Taxi pour l'éternité
Les spécimens naturalisés
des collections de l'Université se taillent la part du
lion au Musée de l'Amérique française
Présentée au Musée de l'Amérique
française jusqu'en mars 2007, l'exposition "Pour que nature vive" offre aux visiteurs une plongée
dans le monde animal et même végétal. Une
excursion où de très nombreux spécimens
naturalisés des collections de l'Université Laval
se taillent la vedette. À l'entrée de l'exposition,
un concert de chants d'oiseaux salue les visiteurs, tandis que
dans les vitrines les volatiles naturalisés déploient
leurs plus beaux ramages. Regroupés dans une seule salle
du Musée, une centaine de spécimens naturalisés,
à plumes, à poil, à écailles, racontent
la diversité de la nature mais également la fragilité
du milieu vivant face à la pollution ou la constante destruction
de leur habitat. Adaptée d'une exposition du Musée
d'histoire naturelle de Paris, "Pour que nature vive" souligne
aussi les émotions parfois contradictoires qui assaillent
les humains devant le spectacle de la nature. L'étonnement,
l'attendrissement, la peur ou même le dégoût
constituent ainsi autant de zones dans l'exposition pour découvrir
ici un énorme ours polaire, là de fragiles bébés
manchots ou encore de bizarres crapauds conservés dans
le formol.
L'exposition permet d'autre part la mise en valeur de la collection
de sciences naturelles du Musée du Séminaire de
Québec ainsi que celle de l'Université Laval. Une
bonne partie des spécimens naturalisés, oiseaux
et mammifères, conservés dans les collections muséographiques
de l'Université Laval, proviennent du Musée National
des beaux-arts du Québec lorsque cette institution a abandonné
son volet sciences naturelles dans les années 1960. Depuis
les années 1970, l'Université Laval abrite donc
la collection à des fins de recherche mais aussi de diffusion,
tout en continuant à l'enrichir. Cependant, certains spécimens
voyagent très rarement. "Pour que nature vive" constitue
donc une occasion exceptionnelle pour les découvrir.
C'est le cas par exemple d'oiseaux comme la tourte voyageuse
et la perruche de Caroline qu'une chasse intensive a contribué
à rayer du ciel nord-américain. "Je ne sors
jamais ces oiseaux disparus de leur armoire, précise Gisèle
Wagner, spécialiste en ressources documentaires aux Collections
de l'Université Laval, car il faut les protéger
de la lumière qui abîme les couleurs de leurs plumes.
D'ailleurs l'éclairage de l'exposition a été
réduit le plus possible pour les préserver."
Consciente de l'importance de ces spécimens puisqu'il
n'existe plus de modèles vivants pour en créer
d'autres aujourd'hui, la responsable a convenu avec le Musée
d'opérer une rotation avec des oiseaux semblables d'ici
cinq mois. Même sortie rarissime pour l'impressionnant
ours polaire, un animal du zoo de Québec mort dans les
années 1930, ainsi que le grizzly et le cobra dont la
taille limite les déplacements.
L'exposition permet aussi de mettre en lumière l'imagination
créatrice de la nature. Bien malin, par exemple, qui peut
distinguer les papillons-feuille du feuillage sur lequel ils
se posent, ou les phasmes des brindilles environnantes puisque
la couleur de ces insectes varie selon les saisons. La variété
et l'harmonie des teintes portées par le faisan doré
et le canard mandarin impressionnent également. Ce nouveau
venu dans les collections de l'Université Laval provient
d'un élevage qui a accepté de faire naturaliser
un de ses spécimens une fois décédé.
"Il n'est pas rare que les taxidermistes nous contactent
lorsque des gardes-chasse leur remettent des proies saisies,
explique Gisèle Wagner, ce qui nous permet d'enrichir
notre collection." Son spécimen préféré
dans l'exposition? Le savacou huppé, un oiseau dont le
large bec l'aide à ramasser des crevettes dans les marais.
La responsable des collections de l'Université Laval apprécie
son air coquin, et son allure de général!
L'exposition "Pour que nature vive", est présentée
jusqu'au 27 mars 2007 au Musée de l'Amérique française,
2, côte de la Fabrique, dans le Vieux- Québec.
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