Place à la fierté et à l’émotion
L’Université a décerné cette année 9 825 diplômes, soit 6 513 au premier cycle et 3 312 aux deuxième et troisième cycles
«La cérémonie était impressionnante et elle restera un beau souvenir. Je ne regrette pas d’être venue. Le décor et l’ambiance étaient parfaits. Ça représente un beau point final à mes études de baccalauréat en chimie. Une telle cérémonie permet aussi aux parents de comprendre un peu mieux le milieu dans lequel leurs enfants ont étudié.» Nul doute que Jessie Desbiens, qui poursuit ses études de chimie à la maîtrise, se souviendra longtemps de sa collation de grades. La cérémonie, qui honorait 386 diplômées et diplômés de la Faculté des sciences et de génie et de la Faculté des études supérieures, dont 27 au doctorat, s’est déroulée dans l’après-midi du dimanche 11 juin au Stade couvert du PEPS. Michel Thériault (maîtrise en génie électrique) y était. «L’image qui va me rester de la journée est qu’elle marque une étape importante de franchie dans mes études», a dit celui qui était inscrit au Tableau d’honneur de la Faculté des études supérieures en raison de l’excellence de ses résultats scolaires. «Et de pouvoir vivre ça avec mes collègues d’études est très plaisant.» À l’instar de ce dernier, Mathieu Boudreault (maîtrise en mathématique) poursuit lui aussi ses études au doctorat. «Je suis très satisfait que ce soit fait, a-t-il dit. C’est l’aboutissement de plusieurs années d’efforts et d’études incluant le bac. J’en profite pour remercier mes amis et ma famille pour leur soutien. J’ai aimé la cérémonie. C’était excellent.» Même réaction chez Estefania Echeverri Castano (baccalauréat en biologie) qui dit avoir trouvé la cérémonie extraordinaire. «C’était vraiment très beau, je suis très contente. L’Université a très bien fait les choses», a déclaré celle qui a déjà entrepris des études de maîtrise en neurobiologie.
Jessie, Michel, Mathieu et Estefania figurent parmi les 2 640 étudiantes et étudiants à avoir participé cette année aux séances de collation des grades. Ces participants représentent environ le quart de l’ensemble des diplômés de l’année académique 2005-2006 (été, automne, hiver) qui totalise 9 825 personnes. Les diplômées et diplômés au baccalauréat, au diplôme et au certificat de premier cycle représentent les deux tiers de ce total, soit 6 513 personnes. Soixante pour cent de l’ensemble des diplômés sont des femmes.
La collation des grades est un événement majeur par lequel l’Université souligne avec faste la fin d’un cycle d’études chez ses étudiantes et étudiants. Cette célébration de l’effort, de la persévérance et de la réussite a lieu annuellement, au mois de juin, dans le vaste Stade couvert du PEPS. La remise des diplômes nécessite sept cérémonies distinctes qui se déroulent sur deux fins de semaine consécutives. Avec les nombreux dignitaires et ceux et celles qui accompagnaient les diplômés, on estime qu’environ 15 000 personnes ont assisté aux cérémonies qui se sont tenues, cette année, les 10, 11, 17 et 18 juin.
Un moment privilégié
Cet après-midi-là, la vaste salle baignant dans la pénombre et décorée de grandes bannières aux couleurs institutionnelles se remplissait peu à peu. Tous les groupes d’âges étaient représentés, des tout jeunes enfants jusqu’aux vénérables aînés. Derrière le cordon de sécurité, de nombreux parents, conjoints et amis attendaient patiemment le départ du défilé des diplômés pour photographier ou filmer au passage qui leur enfant, qui leur conjoint(e), qui leur ami(e). Puis, les diplômés, revêtus de la toge noire attachée d’une boucle rouge, ont fait leur entrée au son du fameux et solennel Pomp and Circumstance Marches, de sir Edward Elgar. Tous souriaient. L’émotion était palpable. La joie était au rendez-vous. L’extrait musical, repris en boucle, a joué jusqu’à ce que tous les diplômés soient assis à la place qui leur avait été assignée au centre de la salle. Aussitôt après, le défilé des dignitaires s’est mis en branle. Edward Elgar a cédé la place, dans les hauts parleurs, à Georg Friederich Haendel et à l’ouverture de sa Music for the Royal Fireworks. Yannick Laroche, étudiant finissant en génie physique, a eu l’honneur d’ouvrir le défilé (voir autre texte). Il portait la masse de l’Université, laquelle symbolise l’autorité en vertu de laquelle l’Université confère les grades universitaires.
«Votre choix du secteur des sciences et du génie vous a amenés au cœur de l’évolution technologique de notre monde», a souligné le recteur Michel Pigeon dans son allocution aux diplômés. Citant Daniel Goldin, l’ex-directeur de la NASA lorsqu’il s’adressait à des diplômés du MIT, le recteur a insisté sur la notion d’échec qui fait partie intégrante de la démarche de l’ingénieur tourné vers l’innovation. «La véritable démonstration de votre caractère, disait Goldin, ne provient pas de la façon dont vous réagissez à vos succès, dont je sais qu’ils seront nombreux. C’est comment vous réagirez aux échecs, car vous en aurez, d’autant plus que vous serez audacieux pendant votre vie.»
