
Le MIF dans la mire
Des chercheurs découvrent que cette
protéine pourrait simplifier le diagnostic précoce
et améliorer le traitement de l'endométriose
Des chercheurs de la Faculté de médecine ont
découvert une protéine qui pourrait servir d'outil
diagnostique et peut-être même de cible thérapeutique
pour mieux soigner les femmes souffrant d'endométriose.
En effet, cette protéine - le MIF - semble étroitement
associée à deux des principaux symptômes
de cette maladie, l'infertilité et les douleurs pelviennes,
rapportent les chercheurs dans l'édition de mai de la
revue scientifique Fertility and Sterility.
Problème gynécologique courant, l'endométriose
est causée par la migration de cellules de l'utérus
vers la cavité abdominale (menstruations rétrogrades)
où elles s'implantent et se multiplient de façon
anarchique sur les trompes, les ovaires ou d'autres organes.
Leur prolifération provoque une réaction inflammatoire
qui peut entraîner des douleurs pelviennes ou abdominales
chroniques, des saignements irréguliers, des maux de dos,
des problèmes intestinaux et, dans 40 à 45 % des
cas, l'infertilité. "Environ 95 % des femmes ont
des menstruations rétrogrades, mais l'endométriose
ne survient que chez 10 % de celles qui sont en âge de
reproduction", signale le responsable de l'étude,
Ali Akoum.
Le professeur Akoum, Mahera Al-Akoum et Rouslan Kats, du Centre
de recherche de l'Hôpital Saint-François d'Assise,
et leur collègue américaine Christine Metz, ont
comparé la concentration de MIF chez 45 patientes souffrant
d'endométriose à celle de 25 femmes en bonne santé.
Ils ont ainsi découvert des taux de MIF deux fois plus
élevés chez les patientes que dans le groupe témoin.
Ils ont aussi observé des concentrations de MIF plus fortes
chez les patientes où la maladie était à
un stade avancé, chez celles qui étaient en fin
de cycle menstruel ainsi que chez celles qui souffraient d'infertilité
ou de douleurs pelviennes.
En situation normale, le MIF joue un rôle dans la multiplication
cellulaire, la réparation des tissus et la production
de nouveaux vaisseaux sanguins. "C'est donc naturel qu'on
le trouve associé au cycle menstruel, un phénomène
de destruction et de réparation de l'endomètre,
observe Ali Akoum. Par contre, chez les femmes qui souffrent
d'endométriose, il y a un excès de MIF que le corps
ne parvient pas à contrebalancer. L'équilibre entre
l'activation et la désactivation du système immunitaire
semble déréglé, comme s'il n'y avait pas
de commutateur pour stopper la réaction de défense."
Les chercheurs entrevoient donc le dosage de MIF comme une avenue
très intéressante pour établir un diagnostic
précoce d'endométriose. Présentement, lorsque
la maladie en est à ses débuts, il faut recourir
à une chirurgie par laparoscopie pour poser un diagnostic.
"Nous pourrions éviter les désagréments
et les coûts d'une chirurgie par une simple analyse biochimique
effectuée sur un échantillon de sang ou de cellules
de l'endomètre", affirme le professeur Akoum.
Lorsque l'endométriose est diagnostiquée à
un stade précoce, le traitement consiste à détruire
les tissus au laser lors d'une intervention laparoscopique. À
un stade plus avancé, il faut bloquer la prolifération
des cellules à l'aide d'hormones ou procéder à
l'ablation de l'utérus et des ovaires, des solutions qui
ne conviennent évidemment pas aux patientes qui veulent
avoir des enfants. Encore ici, le MIF offre une alternative.
"Je ne crois pas que cette protéine soit un simple
marqueur de la maladie, souligne Ali Akoum. Le fait qu'elle semble
directement associée à l'infertilité et
aux douleurs pelviennes me porte à croire que si nous
parvenions à inhiber son expression pour ramener sa concentration
à un niveau normal, nous pourrions du même coup
atténuer les problèmes des femmes qui souffrent
d'endométriose."

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