
Crash!
Chez les victimes d'accidents, le risque
de mortalité est plus élevé lorsque les
deux blessures les plus graves touchent différentes parties
du corps
À la suite d'un grave accident, vaut-il mieux que ses
deux pires blessures soient dans différentes parties du
corps ou dans la même? Une équipe de chercheurs
de la Faculté de médecine vient de trancher la
question: pour des blessures de sévérité
comparable, le risque de mortalité est 75 % plus élevé
lorsque différentes parties du corps sont touchées,
rapportent-ils dans un récent numéro du Journal
of Trauma : Injury, Infection and Critical Care.
Pour arriver à cette conclusion, Lynne Moore, André
Lavoie, Natalie Le Sage et leurs collègues de Montréal
et de Sherbrooke, Moishe Liberman et Éric Bergeron, ont
analysé 15 200 accidents survenus au Québec entre
avril 1998 et mars 2004. Ces cas incluent principalement des
accidents de la route, mais également des accidents de
travail, des chutes, etc. Les données concernant les blessures
subies par ces victimes figurent dans le Registre des traumatismes
du Québec et elles couvrent les personnes qui, à
la suite d'un grave accident, ont été hospitalisées
pendant trois jours ou plus, ont été admises dans
une unité de soins intensifs, ont été transférées
dans un établissement pour y recevoir des soins spécialisés
ou sont décédées de leurs blessures.
Les chercheurs avancent deux hypothèses pour expliquer
comment la géographie corporelle des blessures peut se
répercuter sur la survie. D'abord, sur le plan physiologique,
les mécanismes de compensation de l'organisme sont peut-être
plus efficaces lorsque les blessures sont dans la même
partie du corps, ces blessures n'étant pas alors véritablement
indépendantes. Par ailleurs, du point de vue clinique,
des blessures dans différentes parties du corps peuvent
exiger l'intervention de plusieurs équipes de spécialistes
un neurochirurgien et un chirurgien vasculaire par exemple
- de sorte que pendant qu'une blessure est soignée, l'autre
est négligée. "Il y a une limite physique
au nombre de personnes qui peuvent s'affairer simultanément
autour d'un patient", souligne André Lavoie.
Ce n'est pas pour assouvir une curiosité morbide que les
chercheurs s'adonnent à pareilles études, mais
bien pour évaluer l'efficacité des soins prodigués
aux personnes victimes de graves traumatismes et ainsi déterminer
le mode d'intervention à privilégier. "La
recherche évaluative sur les soins dispensés aux
personnes qui subissent de graves blessures a son importance
compte tenu que les traumatismes sont la principale cause de
mortalité chez les moins de 45 ans", précise
le professeur Lavoie.

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