
Les Québécois boudent le poisson
La sous-consommation d’oméga-3 d’origine marine touche 84 % de la population
La sous-consommation d’acides gras oméga-3, considérée par certains comme l’une des dernières carences alimentaires dans les pays développés, n’épargne pas les Québécois. En effet, selon une étude menée par Michel Lucas, Sylvie Dodin et Éric Dewailly, de la Faculté de médecine, 84 % de la population ne consomme pas suffisamment d’oméga-3 d’origine marine (EPA et DHA).
Molécules miracles de l’heure, les acides gras oméga-3 auraient des effets préventifs contre les maladies cardiaques, le cancer de la prostate, la maladie d’Alzheimer, l’arthrite et la dépression. Ils favoriseraient également le développement mental et sensoriel de l’enfant pendant la grossesse. Comme le corps humain est incapable de synthétiser ou de stocker les oméga-3, ceux-ci doivent forcément provenir d’aliments consommés de façon régulière.
Dans le cadre des travaux de la Chaire Lucie et André Chagnon pour l'avancement d'une approche intégrée en prévention, les chercheurs ont interrogé, en juin dernier, 1 001 adultes sur leurs habitudes alimentaires. À peine 11 % des hommes et 19 % des femmes avaient un apport en oméga-3 d’origine marine qui respectait la norme recommandée de 500 mg par jour. Le Québécois moyen consomme quotidiennement moins de la moitié de cette valeur, soit 216 mg. Il suffirait pourtant de prendre deux repas de poisson par semaine pour atteindre le seuil recommandé. «Nous constatons que cette habitude alimentaire n’est pas encore acquise par l’ensemble de la population, malgré les messages santé diffusés à cet effet depuis quelques années», commente Michel Lucas.
Les oméga-3 abondent dans les poissons gras (hareng, maquereau, sardine, saumon) et les mammifères marins sous forme d’acide eicosapentanoique (EPA) et d’acide docosahexanoique (DHA). Pour leur part, les plantes comme le lin et le canola contiennent surtout de l’acide alpha-linolénique (ALA). Le chercheur précise que la consommation régulière de denrées portant la mention «source d’oméga-3» ne garantit pas forcément un apport suffisant pour l’organisme. «La plupart des études effectuées dans le domaine cardiovasculaire, obstétrique, rhumatologique et neurologique ont été réalisées avec des oméga-3 d'origine marine, précise-t-il. Les résultats obtenus ne sont pas nécessairement extrapolables aux oméga-3 de source végétale que l'on ajoute partout actuellement dans les aliments commerciaux.»
Enfin, 12 % des répondants ont admis consommer quotidiennement des gélules d’oméga-3 de source marine. «Les suppléments peuvent constituer une alternative viable, estime Michel Lucas, mais il est important de s'assurer de leur concentration en EPA et en DHA ainsi que de leur pureté. La modification des habitudes alimentaires devrait toutefois être l’objectif ultime qui mobilise nos énergies à long terme», ajoute-t-il.

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