Un mentorat original et prometteur
Cette année, 30 étudiants de Laval encadrent 150 cégépiens inscrits en sciences et technologies
Le Programme de mentorat pour l’intégration et la réussite des étudiants en sciences (MIRES) est en marche. Depuis le mois d’août, 30 étudiantes et étudiants de l’Université Laval, en majorité des finissants inscrits au premier ou au deuxième cycle à un programme de sciences et génie ou à un programme connexe, accompagnent chacun 5 nouveaux étudiants de niveau collégial aux plans social, scolaire et vocationnel, en fonction des besoins exprimés par chacun. Ces derniers sont inscrits en sciences de la nature, en sciences, lettres et arts, ou en techniques de l’informatique au Cégep de Sainte-Foy, ou bien en sciences de la nature au Collège Mérici.
Geneviève Synnott est l’une des mentors. Elle est inscrite au diplôme d’études supérieures spécialisées en enseignement collégial. En août, elle terminait sa maîtrise en biologie cellulaire et moléculaire. «Mes cinq étudiantes du Cégep de Sainte-Foy comprennent plus facilement le processus à parcourir jusqu’à l’université en étant en contact avec une étudiante universitaire», explique-t-elle. Lundi dernier, 2 octobre, elle s’est rendue au Cégep rencontrer séparément trois de ses étudiantes. Chaque rencontre a duré 50 minutes dans un local réservé à cette fin. «Comme beaucoup de cégépiens, mes étudiantes ont leur réussite scolaire à cœur, indique Geneviève Synnott. Mais elles ne sont pas toutes rendues au même point. Par exemple, pour le choix de carrière. Si la plupart sont pas mal fixées en ce qui regarde le domaine d’études, soit la santé, en général elles ne savent pas encore quelle profession elles choisiront.»
Le passage de l’école secondaire au cégep nécessite, pour certaines, l’adaptation à un phénomène inconnu, le stress. «Elles ont besoin d’être aidées pour la gestion de leur stress, notamment pour gérer le temps et le stress qui précèdent les examens, poursuit Geneviève Synnott. Elles ont également besoin d’être soutenues par quelqu’un de l’extérieur à leur famille et qui vit déjà ce genre de situation.» Soutenir, cela consiste aussi à mettre les choses en perspective, notamment après un premier examen plus ou moins réussi. «Un échec ne veut pas dire qu’il y en aura un autre au prochain examen», leur dit-elle. Le rôle du mentor, selon elle, est tout sauf directif. «Le mentor n’impose rien, il propose, précise-t-elle. Nous aidons, mais nous ne donnons pas de réponses toutes faites. L’étudiant doit aller vérifier par lui-même. Il faut aussi savoir déléguer. Par exemple, si l’étudiant a des doutes sur son choix de programme, on le réfère au conseiller en orientation.»
Mettre à profit l’expérience d’étudiants universitaires
Le programme MIRES a pour but d’aider les cégépiens participants à persévérer dans le secteur des sciences et des technologies. En ce sens, le mentor aide l’étudiant à bien réussir son passage au collégial, il lui explique la réalité d’une faculté de sciences et génie, et il le guide dans sa réflexion quant à la carrière. Il l’accompagne également lors de visites éducatives de laboratoires et d’entreprises du domaine scientifique, comme le Centre de recherche du CHUL et le Centre de recherche sur le bois de l’Université Laval. Le pairage dure deux sessions. Le mentor rencontre chacun de ses étudiants à huit reprises à chaque session. Les mentors sont engagés avec salaire. Ils sont dynamiques, sociables et à l’écoute des autres. Ils ont une charge de 170 heures de travail répartie sur deux sessions. Après une formation initiale sur les fondements de l’intervention en mentorat, ils reçoivent une formation continue représentant deux ou trois rencontres par session. Le financement du programme est assuré par le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture.
Le programme MIRES est placé sous la responsabilité du professeur Simon Larose, du Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage. Selon ce dernier, les programmes de mentorat les plus efficaces ont un volet formation. «Nous amenons le mentor à développer une série de compétences, souligne-t-il. Par exemple, comment soutenir l’étudiant qui a échoué son premier cours de physique. C’est sûr que plusieurs étudiants dans cette situation vont remettre leur choix de programme en question. Il faut pouvoir établir une alliance productive avec eux.» En entrevue de sélection, une importance particulière est accordée à la culture scientifique et à l’expérience de travail communautaire de l’aspirant mentor. «Plusieurs de nos mentors ont fait du tutorat et de l’aide aux devoirs quand ils étaient au cégep», indique Simon Larose. Côté statistique, mentionnons que plus de 50 curriculum vitae ont été reçus pour les postes de mentor et que 528 jeunes, sur une population cible d’environ 900 personnes, ont manifesté de l’intérêt à avoir un mentor. Le programme MIRES s’inscrit dans une importante problématique où près de deux jeunes sur cinq admis en sciences et technologies, au cégep comme à l’université, ne termineront pas leurs études dans ces programmes.
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