Une procédure à améliorer
Les chercheurs de Laval sont plutôt
satisfaits du processus d'examen par les pairs des IRSC, mais
des irritants demeurent
Le processus d'examen par les pairs utilisé par les
Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) pour
l'attribution des fonds de recherche est imparfait, mais il demeure
la meilleure méthode d'évaluation disponible et
il doit être maintenu. Telle est la principale recommandation
formulée par un comité de sages de l'Université
au terme d'une consultation portant sur le processus d'évaluation
des demandes de subventions en vigueur aux IRSC.
Dans le cadre de cette consultation, un sondage mené auprès
de 108 chercheurs de l'Université a révélé
que plus de 70 % des répondants sont satisfaits du processus
d'examen par les pairs, du nombre et de la structure des comités
ainsi que des commentaires que leur transmettent les comités
de pairs. Par contre, ils sont très divisés sur
la question de la participation de représentants du public
à titre d'évaluateur au sein des comités.
En effet, 51 % des répondants ne jugent pas cette mesure
appropriée. Le comité de sages recommande donc
que les représentants du public soient invités
à titre d'observateur sans droit de vote et que leur présence
soit limitée aux comités où leur participation
est jugée pertinente. Par ailleurs, le comité de
sages recommande aux IRSC de faire davantage appel à des
évaluateurs externes ou internationaux lorsqu'une expertise
particulière est requise.
Le rapport du comité des sages a été transmis
à Mark Bisby, vice-président à la recherche
des IRSC, à l'occasion de sa visite sur le campus le 11
avril. Celui-ci a profité de cette rencontre pour faire
le point sur la situation des IRSC: "Au cours des cinq dernières
années, le nombre de chercheurs qui nous adressent des
demandes de subventions est passé de 6 700 à 10
200 et le nombre de membres de comités d'évaluation
a grimpé de 800 à 2 400. Le système d'examen
par les pairs est fragile. Il y a trop de travail pour tout le
monde et il faut trouver moyen de simplifier et d'alléger
le processus."
Les échanges avec la soixantaine de chercheurs présents
ont fait ressortir certains irritants du processus actuel, notamment
la trop courte durée des subventions. "Si on allongeait
la durée de chaque subvention, ça réduirait
la charge de travail des chercheurs et des comités d'évaluation,
estime Jean-Pierre Julien (Médecine). Dans mon cas, le
comité a étudié ma demande trois fois au
cours des trois dernières années. C'est trop."
Même son de cloche du côté de son collègue
Jacques Landry qui suggère par ailleurs d'augmenter le
montant des subventions accordé pour éviter que
les chercheurs n'aient à présenter plus d'une demande
par année pour faire rouler leur laboratoire. "Encore
là, ça réduirait la somme de travail des
chercheurs et des évaluateurs", fait-il valoir.
Jacques-P. Tremblay a quant à lui dénoncé
le poids excessif que les comités de pairs accordent aux
publications dans des revues à haut facteur d'impact.
Les chercheurs qui publient dans ces revues sont très
avantagés par rapport aux chercheurs qui, comme lui, publient
dans des revues spécialisées, a-t-il souligné.
Le professeur Tremblay étudie depuis 18 ans la dystrophie
musculaire de Duchenne et il a récemment mis au point
un traitement expérimental contre cette maladie. "Les
IRSC disent qu'elles encouragent la recherche en vue d'améliorer
la santé de la population canadienne. C'est ce que je
fais et, pourtant, depuis trois ans, ma demande de subvention
est refusée." La situation est d'autant plus paradoxale
que le professeur Tremblay est le récipiendaire 2006 du
prix Henry-Friesen, décerné par le Collège
royal des médecins et chirurgiens du Canada et par la
Société canadienne de recherches cliniques, en
reconnaissance de son leadership en recherche biomédicale
à l'échelle canadienne et internationale. "Si
ce n'était des fonds que j'obtiens à l'étranger,
il y a longtemps que mon laboratoire serait fermé",
a-t-il déploré.
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