Une équipe d’étudiants en archéologie met au jour les fondations d’une ancienne villa d’été

Au fil des événements

24 août 2006

Histoire

Des vestiges du 19e siècle sur le campus

Une équipe d’étudiants en archéologie met au jour les fondations d’une ancienne villa d’été

par Yvon Larose

«Tout était enfoui à notre arrivée, explique Marie-Pier Desjardins, étudiante à la maîtrise en archéologie, sauf le petit mur bas du côté nord qui était en partie dégagé.» Au mois de juin, cette dernière a dirigé durant trois semaines une petite équipe de deux étudiants également inscrits à la maîtrise en archéologie. Les fouilles se sont déroulées à l’extrémité nord du campus, face au chemin Sainte-Foy, à l’orée d’un petit boisé situé à l’arrière de la Maison Michael-John-Brophy. Le projet, proposé par des étudiants et des professeurs en archéologie et financé par le Comité d’aménagement et de mise en œuvre (CAMEO) du Plan d’aménagement et de développement du campus de l’Université Laval, était placé sous la responsabilité de Réginald Auger, professeur au Département d’histoire. La présence, à cet endroit, d’un site archéologique potentiel avait été portée à l’attention des membres de la Commission d’aménagement de l’Université Laval à l’hiver 2004.

Les fouilleurs ont dégagé les fondations d’une villa d’été bourgeoise de bonnes dimensions, dont la construction remonterait, selon la recherche archivistique, au milieu du 19e siècle. «Le bâtiment devait mesurer 21 mètres de long par 7,5 mètres de large, indique Marie-Pier Desjardins. La fondation était en pierre, et nous pensons que la maison comprenait un rez-de-chaussée et un comble habité. Toute la structure était faite en bois. Mais comme nous n’avons pas retrouvé de bois ni aucune trace d’incendie, le bois a probablement été enlevé après l’abandon du bâtiment dans les années 1940.»

Les fouilleurs ont mis au jour une fondation d’une certaine profondeur, qu’ils croient être une cave. Dans la partie arrière du bâtiment, au niveau du rez-de-chaussée, l’espace pourrait avoir d’abord servi de latrine. Ensuite, on y aurait aménagé la cuisine d’été. «Un plan de 1942 indique bel et bien l’emplacement d’une cuisine d’été à cet endroit», souligne Marie-Pier Desjardins. Cette cuisine débouchait par un petit couloir sur des jardins bien garnis. On y trouvait un grand nombre de plantes, dont des vignes, des pommiers et des fleurs ornementales. Au centre du bâtiment, une bonne quantité de briques et de mortier a été trouvée. «Comme si une cheminée s’était écroulée, ou avait été jetée par terre», ajoute Marie-Pier Desjardins. Selon elle, la villa était probablement équipée de deux cheminées. Les fondations exhumées laissent voir une conduite d’eau. «Ce tuyau, précise-t-elle, faisait partie du système d’eau relié à l’aqueduc municipal. Il a été posé beaucoup plus tard que la construction du bâtiment.»

Des objets de la vie quotidienne
L’opération de fouilles a permis de retrouver un grand nombre de restes d’objets de la vie quotidienne, notamment des morceaux de céramique provenant de petites tasses, d’assiettes, de cruches et de pots de fleurs. Les objets entiers comprennent, entre autres, un artefact fabriqué en Nouvelle-Angleterre qui ressemble fort à un moulin à poivre, une petite poupée de porcelaine, un grelot que l’on attachait aux guides d’une carriole, de petites bouteilles de médicaments ainsi que quatre gros bidons à lait en métal assez bien conservés. Il faut mentionner que Michael John Brophy était laitier. Des os de boucherie, des boutons, des tuyaux et des fourneaux de pipes en plâtre, des clous laminés d’époque ainsi que des clous forgés plus anciens, des verrous et des charnières, figurent aussi au nombre des découvertes.

Une toile géotextile, recouverte d’une bonne couche de terre, protège désormais les vestiges. L’idée d’y tenir éventuellement un chantier-école d’archéologie a été évoquée. «Il n’y a pas de danger que l’on construise sur les vestiges de la villa d’été, indique, pour sa part, Claude Dubé, adjoint au vice-recteur exécutif et président du CAMEO. Le site sera probablement intégré à un espace vert préservé.»

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