
Supermarché-école: une autre étape
est franchie
Le Conseil d'administration donne son accord
de principe, les associations étudiantes exigent davantage
de transparence
Le mercredi 17 mai, le Conseil d'administration, réuni
en séance ordinaire, a donné son accord de principe
à un projet novateur, celui de la construction sur le
campus d'un édifice abritant un centre de formation et
de recherche en alimentation de type "supermarché-école".
Ce centre viendrait en appui à une chaire capitalisée
en commerce de détail et chaîne d'approvisionnement
en alimentation qui serait constituée d'un don initial
d'au moins deux millions de dollars. Dix membres se sont prononcés
en faveur de la résolution, quatre ont voté contre
et deux se sont abstenus.
Ce faisant, le Conseil donne son accord aux porteurs du dossier
pour entreprendre des démarches, puis des négociations
sur le financement et les coûts du projet auprès
d'un ou des partenaires potentiels. Une fois complété,
le dossier sera soumis au Conseil d'administration en vue d'une
approbation finale. Il devra contenir l'assurance du respect
intégral des valeurs de l'Université ainsi que
la préservation de ses intérêts. Les démarches
et négociations devront donc viser notamment à
préserver et à garantir la liberté universitaire
des chercheurs impliqués dans la chaire de recherche associée
à ce centre, et ce, tant pour le choix des recherches
que pour la divulgation des résultats de celles-ci. Elles
devront viser aussi à ce que le partenaire accepte la
prépondérance des missions de formation et de recherche
sur celle de la rentabilité, dans la gestion de l'épicerie
associée à ce centre.
"Le Conseil s'est montré sensible aux réserves
exprimées, mais les membres souhaitent aller de l'avant
dans les négociations de ce projet qui pourrait offrir
une occasion unique de formation, de recherche et de développement
des connaissances, tout en respectant les valeurs de l'Université
et l'intégrité scientifique essentielle à
la recherche universitaire", a déclaré Pierre
Delisle, membre du Comité exécutif et porte-parole
du Conseil d'administration dans ce dossier. Rappelons que les
membres du Conseil s'étaient réunis le 11 mai dernier
pour une séance d'information au cours de laquelle ils
ont reçu des renseignements détaillés sur
la nature du projet.
Un édifice de quelque 4 000 mètres carrés
Le projet prévoit la construction d'un édifice
de l'ordre de 4 000 mètres carrés à l'extrémité
nord-ouest du campus. Le terrain aurait une superficie totale
d'environ 10 000 mètres carrés. Il s'agirait d'un
véritable magasin d'alimentation accessible à la
population en général. Sauf qu'il présenterait
des caractéristiques particulières de flexibilité
organisationnelle, de moyens de cueillette de données
directement en magasin et d'accessibilité aux chercheurs,
professeurs comme étudiants. Véritable laboratoire
"grandeur nature", cette plate-forme consacrée
à la formation aux trois cycles aurait un volet innovation
et un volet développement de nouvelles connaissances en
marchandisage alimentaire et en distribution alimentaire. Lieu
de stage, de formation pratique, d'études de cas et de
projets spéciaux, le supermarché-école servirait,
entre autres, aux étudiants d'agriculture et alimentation,
d'administration, de relations industrielles et d'informatique.
Sur le plan juridique, le terrain serait loué par bail
emphytéotique pour trente ans, à la valeur du marché
pour toute la superficie utilisée. L'entreprise construirait
à ses frais le bâtiment et les installations de
recherche et de formation. Elle assumerait aussi une partie du
paiement des infrastructures nécessaires.
Les étudiants réagissent
Les deux plus importants regroupements d'étudiants
de l'Université, la CADEUL et l'AELIÉS, ont réagi
négativement, par voie de communiqué, à
la décision du Conseil d'administration. "Nous sommes
déçus que le Conseil ait donné son aval
à un projet opaque, non débattu, et nous demandons
qu'il y ait enfin une consultation honnête de la communauté
universitaire", a déclaré Nicolas Fontaine,
président de la Confédération des associations
d'étudiants et d'étudiantes de l'Université
Laval. Quant à Simon Leclerc, vice-président exécutif
de l'Association des étudiantes et des étudiants
de Laval inscrits aux études supérieures, il a
qualifié de "très nuisible pour l'image de
l'Université" le fait de soumettre une partie de
ses terrains aux lois du marché concurrentiel de la distribution
alimentaire. "Il s'agit d'un non-sens de ne pas saisir le
Conseil universitaire d'un dossier aussi majeur, il doit donner
son point de vue sur le contenu pédagogique du projet."
Rappelons, par ailleurs, que la séance du 17 mai s'est
tenue ailleurs qu'en la salle du Conseil, l'endroit étant
occupé par de nombreux étudiants venus manifester
bruyamment leur opposition au projet.
Le 15 mai, lors d'un point de presse qui réunissait des
représentants de la CADEUL, de l'AELIÉS, du Syndicat
des chargées et chargés de cours, et de l'Association
générale des étudiants en agriculture, alimentation
et consommation (AGÉTAAC), Caroline Grégoire, présidente
de l'AGÉTAAC, a dit préconiser une approche consultative
dans le dossier. "L'AGÉTAAC, a-t-elle déclaré,
est en faveur de la poursuite des négociations du projet
tant que nos revendications en ce qui a trait à la gérance
et à la liberté de recherche des étudiants
sont respectées." L'association demande, entre autres,
qu'aucun représentant du distributeur alimentaire ne siège
au comité pédagogique du supermarché-école.

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