VISAF pour l'Afrique
Près de 300 étudiants africains
reçoivent dans leur pays une formation à distance
en informatique offerte par l'Université Laval
Ils sont Africains, ils se rendent chaque jour de leur vie
dans une université de leur pays pour y suivre des cours,
mais leurs professeurs sont à des milliers de kilomètres
de là. Inscrits en bonne et due forme à l'Université
Laval, ces 297 étudiants de Mauritanie, du Sénégal,
du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Bénin, du Cameroun
et du Burundi profitent d'un programme de formation à
distance mis sur pied par le Département d'informatique
et de génie logiciel. S'ils réussissent tous leurs
cours, ils décrocheront un diplôme de premier cycle
portant le sceau de l'Université Laval.
Le projet Virtuel au service de l'Afrique francophone (VISAF),
piloté par l'Association des universités et collèges
du Canada en partenariat avec l'Université virtuelle africaine
(UVA) et l'Université Laval, vise à former des
spécialistes en informatique qui viendront appuyer le
développement des économies locales des pays francophones
d'Afrique. Par l'intermédiaire du professeur Pierre Marchand,
le Département d'informatique et de génie logiciel
a reçu le mandat d'adapter le contenu de ses cours de
baccalauréat en informatique de façon à
pouvoir les donner à distance en mode simultané.
"À partir de son poste de travail et grâce
à un lien Internet satellitaire, l'enseignant diffuse
la matière de son cours sous forme de document PowerPoint
et ses commentaires sont entendus en direct par les étudiants
rassemblés dans des salles de cours de dix universités
africaines, explique le directeur des opérations du projet
VISAF, Pierre Comeau. Les étudiants voient les diapositives
sur écran, ils entendent la voix de l'enseignant et ils
peuvent lui poser des questions en direct ou par courriel. Tous
les cours sont enregistrés de sorte que les étudiants
peuvent les consulter après coup."
Contraintes et promesses
Les enseignants donnent des cours six jours par semaine à
partir de leur bureau ou de leur lieu de résidence. "Il
a fallu tenir compte du décalage horaire (entre cinq et
huit heures), de la prière du vendredi pour les étudiants
musulmans et du couvre-feu en vigueur dans certains pays pour
établir la grille horaire", signale Pierre Comeau.
Certains enseignants donnent leurs cours très tôt
le matin avant d'entreprendre leur journée régulière
de travail.
Les évaluations ne sont pas une mince affaire non plus.
Les enseignants préparent les examens et ils les acheminent
par Internet aux dix universités africaines où
les étudiants suivent leurs cours. Là, les documents
sont imprimés et les responsables locaux surveillent les
étudiants pendant les épreuves. Les copies reviennent
à Québec pour correction et des photocopies des
examens corrigés sont retournées par la poste aux
étudiants. "Comme il y a de deux à trois évaluations
par cours, les frais de photocopie et de poste dépassent
5 000$ par année", précise Pierre Comeau.
VISAF a accueilli ses premiers étudiants ils étaient
87 à la session d'hiver 2004. À l'automne
2005, 210 étudiants se sont joint à eux et une
troisième cohorte s'ajoutera cet automne. "Les critères
d'admission sont les mêmes que ceux qui prévalent
pour les étudiants étrangers qui viennent étudier
sur le campus", souligne Pierre Comeau. Les conditions d'études
sont loin d'être idéales, convient-il toutefois:
accès limité aux livres et aux notes de cours,
équipement informatique minimal, pannes électriques
à répétition, problèmes de connexions
Internet, encadrement et soutien limités, etc. "Mais
les étudiants réussissent quand même et leurs
connaissances sont comparables à celles que nos étudiants
acquièrent ici sur le campus, assure-t-il. Le programme
conduit à un certificat ou à un baccalauréat
en informatique de l'Université Laval. Ce diplôme
nord-américain a une valeur inestimable pour les étudiants."
En juin dernier, le professeur Marchand s'est d'ailleurs rendu
dans quatre pays africains pour participer aux cérémonies
de collation des grades des 30 premiers diplômés
du programme.
L'Agence canadienne de développement international a fourni
un soutien financier de 2,7 M $ à l'Université
Laval afin de permettre la réalisation du projet VISAF
pour la période 2004-2009. Éventuellement, le Département
cèdera le programme à l'UVA qui assurera la suite
des choses. "Le but était de monter le programme
et d'aider l'UVA à prendre la relève, explique
Pierre Comeau. De notre côté, l'expertise que nous
avons acquise en formation à distance dans le cadre de
ce projet pourra nous servir à offrir des cours dans d'autres
régions du monde."
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