Vivre ses rêves avec passion
Le recteur a ensuite procédé à la remise d’un doctorat ès sciences honoris causa à Jody Deming, professeure en océanographie biologique et en biologie spatiale à l’Université de Washington à Seattle. Elle est également présidente de l’International Arctic Polynya Program de l’Arctic Ocean Sciences Board. La récipiendaire fait partie des équipes pluridisciplinaires internationales qui utilisent l’Amundsen, le brise-glace de recherche de l’Université Laval. Elle est membre de l’Académie nationale des sciences des États-Unis. Jody Deming a revêtu l’épitoge et signé le Livre d’or de l’Université. Puis, elle s’est adressée aux diplômés. «Cette récompense démontre de façon élégante que le langage de la science est universel, que nos professions ne connaissent aucune frontière, a-t-elle déclaré. Comme nouveaux diplômés, vous avez l’opportunité et la responsabilité d’assumer le rôle de diffuseurs de connaissances et d’ambassadeurs sans frontières.» Selon elle, le savoir est puissant. «Mais, a-t-elle ajouté, seul le savoir développé et partagé généreusement peut changer le monde pour le mieux. Vivez vos rêves avec passion et partagez vos talents généreusement.»
Le recteur a par la suite remis la médaille d’or ainsi que la médaille d’argent de la Gouverneure générale du Canada respectivement à Pierre Bolduc, finissant au programme de maîtrise en génie civil, et à Cynthia Boudrault, finissante au baccalauréat en biochimie. Puis, il a fait la remise des diplômes du premier cycle. Par après, Jean Sérodes, doyen de la Faculté des sciences et de génie, s’est rendu à la tribune pour s’adresser aux diplômés. «Vous êtes parmi celles et ceux dont on attend beaucoup au Québec pour contribuer au développement de la culture scientifique, technologique et industrielle, cultures qui sont devenues des impératifs indissociables pour assurer le bien-être actuel et futur de notre société», a-t-il expliqué. Le doyen a invité les diplômés à garder à niveau leurs acquis et compétences et à en assimiler sans cesse d’autres comme la gestion, la protection de l’environnement et le professionnalisme.
Les finissantes et les finissants des deuxième et troisième cycles se sont ensuite dirigés vers la scène pour recevoir leur diplôme des mains du recteur. Juste avant, Marc Pelchat, doyen de la Faculté des études supérieures, a dit aux diplômés: «Cette réussite, c’est la vôtre, et elle fait aussi notre fierté à tous et à toutes.»
La cérémonie a pris fin par le défilé de clôture. Les diplômés se sont d’abord levés puis sont demeurés à leur place pendant que les dignitaires quittaient la scène pour se rendre au salon protocolaire. Les accompagnait une version instrumentale de l’hymne de l’Université Laval, Savoir et beauté, une œuvre originale de Jeanne Landry. Ensuite, vinrent des retrouvailles empreintes d’émotions. Le sourire aux lèvres et avec une fierté évidente dans le regard, parents et grands-parents, frères et sœurs, amis, conjoints et enfants ont accueilli chaleureusement les héros du jour.
L’instruction ne suffit pas
En matinée du même jour, 188 étudiantes et étudiants, dont 19 au doctorat, de la Faculté de foresterie et de géomatique, de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, et de la Faculté des études supérieures, ont reçu leur diplôme des mains du recteur. Ce dernier a également décerné un doctorat en sciences forestières honoris causa à Joseph Kruger II, président du conseil d’administration et chef de la direction de la société Kruger. Cette entreprise québécoise, leader de l’industrie des pâtes et papiers, emploie plus de 10 000 personnes à travers le monde. Le partenariat de Kruger avec l’Université Laval a pris notamment la forme d’une participation annuelle à la semaine des sciences forestières et d’une participation à l’édification d’un nouveau pavillon d’enseignement et de recherche consacré au génie du bois. Dans son discours, ce dernier a d’abord tenu à partager son doctorat honorifique avec son grand-père Joseph, qui a fondé l’entreprise familiale en 1904, et avec son père Gene H., qui en a assuré le développement pendant plus d’un demi-siècle. Il a ajouté que son secteur industriel faisait face aujourd’hui à d’énormes défis. Et qu’il y en aurait d’autres dans l’avenir. «La bonne nouvelle est que nous disposons comme jamais auparavant d’une relève instruite et diplômée pour relever ces défis», a-t-il dit. Selon Joseph Kruger II, l’instruction, bien qu’indispensable, ne suffit pas. «Restez toujours ouverts au changement, a-t-il recommandé aux diplômés. Soyez prêts à vous déplacer et à acquérir de nouvelles connaissances. Soyez loyaux envers votre entreprise. Appréciez votre travail. Travaillez fort et en équipe. Les résultats seront au rendez-vous. Enfin, soyez innovateurs. Augmentez chaque jour vos connaissances et n’arrêtez jamais d’apprendre. C’est la seule vraie façon de prospérer.»
