Des ponts avec le milieu
Durant deux sessions, les étudiants
du Laboratoire de recherche sociologie ont mené des enquêtes
de qualité professionnelle en lien avec des problématiques
réelles
Sur Internet, les jeunes de 12 à 17 ans ne forment
pas de nouveaux liens ou de nouveaux réseaux sociaux.
Ils se contentent plutôt de renforcer et de maintenir les
liens et réseaux qu'ils ont déjà établis
dans la vie de tous les jours. C'est la principale conclusion
à laquelle est arrivée Julie Fortin, étudiante
de premier cycle en sociologie, à la suite d'une étude
réalisée à l'automne et à l'hiver
dans le cadre du cours Laboratoire de recherche en sociologie.
Son mandat lui venait du Centre francophone d'informatisation
des organisations. Elle devait étudier la manière
dont les 12 à 17 ans utilisent les moyens de communication
en ligne comme les courriels, la messagerie instantanée,
les sites de clavardage et les jeux en réseau. Son échantillonnage
comprenait 35 élèves d'écoles secondaires
de la rive nord et de la rive sud de Québec.
"Les contacts et amitiés sur Internet sont principalement
entretenus par des courriels et l'usage de la messagerie instantanée",
a expliqué Julie Fortin, le jeudi 27 avril au pavillon
La Laurentienne, dans le cadre d'une cérémonie
de remise des rapports d'enquête du Laboratoire. "La
messagerie, a-t-elle ajouté, est pour tous les répondants
le moyen de communication virtuel par excellence puisqu'il offre
la possibilité de "converser" en temps réel.
Les jeunes disent qu'ils "parlent" en ligne."
Selon les répondants, l'absence de contact visuel représente
le principal désavantage à communiquer par Internet.
Cette situation entraîne souvent une mauvaise interprétation
des propos de l'autre. Il s'agit aussi de la principale raison
pour laquelle les jeunes ne clavardent pas avec des inconnus.
Les adolescents internautes croient avoir un échange plus
direct et plus privé avec le courriel et la messagerie
instantanée qu'avec le téléphone où,
selon eux, la conversation peut être entendue. Le quart
des répondants disent être soumis à des règles
d'utilisation imposées par leurs parents. Enfin, davantage
de filles que de garçons communiquent au moyen d'Internet.
L'équivalent d'un mémoire de maîtrise
Le cours Laboratoire de recherche en sociologie a
été lancé en 1982. Cette formule originale,
qui fait le pont entre le milieu universitaire et la communauté,
est plutôt unique au Canada. Le cours offre 12 crédits
et s'échelonne sur 2 sessions. Il a comme particularité
de permettre aux étudiants de réaliser une étude
de qualité professionnelle, selon les normes du marché
du travail, à partir de commandes fermes provenant d'organismes
publics et d'organismes privés sans but lucratif. "Les
étudiants sont dans un contexte professionnel", explique
Andrée Fortin, professeure au Département de sociologie
et coresponsable du Laboratoire avec le chargé de cours
Dominique Morin. "Ils remplissent une commande de l'extérieur
de l'Université, ils ont des délais de production
serrés et ils doivent répondre à des exigences
de forme et de fond." Selon elle, les étudiants ont
dû travailler fort et se responsabiliser. Et la plupart
ont fait une véritable démarche de sociologues.
"Il est déjà remarquable qu'un étudiant
qui connaît peu ou pas le sujet sur lequel il va faire
une recherche en arrive à très bien décrire
un phénomène de société, indique
Andrée Fortin. Or, cette année, ils ont non seulement
décrit mais expliqué. Ils ont atteint l'étape
de l'analyse. Leurs recherches sont l'équivalent d'un
mémoire de maîtrise."
Les étudiants inscrits au cours ont mené un total
de 12 enquêtes sur des sujets aussi variés que l'endettement
des étudiants inscrits au doctorat en médecine
à l'Université, la discrimination à l'embauche
à l'égard des membres des minorités visibles
et audibles dans le secteur tertiaire de la région métropolitaine
de Québec, et les mutations, depuis 1975, du Comité
des citoyens du Vieux-Québec. D'autres enquêtes
portaient notamment sur le profil et les motifs d'engagement
des membres de la Ligue des droits et libertés, section
de Québec, sur l'analyse des changements dans l'organisation
du travail des agents de paix en services correctionnels, et
sur les représentations sociales que les agents de pastorale
en milieu paroissial ont de leur ministère.
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