
Apprendre l'anglais et faire carrière
Les jeunes qui quittent Québec le
font principalement pour des raisons liées au travail
Si un nombre appréciable de jeunes de 35 ans et moins
qui résident à Québec tiennent à
refaire leur vie ailleurs, c'est d'abord pour acquérir
une bonne maîtrise de la langue anglaise. C'est ce qu'ont
dit 24 % des 88 jeunes de 15 à 35 ans, représentant
une grande variété de niveau d'études et
d'emploi, que l'on avait réunis, le dimanche 2 avril au
Grand Salon du pavillon Maurice-Pollack, dans le cadre du Forum
"Les jeunes d'ici, partir ou rester". Cette activité
était organisée par l'Université Laval,
en collaboration avec la Commission de la capitale nationale
du Québec. Une cinquantaine de décideurs régionaux
étaient également présents. Ils ont discuté
des constats exprimés par les jeunes. D'autres raisons
de quitter Québec ont été avancées
par les jeunes participants. Pour 14 % d'entre eux, ce geste
a pour but de trouver un emploi qui correspond aux attentes.
D'autres (14 %) croient que c'est pour faire avancer la carrière.
Et un autre 10 % estime que c'est pour vivre dans un milieu urbain
plus diversifié sur le plan ethnique.
"Je pensais que plein de jeunes diraient qu'ils partent
de Québec pour quitter le nid familial et pour vivre leur
vie, pour la liberté. Mais les principales raisons sont
liées à l'emploi. Pourtant, le niveau d'emploi
est élevé dans la région de Québec,
plus qu'à Montréal", indique Michel Lemieux,
consultant en recherche, collaborateur au Forum et responsable
d'un sondage réalisé en mars dernier par la maison
SOM auprès de 600 répondants adultes francophones
de la région de Québec. "Je ne m'attendais
pas à ce que l'élément bilinguisme sorte
aussi fort, poursuit-il. Les jeunes voient vraiment l'unilinguisme
français comme un obstacle à la promotion au travail."
Le sondage visait à mesurer les perceptions relativement
à l'exode des 15 à 35 ans. Selon 69 % des répondants,
les jeunes qu'ils connaissent et qui ont quitté la région
l'ont fait pour occuper un emploi ailleurs.
Une mauvaise perception
Michel Lemieux croit qu'il est exagéré de parler
d'exode, même si 40 % des répondants au sondage
et 68 % des jeunes du Forum estiment que le nombre de jeunes
qui quittent la région est en augmentation. "Nous
avons un problème de perception, dit-il. Le phénomène
est moindre qu'il y a quelques années. Il a diminué
et il s'est stabilisé. Cela dit, 38 % des jeunes participants
ont répondu qu'il était très probable (15
%) ou assez probable (23 %) qu'ils quittent la région
dans les deux ou trois prochaines années. La situation
demeure donc fragile. Si le marché de l'emploi se détériorait
ici, on pourrait imaginer une augmentation des départs."
Signe des temps, c'est la ville de Calgary, au cur de l'Ouest
pétrolier, qu'ont choisie 29 % des jeunes participants
au Forum à qui l'on avait demandé dans quelle ville,
région, pays ou continent ils aimeraient aller vivre.
"Un choix dicté par des considérations économiques",
souligne Michel Lemieux.
Si plusieurs jeunes veulent quitter la Vieille Capitale, d'autres
tiennent au contraire à y rester. "Québec
s'en tire bien, il s'y fait une assez bonne rétention
des jeunes", affirme Michel Lemieux. Parmi les jeunes du
Forum, 15 % croient que cette ville représente un endroit
convenable pour élever des enfants, 13 % soulignent la
proximité de la nature et de la campagne, 12 % estiment
qu'on peut y trouver un emploi à son goût et 11
% perçoivent la ville comme un endroit convenable où
poursuivre des études.
Faire de Québec une ville du savoir et de l'innovation,
mettre en place des mesures pour accueillir davantage d'immigrants,
diminuer la pauvreté et agir sur le marché de l'emploi
sont les principales solutions amenées par les jeunes
participants. "Les jeunes se sont dits très ouverts
à l'immigration, indique Michel Lemieux. Ils ont déploré
le fait que Québec ne soit pas davantage multiculturelle."
Le discours de clôture a été prononcé
par le recteur Michel Pigeon. Celui-ci a insisté sur l'importance
du rôle que l'Université, comme cité éducative,
peut jouer pour attirer et retenir les jeunes à Québec.
"L'Université, a-t-il dit, a entrepris d'internationaliser
plus que tout autre université québécoise
ou canadienne ses programmes de formation." Cela veut dire,
entre autres, que les programmes de mobilité offerts permettent
à un étudiant de poursuivre ses études pendant
quelques mois en pays étranger, notamment dans les pays
anglo-saxons. Sur le plan de l'emploi, Laval apporte un soutien
actif au développement technologique régional.
"C'est aussi pour développer la culture entrepreneuriale
ici que l'Université a créé Entrepreneuriat
Laval et mis sur pied le profil entrepreneurial dans un nombre
grandissant de ses programmes de formation", a ajouté
le recteur. Le pouvoir d'attraction de l'Université se
constate également dans le nombre d'étudiants étrangers,
plus de 3 000, qui y poursuivent leurs études. Globalement,
environ la moitié des étudiants inscrits à
Laval provient de l'extérieur de la région de Québec.
Le compte-rendu du Forum, ainsi que les résultats du sondage
et ceux de quatre groupes de discussion tenus auprès de
jeunes en mars 2006, seront présentés aux décideurs
de la région de Québec. Ces données seront
également versées dans le site Web de l'Université
dans les prochaines semaines.

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