Vol au-dessus d'un nid d'artistes
L'exposition L'art sans frontières veut
abolir les différences
À l'Atrium de l'École des arts visuels, une
petite exposition fait actuellement beaucoup parler, en raison
de son caractère original. Si la même passion de
créer les anime, les participants à cette exposition
présentée jusqu'au 30 avril viennent en effet de
milieux différents, les uns étudiant à l'École
des arts visuels et les autres étant des personnes recevant
des soins psychiatriques au Centre Hospitalier Robert-Giffard,
ou encore dans la communauté. Deux mondes donc, deux réalités
qui se fondent en une exposition intitulée à bon
escient "L'Art sans frontières". L'activité
en est à sa 4e année et constitue un volet du programme
d'accompagnement artistique "Vincent et moi" du Centre
hospitalier Robert-Giffard.
"Ce n'est pas parce qu'on est étudie dans une
école d'art qu'on est forcément un artiste et ce
n'est pas parce qu'on vit dans une petite chambre qu'on ne l'est
pas, résume le responsable du programme, François
Bertrand, psychologue. L'activité met en scène
le jumelage de huit artistes du programme "Vincent et moi"
avec huit étudiants de l'École des arts visuels
pour la création d'une uvre picturale ou sculpturale.
Les uns et les autres se sont en quelque sorte choisis et ont
travaillé ensemble une vingtaine d'heures. Cette année,
la chimie était particulièrement forte entre les
participants."
Visage de femmes
Étudiante à l'École des arts visuels, Anne-Marie
Caron participait pour la première fois à ce projet.
Jumelée à France Trudeau, elle parle d'un échange
véritable entre deux créatrices. "Au début,
France se montrait un peu craintive face à ses qualités
de peintre et se posait beaucoup de questions en cours de création,
explique l'étudiante. Tout le contraire de moi! En fin
de compte, l'expérience m'a permis de mieux me connaître
et de faire une meilleure critique de mon travail." Après
quelques ébauches, les deux artistes se sont aperçues
qu'elles avaient peint chacune un visage de femme, et ce, sans
s'être jamais consultées. Sur la toile d'Anne-Marie
Caron apparaît ainsi un visage unifié, plutôt
serein. Toute autre est la femme morcelée qui compose
le tableau de France Trudeau.
Jumelé à l'étudiante Cybel St-Pierre,
Benoît Genest Rouillé expose un homme qui hurle,
la tête en ébullition et le visage coulant. "J'aime
être avec des gens qui vivent", peut-on lire sur le
carton accompagnant l'uvre. On ne peut manquer le "Solaris"
de Karen Jessica Ratté qui explose de tous ses feux. "L'art
est une libération", souligne l'artiste, qui a travaillé
avec l'étudiante Vicky Fortin. Plus loin, Bernard Rémy
Audet, jumelé à Karine Turcot, présente
d'étonnantes sculptures d'argile. Marise Pelletier offre
une toile intitulée "Souvenirs heureux" sentant
bon la campagne et le soleil. L'étudiante qui l'a épaulée,
Jacinthe Coulombe, explique qu'elle se trouve bien prétentieuse
d'avoir pu penser qu'elle apprendrait à un autre personne
à créer, dans le cadre du projet. "C'est moi
qui ai le plus reçu dans tout cela", constate t-elle.
Les autres participants à cette exposition sont Guy
Poulin, Odélie Bouchard Labbé, Érik Maranda,
Dominique Carreau et Rénald Pageaut. L'Atrium de l'École
des arts visuels est situé au 255 boul. Charest Est. Les
heures d'ouverture sont du mercredi au vendredi, de 11 h 30 à
16 h 30 et les samedis et dimanches, de 13 h à 17 h.
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