Consommation
Visa le rouge
Les Québécois de 18 à 29 ans connaissent mal les rouages du crédit
Vrai ou faux? Lorsqu’on paye le montant minimum dû indiqué sur le relevé mensuel d’une carte de crédit avant la date d’échéance, aucuns frais d’intérêt ne sont facturés. Si vous êtes d’accord avec cet énoncé, vous faites erreur, à l’instar de près de la moitié des 980 jeunes Québécois âgés de 18 à 29 ans ayant participé à une étude portant sur les connaissances, les attitudes et l’endettement en matière de crédit. Au terme de cette recherche effectuée en 2004, les auteurs, Marie Lachance, Pierre Beaudoin et Jean Robitaille, professeurs au Département d’économie agroalimentaire et sciences de la consommation en concluent que, si les jeunes adultes québécois sont de plus en plus nombreux à posséder une carte de crédit (77 % des participants en détenaient au moins une), ils n’en connaissent cependant pas tous les rouages, avec les risques que cette méconnaissance a sur la santé de leur portefeuille.
«De nos jours, il est assez facile pour un jeune d’obtenir une carte de crédit, explique Marie Lachance. Contrairement à la démarche effectuée lors d’un prêt personnel où on rencontre une personne qui nous fournira des explications sur l’opération, la carte de crédit, elle, arrive par la poste et on ne prend pas toujours le temps de lire les textes écrits en petits caractères. Bref, on a la carte mais pas l’éducation qui vient avec.»
De dette en dette
L’étude révèle que la dette la plus fréquente chez les jeunes est le prêt étudiant, 40 % des participants l’ayant rapportée, avec un solde moyen de 7 489$. Vient ensuite le solde dû sur carte de crédit (1 122$ pour près de 35 % des répondants), suivi du prêt pour l’achat ou la location à long terme d’un véhicule, pour environ 20 % des personnes. Le montant moyen dû pour cette catégorie est le plus élevé, soit 9 436 $. Comme le souligne Marie Lachance, cette dette engendre de nombreuses autres dépenses: immatriculation, assurances, essence, entretien, en plus de comporter des remboursements mensuels relativement élevés. Enfin, les jeunes s’endettent pour acquérir des meubles et électroménagers (13 %) et pour emprunter à un proche (13 %). Près de 9 % détiennent un prêt hypothécaire (montant moyen de 88 644 $).
Du côté des perceptions face au crédit et à l’endettement, les avis sont plutôt partagés, environ 49 % étant totalement ou plutôt d’accord avec l’idée qu’il est normal aujourd’hui d’avoir des dettes et 42 % avec celle qu’il ne faut pas avoir peur d’utiliser le crédit. Par ailleurs, 45 % ne sont pas d’accord pour dire que le crédit permet d’avoir une meilleure qualité de vie et 37 % estiment que le crédit est synonyme de problèmes. La grande majorité (84 %) des répondants se dit toutefois en désaccord avec l’idée qu’il ne sert à rien d’économiser pour acheter des biens ou services. Selon les auteurs de l’étude, l’ambivalence qui anime les jeunes face au crédit montre bien qu’ils en perçoivent les avantages mais aussi les risques et les inconvénients.
«La réponse aux problèmes d’endettement réside en partie dans l’éducation aux questions financières, affirme Marie Lachance. Quand un jeune prend le volant d’une voiture pour la première fois, il est familier avec la signalisation routière, ayant déjà accompagné ses parents ou d’autres adultes. La même chose s’applique au crédit: on doit en connaître les mécanismes afin de pouvoir l’utiliser adéquatement. D’où l’importance que le jeune sache dans quoi il s’embarque. À cet égard, l’éducation et l’information en matière de crédit jouent un rôle crucial, que cela provienne de la famille, des médias, de l’école ou du gérant de la banque.»
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