Le jour précédent, au cours de la première séance de collation des grades, Michel Pigeon avait décerné 565 diplômes à autant de finissantes et de finissants des facultés de Médecine, de Médecine dentaire, de Pharmacie, des Sciences infirmières et de la Faculté des études supérieures. On comptait 14 finissantes et finissants au doctorat parmi eux.
Trois autres récompenses
La seconde fin de semaine de collation des grades a pris son envol, le samedi 17 juin, en présence de 320 finissantes et finissants de la Faculté des sciences de l’administration et de la Faculté des études supérieures. Cinq nouveaux «Ph.D.» faisaient partie du groupe. Le fait saillant de cette cérémonie tenue en matinée a été la remise, par le recteur, de la médaille d’or de la Gouverneure générale du Canada à Blandine Nganso Njonou, finissante au programme de maîtrise en administration des affaires (comptabilité). Cette étudiante était également inscrite au Tableau d’honneur de la Faculté des études supérieures. En son absence, Bernard Lamond, professeur au Département d’opérations et systèmes de décision, a reçu la médaille. Mentionnons la présence, parmi les diplômés de cette faculté, de Léonie Lemay, finissante au baccalauréat en administration des affaires. Cette étudiante est récipiendaire, à l’Université Laval, du Prix du Lieutenant-gouverneur du Québec pour l’année 2006.
L’après-midi du 17 juin a permis à 400 étudiantes et étudiants, dont 16 nouveaux Ph.D., de recevoir leur diplôme des mains du recteur Pigeon. La Faculté de droit, la Faculté des sciences sociales et la Faculté des études supérieures, ainsi que l’Institut québécois des hautes études internationales étaient à l'honneur. Maude Cantin-Drouin, finissante au baccalauréat en service social, s’est vue remettre, par le recteur, la médaille d’argent de la Gouverneure générale du Canada.
Un parcours inhabituel
Trois cent soixante et onze finissantes et finissants, dont 13 nouveaux Ph.D., ont envahi le Stade couvert dans la matinée du dimanche 18 juin. La séance était consacrée aux facultés de Philosophie, des Sciences de l’éducation, de Théologie et de Sciences religieuses, et des Études supérieures, ainsi qu’à la Direction du baccalauréat multidisciplinaire. Ernst von Glasersfeld, professeur-chercheur associé au Scientific Reasoning Research Institute de l’Université du Massachusetts, a reçu un doctorat en sciences de l’éducation honoris causa des mains du recteur. Le récipiendaire est reconnu mondialement comme l’un des pères du constructivisme. Ses travaux, marqués au sceau de l’interdisciplinarité, ont profondément changé l’approche des phénomènes de la cognition et de l’acquisition des savoirs. Dans son allocution, il a souligné l’apport de ses différentes expériences de vie à la diffusion de sa théorie, le constructivisme radical. «Fermier en Irlande pendant la guerre, ensuite journaliste en Italie puis membre d’un groupe de recherche cybernétique sur le langage, enfin professeur de psychologie cognitive aux États-Unis, toutes ces étapes m’ont appris des choses dont je n’avais aucune idée auparavant, a-t-il expliqué. Chacune m’a aidé à rendre plus accessibles les idées fondamentales du constructivisme.»
L’ultime séance de collation des grades réunissait les facultés d’Aménagement, d’Architecture et des Arts visuels, des Lettres, de Musique et des Études supérieures. Le recteur a remis 410 diplômes à cette occasion, dont 15 nouveaux doctorats. Il a également décerné un doctorat ès lettres honoris causa à Janette Bertrand, auteure, animatrice et vulgarisatrice réputée. Cette communicatrice hors pair a accompli un important travail d’éducation populaire et exercé une grande influence sur l’évolution de la société québécoise. Pendant plus d’un demi-siècle, elle a lutté contre les préjugés, la violence et les inégalités. Dans son discours (voir l'encadré en ces pages), la récipiendaire a insisté sur la chance qu’elle a eue de poursuivre des études jusqu’à l’université et sur la responsabilité qu’elle ressentait vis-à-vis des femmes de sa génération qui n’avaient pas pu faire d’études. Une fois obtenu son diplôme universitaire en lettres, Janette Bertrand s’est donné comme objectif de se servir des médias «pour essayer d’apporter quelque chose à ces filles-là qui n’ont pas eu ma chance».
Le recteur Michel Pigeon a ensuite remis la médaille d’or de la Gouverneure générale du Canada à Madeleine Pastinelli, finissante au programme de doctorat en ethnologie des francophones en Amérique du Nord. La récipiendaire était également inscrite au Tableau d’honneur de la Faculté des études supérieures. Par la suite, le recteur a effectué la remise des diplômes.
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