
Docteur Web
La multiplication des cybersites médicaux
n'entraîne pas une soustraction des dépenses en
santé
Chez les personnes souffrant de maladies chroniques, l'utilisation
d'Internet pour obtenir de l'information sur leurs problèmes
de santé est directement reliée à la consommation
de services de santé dans le monde réel, révèle
une étude menée au Département des systèmes
d'information organisationnels. "Nous croyons qu'il s'agit
là d'une relation causale, même si nous n'avons
pu le démontrer hors de tout doute, précise l'auteure
de l'étude, Hager Khechine. L'information véhiculée
sur Internet ne semble pas apporter de valeur ajoutée
au système de santé." Ceux qui croyaient que
la multiplication des cybersites sur la santé allait contribuer
à diminuer la consommation de ressources médicales,
et éventuellement les dépenses en santé,
en prennent donc pour leur rhume.
Dans le cadre de ses études doctorales menées
à la Faculté des sciences de l'administration sous
la supervision de Daniel Pascot, Hager Khechine a interrogé
des personnes atteintes de maladies chroniques qui utilisent
Internet pour obtenir de l'information sur leurs problèmes
de santé et sur les traitements existants. Les participants,
120 anglophones et 122 francophones, ont été recrutés
par le biais d'annonces placées dans les sites Web traitant
de problèmes de santé. Les patients qui surfaient
le plus sur Internet étaient ceux qui faisaient la plus
grande utilisation des services de soins de santé en termes
de nombre de rendez-vous pour des consultations, d'examens complémentaires
demandés par le patient, d'appels téléphoniques
au personnel soignant, de changement de médecin traitant
et d'hospitalisation. Par contre, souligne la chercheure, l'observance
des traitements était plus grande chez les bons utilisateurs
d'Internet, ce qui pourrait entraîner certaines économies.
En l'an 2000, il existait déjà entre 15 000
et 20 000 sites Web et 25 000 groupes de discussion sur Internet
dont l'objet principal était la santé. En 2004,
111 millions d'Américains ont visité au moins une
fois un site de cybersanté alors que près de 75
% des internautes canadiens en faisaient autant. Maintenant professeure
au Département des systèmes d'information organisationnels,
Hager Khechine interprète ces données comme une
preuve que les individus souhaitent jouer un rôle actif
dans la prise en charge de leur santé et participer aux
décisions concernant les soins qu'ils reçoivent.
"Les nouvelles technologies de l'information peuvent les
aider à prendre de bonnes décisions en matière
de santé. Pour l'instant toutefois, l'information est
mal ciblée et ces outils d'information sont encore mal
exploités", estime-t-elle.
Internet est en voie de transformer la dynamique entre les
patients avec le monde médical, constate de plus la professeure
Khechine. Si certains professionnels de la santé voient
d'un mauvais oeil ce nouveau partage des forces en matière
d'information médicale, d'autres y sont carrément
sympathiques. Qui sait, peut-être verrons-nous bientôt
des médecins ajouter des adresses de sites Web sur leurs
ordonnances!
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