Pour tous les appétits
Les finissants du baccalauréat
en arts plastiques tiennent buffet ouvert à l'École
des arts visuels
Des photos, des vidéos, de la sculpture,
des installations et même de la peinture figurative, voilà
ce que présente jusqu'au 21 mai l'exposition "En
vrac" des finissants du baccalauréat en arts plastiques,
à l'École des arts visuels. Il s'agit d'une occasion
unique de prendre le pouls de la création d'aujourd'hui
et de découvrir l'art sous l'éclairage d'une lampe
frontale lors d'une visite nocturne le 19 mai prochain.
Par définition éclectique et diverse, cette exposition
des oeuvres des 44 finissants ressemble à un vaste buffet
ouvert à tous les appétits. Même si chacun,
chacune cultive son propre style, des liens unissent plusieurs
des oeuvres. L'intérêt pour le temps qui passe et
les traces qu'il dépose dans l'espace ressort par exemple
dans plusieurs créations, notamment dans l'installation
de Guillaume Tardif. Collectionneur dans l'âme, cet étudiant,
d'abord formé en design industriel, s'est découvert
une passion pour les pièces de métal tombant des
systèmes d'échappement automobiles qu'il ramasse
au hasard de ses ballades urbaines. "Souvent, les voitures
les aplatissent en roulant dessus dans la rue, et cela devient
des fragments de visage comme des masques bruts martelés
à l'enclume", raconte-t-il. Parfois, il filme les
transformations de ces plaques de métal, et les différentes
étapes de production finissent par se télescoper
dans le temps.
Le passage du temps intéresse aussi Julie Dutil dont l'installation
raconte les 36 longues journées à cheminer sur
le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne, comme
tant d'autres pèlerins. Au mur, elle a suspendu les bâtons
en bois et en plâtre sur lesquels figure le kilométrage
qu'elle a parcouru quotidiennement. "Cela finit par former
une série, une peinture abstraite et rythmique",
explique-t-elle. La passion de Sarah Bertrand pour la manière
dont le temps brouille les perceptions s'exprime pour sa part
par un curieux chassé-croisé entre projection d'images
fixes et animées sur une porte et deux fenêtres.
Brièvement, des fragments de portraits célèbres
de l'histoire de l'art à différentes époques,
ainsi qu'un personnage animé, surgissent sur ces supports
de verre dessiné. "C'est une rencontre, un questionnement
autour du portrait, car seul le visage est net alors que l'ensemble
du corps est flou, comme si le temps avait gommé le reste",
note la finissante.
Les créations de Valérie Desmarais participent
aussi du brouillage des genres. Cette finissante s'appuie sur
la technologie numérique pour mieux revenir à un
mode d'impression artisanal: la sérigraphie. Ses photos
mettent en scène une femme qui semble dessiner son corps,
puis le coudre, sans que l'on sache vraiment s'il s'agit d'une
action véritable ou d'une fiction. "Je m'intéresse
à la relation conflictuelle que nous entretenons avec
nos corps, affirme la jeune femme, car on souhaite souvent avoir
les cheveux de l'une, le nez de l'autre. Le numérique
amène une autre perception de la réalité
tout comme la sérigraphie qui donne l'effet d'une peinture
avec ses couches de couleurs." Plusieurs des oeuvres des
finissants s'inspirent de l'estampe, et la figuration semble
effectuer un retour depuis quelques années. Exceptionnellement
courte pour cette édition 2006, l'exposition se prolonge
sur le Web: les étudiants lancent un site regroupant leurs
créations à l'adresse www.arts.arv.ulaval.ca.
Le 19 mai, plusieurs groupes de musique se donnent rendez-vous
à l'édifice de la Fabrique pour une soirée
bien particulière, dès 19 h. Le public aura le
privilège de parcourir l'exposition équipé
d'une lampe frontale afin de scruter les oeuvres sous un angle
inusité.
Ce même soir, des finissants du baccalauréat en
arts plastiques vont recevoir des bourses, notamment celle de
l'Animation socioculturelle de l'Université, les bourses
Line-Ouellet et Claude-Belzile, pour la réalisation d'un
projet d'art Web, celle du centre d'artistes La chambre blanche,
les bourses Louis-Garneau, Yaflo, René-Richard et La Vigie,
en peinture et en sculpture, ainsi que le Prix du Conseil des
arts textiles. Certains diplômés vont aussi se voir
offrir une résidence d'artiste chez Avatar, un centre
d'artistes spécialisé en arts sonores et électroniques,
une exposition solo à la galerie du centre d'artistes
il de poisson ou encore l'accès aux équipements
d'Engramme, spécialisé dans l'art de l'estampe.
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