La dernière carte?
La douzième édition de la carte génétique de l’obésité pourrait être la dernière parce que ce travail-synthèse est devenu trop lourd
La douzième édition de la carte génétique de l’obésité est à l’image du phénomène qu’elle décrit: elle prend du poids avec les années. En effet, l’article scientifique qui fait le point sur les progrès enregistrés en 2005 dans la chasse aux gènes qui jouent un rôle dans la prise de poids noircit 115 pages de la revue Obesity!
Cette mise-à-jour annuelle, réalisée par un groupe d’experts internationaux, dont Yvon C. Chagnon et Louis Pérusse, de la Faculté de médecine, chiffre maintenant à 135 le nombre de gènes candidats intervenant dans l’obésité chez l’humain. Les 233 études génétiques sur l’obésité publiées entre octobre 2004 et octobre 2005 et recensées par les chercheurs ont donc ajouté 22 nouveaux gènes à la liste publiée il y a un an.
La première édition de cette carte, parue en 1994, contenait seulement 9 gènes. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la multiplication du nombre de gènes candidats ne nous éloigne pas d’une meilleure compréhension – ni d’éventuels traitements pharmacologiques – de l’obésité. Même si la carte compte maintenant 135 gènes, il n’y en a que 22 qui sont signalés dans au moins cinq études et il y en a à peine 12 qui sont mentionnés dans dix études ou plus, souligne Louis Pérusse. «L’étau se resserre autour d’un petit nombre de gènes, mais comme l’obésité est un phénomène qui a plusieurs causes, il ne faut pas s’attendre à ce qu’un seul gène en soit responsable. L’augmentation du nombre de gènes candidats ne fait que traduire la complexité du phénomène.»
Cette douzième édition de la carte génétique de l’obésité pourrait toutefois être la dernière. Pas parce que le travail est terminé – Louis Pérusse est convaincu qu’il reste de nombreux gènes liés à l’obésité à découvrir – mais parce que «c’est devenu une tâche colossale avec les années», constate-t-il. Chacun des huit auteurs de la carte investit pratiquement un mois de travail à temps plein dans ce travail. Les chercheurs espèrent trouver des fonds pour embaucher une personne qui se consacrerait entièrement à cette tâche.
La carte génétique de l’obésité constitue un travail de synthèse exceptionnel, comme en témoigne sa bibliographie qui compte maintenant 1291 articles. L’outil est apprécié par la communauté scientifique, assure le professeur Pérusse, qui l’utilise lui-même régulièrement pour ses propres travaux. La fréquentation du site Web qui y est consacré appuie ses dires: on y enregistre environ 200 000 connexions par année. Pour leur part, les éditeurs de Obesity acceptent volontiers de publier le manuscrit, en dépit de sa longueur, parce que l’article est abondamment cité par les chercheurs, ce qui augmente le facteur d’impact de la revue.
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