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Virtuellement réadaptés
Des chercheurs du CIRRIS mettent au point un système virtuel pour la réadaptation des victimes d’accidents cérébro-vasculaires
Aider les victimes d’accidents cérébro-vasculaires (ACV) à remarcher sans les placer dans des situations qui mettent leur sécurité en péril constitue tout un défi. En effet, pour recouvrer leurs capacités locomotrices, ces personnes doivent exécuter à répétition les mouvements spécifiques à la marche dans des conditions qui s’apparentent le plus possible à celles qu’elles rencontreront dans la vraie vie. Évidemment, il n’est pas question de les y préparer en leur faisant traverser un boulevard à six voies en pleine heure de pointe. Des chercheurs de la Faculté de médecine de l’Université Laval et de l’Université McGill pourraient bien avoir trouver une solution à ce dilemme: ils ont mis au point un système d’entraînement locomoteur qui fait appel à la réalité virtuelle.
Dans un récent numéro de CyberPsychology and Behavior, Carol Richards, Francine Malouin et Bradford McFadyen, du Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale (CIRRIS), et leurs collègues montréalaises, Joyce Fung et Anouk Lamontagne, présentent les composantes de ce système et les résultats encourageants qu’ont livrés des essais préliminaires menés sur deux personnes récemment victimes d’un ACV. Leur système est composé d’un tapis roulant et d’un écran de grandes dimensions sur lequel sont projetés des scénarios de marche conçus à l’aide de logiciels 3-D spécialisés. La vitesse du tapis est contrôlée de façon «intelligente» en fonction des mouvements de l’utilisateur. Non seulement le tapis avance-t-il plus rapidement lorsque le patient presse le pas, mais le défilement de la scène projetée à l’écran accélère. Grâce à la plate-forme pivotante et inclinable sur laquelle repose le tapis roulant, les usagers peuvent changer de direction pendant la marche et les chercheurs peuvent modifier l’inclinaison du tapis dans différents plans. «Ceci nous permet de créer des environnements virtuels complexes, signale Bradford McFadyen. Même si les images projetées sur l’écran sont une représentation schématisée de la réalité, on a l’impression d’être réellement dans la scène.»
Une équipe de cinq spécialistes - François Comeau, Sébastien Chapdelaine, Richard Drouin, Lucinda Hughey et Christian Beaudoin – a collaboré au développement du système physique et informatique, incluant la programmation des scènes. Trois scénarios à complexité croissante - une marche dans un corridor, dans un parc, et à une intersection urbaine achalandée - testés auprès de deux victimes d’ACV ont démontré le potentiel de cette filière. «Nous pouvons même introduire des obstacles ou des objets à éviter pour exercer les capacités d’anticipation des patients, précise le professeur McFadyen. Dans un des environnements virtuels, une ambulance arrive à toute allure et lorsque l’utilisateur ne parvient pas à l’éviter, le système fait entendre un bruit de collision et la plate-forme vibre.» Les usagers sont heureusement soutenus à l’aide d’un harnais pour assurer leur sécurité.
Bradford McFadyen croit que ce système pourrait aider les victimes d’ACV en leur permettant d’entreprendre plus tôt un programme de réadaptation plus poussé, dans un environnement sécuritaire. «De plus, la réalité virtuelle offre un aspect ludique qui motive les patients», fait valoir le chercheur qui avoue avoir lui-même abondamment testé le système.
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