
Emplois à risque?
Les conditions de travail de la future
maman influencent la croissance de son enfant
Certaines caractéristiques des emplois occupés
par des femmes enceintes les prédisposent à donner
naissance à des enfants de petit poids, rapporte une équipe
de la Faculté de médecine dans le dernier numéro
de l'American Journal of Public Health. Heureusement,
signalent les chercheures, il y a moyen de prévenir cette
éventualité en modifiant les conditions de travail
avant la 24e semaine de grossesse.
Agathe Croteau, maintenant chercheure à l'Institut national
de santé publique du Québec, Sylvie Marcoux et
Chantal Brisson ont mesuré l'impact de certaines caractéristiques
de l'emploi de 6 000 travailleuses québécoises
sur le poids à la naissance de leurs enfants. Les chercheures
ont comparé les conditions de travail de 1 538 femmes
qui ont donné naissance à un enfant de petit poids
à celles de 4 441 femmes qui ont eu un enfant de poids
plus élevé. À noter que, dans le cadre de
cette étude, les enfants de petit poids sont des bébés
dont le poids les place sous la barre du dixième percentile
(90 % des bébés sont plus gros qu'eux) compte tenu
de leur âge gestationnel et de leur sexe.
Les chercheures ont isolé six facteurs reliés à
l'emploi qui influençaient le risque d'avoir un enfant
de petit poids: les horaires irréguliers, le travail de
nuit, le travail en station debout pendant au moins quatre heures
par jour, la manutention d'objets lourds, le bruit ainsi que
les postes combinant une demande psychologique élevée
et un faible soutien social au travail. À elle seule,
l'irrégularité de l'horaire de travail fait grimper
de 30 % ce risque. La combinaison de deux facteurs ou plus accroît
de façon additive la probabilité que le bébé
soit de petit poids. Lorsque le nombre de facteurs est de deux,
trois ou quatre ou plus, le risque augmente respectivement de
28 %, de 43 % et de 129 %.
Les chercheures ont tiré parti de la réglementation
sur le retrait préventif à laquelle ont droit les
travailleuses québécoises pour vérifier
si un changement dans les conditions de travail influençait
l'issue de la grossesse. Selon leurs calculs, la probabilité
d'avoir un enfant de petit poids retourne presque à la
normale lorsque les conditions de travail qui augmentent les
risques sont modifiées avant la 24e semaine de grossesse.
"Plus le retrait préventif ou la réaffectation
survient tardivement pendant la grossesse, moins il y a d'effet
sur la réduction du risque", souligne toutefois Agathe
Croteau.

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