
Le dialogue des infirmières
Comme autrefois, celles qui se destinent
à cette profession ont la parole vivifiante et la vocation
dans le sang
Elles viennent du Québec, d'Haïti, de la France,
de la Belgique, de la Suisse, de la Roumanie et du Maroc. Elles
en sont à leur dernière année d'études
collégiales ou ont commencé des études universitaires.
Toutes partagent le même enthousiasme pour leur future
profession, celle d'infirmière. Plaçant le dialogue
au coeur de leur relation avec le patient, toutes considèrent
également qu'il existe une différence entre "prendre
soin" et "donner un soin".
C'est ce qui se dégage des discussions émanant
du forum étudiant sur la relève infirmière
qui a eu lieu le 17 mai à Québec, lors du 3e Congrès
mondial de la SIDIIEF (Secrétariat international des infirmières
et infirmiers de l'espace francophone). La Faculté des
sciences infirmières de l'Université participaient
à l'organisation de cet événement réunissant
quelque 1500 infirmières et infirmiers en provenance de
26 pays de la Francophonie.
Sans dialogue, le soin donné au patient s'apparente à
un rendez-vous manqué, ont convenu les participantes au
forum. Qu'elle soit verbale ou non verbale, la communication
s'établit grâce à un regard, un sourire ou
une parole bienveillante. Par exemple, un soin prodigué
dans un silence de plomb et sans aucune interaction peut être
"souffrant" non seulement pour le patient mais aussi
pour l'infirmière. De part et d'autre, on gagne donc à
humaniser les rapports, et ce, dans une perspective d'enrichissement
mutuel.
"Savoir communiquer avec un patient afin qu'il se sente
à l'aise et en confiance s'avère parfois plus important
que de bien réussir un pansement", affirme Isaline
Bouchez, de Belgique. Si les compétences techniques sont
importantes, elles doivent être aussi accompagnées
de chaleur humaine." De son côté, la suissesse
Aurore Lugon-Moulin a découvert qu'un simple geste pouvait
enjoliver la journée d'un malade. Ayant remarqué
que jamais personne ne prenait le temps d'aller passer quelques
minutes avec les patients au salon de l'hôpital où
elle effectuait un stage, l'étudiante décide un
jour de briser la routine. "Nous avons regardé la
télévision et il ne s'est rien passé de
spécial, se souvient-elle. Mais j'étais bien et
je me sentais à ma place."
S'adapter aux circonstances
Certaines infirmières en herbe ont partagé
des expériences qui ont changé leur vision de la
profession. C'est le cas de la québécoise Myriam
Gauthier qui dit avoir tiré une grande leçon d'humilité
d'un stage effectué en Inde. "Moi qui pensait aider
des femmes à accoucher, soigner des plaies profondes,
peut-être même sauver des vies, je n'ai rien fait
de tout cela, dit-elle. En revanche, j'ai dû m'adapter
à la réalité et aux besoins des gens."
Développer des attitudes adaptées aux circonstances
revient d'ailleurs souvent dans la bouche de ces futures infirmières.
Un malade fait-il la grimace quand on lui apporte son repas?
Il peut ne pas avoir faim, souffrir, ou simplement vouloir attirer
l'attention. Une vieille dame se plaint constamment et refuse
une fois sur deux qu'on lui fasse sa toilette? "Surtout,
ne restons pas indifférentes face à ses manifestations
qui témoignent d'un mal de vivre, dit Isaline Boucher.
Prenons le temps de comprendre. S'il est souvent mal perçu
de prendre du temps dans notre profession, ce temps pourrait
bien nous en faire gagner."
Globalement, les participantes ont affirmé que l'enseignement
reçu jusqu'à maintenant répondait à
leurs attentes. Certaines différences culturelles sont
toutefois présentes comme au Maroc, où les échanges
sur la qualité des soins sont très rares, l'accent
étant mis sur la théorie. Par ailleurs, en Roumanie,
le partenariat entre l'équipe de soignants et les étudiantes
ne va pas de soi. Cela dit, les participantes au forum estiment
qu'elles ont fait un bon choix de carrière et voient leur
profession comme le moyen par excellence de s'épanouir
dans la vie.

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