Écrire dans les ténèbres
Professeur de création littéraire
et romancier, Neil Bissoondath cherche la lumière au bout
du texte
S'il ne se lasse pas d'écrire, Neil Bissoondath ne
se lasse pas d'enseigner non plus. Professeur de création
littéraire au Département des littératures,
auteur de huit romans, il aime faire partager sa passion de l'écriture
à ses étudiants. "Je leur dis qu'on peut s'amuser
tout en travaillant très fort, affirmet-il. Il n'existe
qu'une seule façon de s'améliorer et c'est d'écrire.
L'écriture n'est pas un passe-temps mais quelque chose
qui se travaille au fil des jours, des mois et des années."
L'homme en sait quelque chose, lui qui vient tout juste de mettre
au monde son dernier roman, La clameur des ténèbres,
après quatre années de dur labeur. Récoltant
de très bonnes critiques depuis sa sortie, le livre raconte
l'histoire d'Arun, un jeune instituteur issu d'un milieu aisé
qui décide de s'établir dans une région
de son pays défavorisée et déchirée
par la guerre civile. Fondant tous ses espoirs dans l'éducation
qu'il apportera aux plus démunis, Arun perdra peu à
peu ses illusions jusqu'à ne plus comprendre ce qui se
passe autour de lui. La vérité l'attendra au bout
du chemin.
"Dans un roman, tout commence avec le personnage qui doit
être crédible et convaincant, souligne Neil Bissoondath.
C'est ce que j'explique aux étudiants. De plus, il doit
véhiculer ses propres idées et non celles de l'auteur
qui, lui, doit en quelque sorte s'absenter de son personnage
afin de lui laisser toute la place. Dès que l'auteur tente
de parler à la place du personnage, le roman perd de l'intérêt
et, du même coup, de la force." Comme pour ses autres
romans, Neil Bissoondath a écrit La clameur des ténèbres
sans suivre de plan précis, sautant dans le vide tel un
parachutiste. Son personnage principal s'est imposé de
lui-même, de même que tous ceux qui gravitent autour
de lui dans ce roman comptant près de 500 pages. Leur
histoire a pris forme lentement mais sûrement, ancrée
dans une réalité dont le lecteur ne doute pas une
seconde. "Je n'ai aucune idée d'où vient mon
inspiration, avoue le romancier. Certains auteurs comme John
Irving ne connaissent que le début de leur histoire sans
rien savoir du reste, tandis que d'autres suivent rigoureusement
un plan. Personnellement, je me laisse aller et j'écris.
Pour nourrir mon imaginaire, je lis et je m'imagine la vie des
gens que je rencontre dans la rue, par exemple."
Des talents cachés
En lisant les textes que lui présentent ses étudiants
dans les cours, il arrive que Neil Bissoondath détecte
des talents cachés d'écrivain qui ne demandent
qu'à s'épanouir. "On voit tout de suite quand
quelqu'un se distingue, que ce soit par sa capacité à
reconnaître le pouvoir des mots ou celle de maintenir un
rythme dans l'écriture, souligne-t-il. D'autres écrivent
bien mais manquent cependant d'imagination. Dans tous les cas,
je les encourage à polir leur écriture, à
rédiger un second jet qui sera une complète réécriture
du premier." À cet effet, Neil Bissoondath affirme
être très heureux quand des étudiants lui
disent, à la fin d'un semestre, comprendre un peu mieux
les rouages de l'écriture. "Quand je constate qu'un
étudiant évolue et que la lumière brille
toujours un peu plus dans ses textes, j'éprouve un grand
plaisir."
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