
Ormes sous observation
Guy Bussières effectuera une tournée des ormes du campus pour prévenir la propagation de la maladie hollandaise
La plupart des ormes de la Cité universitaire sont en bonne santé, mais il faut encore les garder sous haute surveillance pour éviter la propagation de la maladie hollandaise, insiste Guy Bussières de la Faculté de foresterie et de géomatique. Responsable de travaux pratiques et de recherche au Département des sciences du bois et de la forêt, ce spécialiste en foresterie urbaine et en pathologie des arbres rendra visite à chacun des ormes du campus au cours des prochaines semaines pour établir leur état de santé.
Combien y en a-t-il? «On ne connaît pas exactement leur nombre, mais si on compte les arbres d’alignement et ceux qui poussent dans les boisés, il doit y en avoir entre 600 et 700», estime-t-il. Les plus beaux spécimens, âgés d’une cinquantaine d’années, forment d’élégants alignements le long du Grand axe et de la rue de la Terrasse. Le pavillon de l'Est s'enorgueillit quant à lui d'arbres encore plus vénérables dont le doyen aurait plus de 250 ans. L'Université suit de près l'état de santé de ses ormes depuis le début des années 1980.
Lors de sa tournée des ormes, Guy Bussières sera à l’affût des principaux symptômes de la maladie hollandaise: flétrissement du feuillage, brunissement et chute des feuilles. «Si plus de 10 % du feuillage est touché, l’arbre sera abattu dans les jours qui suivent par une équipe du Services des immeubles, explique-t-il. En bas de 10 %, on pratique un élagage chirurgical pour prévenir la propagation du champignon qui cause la maladie. En bas de 5 %, on injecte également un fongicide dans l’arbre malade.» Cette dernière situation se produit rarement parce que la maladie se manifeste le plus souvent de façon foudroyante.
L’année dernière, une trentaine d’ormes ont dû être abattus sur le campus. Depuis 2002, on parle d’une cinquantaine de victimes. Selon Guy Bussières, deux facteurs expliquent cette tendance à la hausse: les étés relativement secs que nous avons connus accroissent la vulnérabilité de l’orme et une deuxième espèce d’insecte vecteur de la maladie – le scolyte européen – a fait son apparition dans la région de Québec.
Guy Bussières coordonne d’ailleurs le réseau de piégeage des scolytes de l’orme dans la ville de Québec. «Québec avait un programme contre la maladie hollandaise de l’orme, mais les anciennes municipalités maintenant fusionnées n’en avaient pas», précise-t-il. Dans le cadre d’un stage en foresterie urbaine, six étudiants de la Faculté de foresterie et de géomatique effectuent cet été un inventaire des ormes de tout le territoire de la nouvelle ville ainsi que la surveillance de la maladie hollandaise.
Même si l’état de santé des ormes du campus est assez bon, Guy Bussières émet un bémol: on ne prend pas suffisamment de précautions pour protéger ces arbres lors de la construction ou de la rénovation de pavillons, déplore-t-il. «Les plans d’architecte devraient être conçus de façon à préserver ces arbres. On pourrait aussi mieux les protéger lors des travaux. On ne semble pas réaliser que ces arbres majestueux font partie de notre patrimoine.»

|
|