette recherche puisse entra�ner la mise au point de correctifs concrets aux pratiques organisationnelles qui ont cours dans le syst�me de l'�ducation. Le gouvernement, les commissions scolaires et les c�geps ont la responsabilit�, selon elle, de traduire dans les pratiques cette volont� du discours officiel qui affirme ne plus vouloir �tre discriminatoire envers les femmes.
La gestion en �ducation: une affaire d'hommes ou de femmes? Claudine Baudoux. Presses Inter Universitaires, 1994, 557 p.
Jean Bilodeau
LE MANAGEMENT DU MARKETING
Le march� des consommateurs est en pleine �volution et les changements qui s'y op�rent exigent une adaptation constante de la part des entreprises et des autres organisations. Par ailleurs, l'abolition des fronti�res entre pays, la r�duction des tarifs douaniers, le regroupement de pays (ALENA, CEE, etc.), l'�mergence de nouvelles forces �conomiques sont autant de d�fis que les organisations doivent relever pour assurer leur survie. Devenue r�alit�, la mondialisation des march�s offre des occasions d'affaires importantes, mais les entreprises doivent y faire face munies de tous les atouts strat�tiques dont elles sont capables. La concurrence du march� mondial fournira l'occasion aux organisations de montrer leurs habilet�s en marketing.
Dans cet ouvrage d'envergure, les trois auteurs, Pierre Filiatrault, titulaire d'un doctorat de l'Universit� Laval, Philip Kotler et Ronald E. Turner, proposent des cadres th�oriques et m�thodologiques ainsi que des outils pratiques pour aider les cadres d'aujourd'hui et de demain � mieux g�rer cette fonction essentielle qu'est le marketing. Le r�le �vident de cette discipline dans la d�finition de l'orientation strat�gique des entreprises n'est plus � d�montrer. Selon les auteurs, faire du marketing, c'est g�rer les �changes entre l'organisation et ses clients, qui sont de plus en plus �duqu�s, inform�s, exigeants et changeants. La qualit� des produits et des services, la valeur ajout�e et le service � la client�le sont tout autant des outils strat�giques que des �l�ments essentiels du management du marketing. L'ouvrage, qui comporte six parties et vingt-six chapitres, s'adresse aux dirigeants d'entreprises, aux directeurs du marketing et � tous ceux qui d�sirent le devenir. Il explique, dans la premi�re partie, les fondements de la th�orie et de la pratique du management du marketing. La deuxi�me partie pr�sente les concepts et outils n�cessaires pour analyser les march�s et cerner les occasions d'affaires. La troisi�me expose les principes de mesure et de pr�vision des march�s, des segments et des cibles; de son c�t�, la quatri�me se penche sur le probl�me de l'�laboration de strat�gies de marketing. Quant � la cinqui�me partie, plus pragmatique, elle est consacr�e � la planification de divers �l�ments de programmes de marketing: produits ou services, prix, distribution et communication. Enfin, la derni�re partie examine l'aspect manag�rial du marketing qui comprend l'organisation, la mise en oeuvre et le contr�le du marketing.
Par ailleurs, les auteurs traitent de th�mes nouveaux comme le marketing de services, le marketing relationnel, le marketing direct et le maximarketing. Ouvrage complet, Le management du marketing se veut, � la fois, la bible des managers de marketing et l'outil essentiel � la formation des futurs mercaticiens.
Le management du marketing. Pierre Filiatrault, Philip Kotler, Ronald E. Turner. Ga�tan Morin �diteur, Montr�al, 1994, 1144 p.
Jean Bilodeau
LES CROIX DE CHEMIN DU QU�BEC
Symboles religieux, et aussi symboles de fiert�, d'appartenance et d'attachement aux lieux, les croix de chemin du Qu�bec appartiennent � une longue tradition dont les origines sont europ�ennes et, surtout, bretonnes. Ces joyaux du patrimoine qu�b�cois ont donn� lieu � un vaste inventaire entrepris il y a pr�s de vingt ans par Jean Simard, professeur au D�partement d'histoire de l'Universit� Laval. Avec le soutien technique et financier du minist�re des Affaires culturelles du Qu�bec � partir de 1975, Simard a pu faire le recensement syst�matique des quelque 3 000 calvaires et croix de chemin du Qu�bec.
Cette entreprise d'envergure de Jean Simard a suscit� un grand nombre de travaux, rapports, �tudes et articles traitant du ph�nom�ne des croix de chemin, mais la pr�sentre publication est toutefois la premi�re � pr�senter l'�tat des connaissances sur le sujet pour l'ensemble du territoire qu�b�cois et � livrer sous la forme d'un corpus les r�sultats de l'analyse subs�quente � l'op�ration de collecte. L'ouvrage pr�sente 704 croix sur les 2 863 r�pertori�es et elles ont �t� s�lectionn�es sur la base d'une �valuation rigoureuse. Pour ce travail, Jean Simard s'est associ� � Jocelyne Milot, et il en r�sulte une analyse d'une valeur inestimable qui vise � permettre aux citoyens d'avoir acc�s � leur patrimoine local et � le mettre en valeur. En outre, l'ouvrage a pour objectif de fournir un instrument d'�valuation qui parmette de situer chacune des croix dans un ensemble tr�s vaste, d'estimer les raisons qui militent en faveur de leur protection, de leur restauration ou m�me de leur abandon. Un tel r�pertoire, par ailleurs, pourra servir de liste de r�f�rence aux citoyens et aux �lus municipaux qui voudront porter leurs croix de chemin au registre national des biens patrimoniaux essentiels ou utiles � la compr�hension de l'�volution de la soci�t� qu�b�coise.
On retrouve les croix de chemin un peu partout au Qu�bec et elles bordent les routes rurales. Certaines furent �rig�es � l'occasion de l'ouverture des chemins eux-m�mes. C'est le cas, par exemple, du chemin du Roi entre Qu�bec et Montr�al dont la construction fut termin�e en 1737. En 1749, plusieurs croix s'y dressaient d�j� tel que le confirment certains �crits. Les croix de chemin appartiennent � trois grands types: 1) la croix simple; 2) la croix aux instruments de la passion; 3) le calvaire. Parmi les croix anciennes qui existent toujours, l'ouvrage �l�ve au rang de �TR�SOR� 25 croix, c'est-�-dire des croix qui sont � la fois des oeuvres d'architecture et de sculpture, et dont les t�moignages attestent qu'elles sont sur le m�me emplacement depuis au moins 1920. Plus pr�cis�ment, le TR�SOR est constitu� de 25 calvaires comportant une ou plusieurs sculptures sur bois qui repr�sentent le Christ, accompagn� parfois de ceux ou de celles qui l'ont soutenu jusau'� la mort. Les personnages ont �t� sculpt�s soit par des ma�tres reconnus, comme Thomas Baillairg�, L�andre Parent ou Louis Jobin, soit par des mains anonymes. Les plus anciens calvaires remontent � 1820 et l'ensemble se distribue de fa�on presque lin�aire sur les deux rives du fleuve.
Par ailleurs, la publication met en lumi�re l'importance de prot�ger certaines croix de chemin de la d�gradation en vue de conserver dans la m�moire collective cet autre volet de l'histoire et de la culture populaire du Qu�bec.
Les croix de chemin du Qu�bec. Inventaire s�lectif et tr�sor. Jean Simard, Jocelyne Milot. Les Publications du Qu�bec, 1994, 510 p.
Jean Bilodeau