
Halte au massacre
Des chercheurs de Laval prônent l'implantation
de dispositifs automatisés de contrôle afin de réduire
la vitesse excessive sur les routes
Une diminution des décès et des blessés
graves d'au moins 20 %. Le Québec pourrait obtenir ce
résultat avantageux pour son bilan routier annuel s'il
implantait des systèmes automatisés de contrôle
de la vitesse sur les routes, une mesure qui devra toutefois
s'accompagner d'importantes campagnes de sensibilisation. Voilà
le message qu'a livré Guy Paquette, directeur du Département
d'information et de communication et directeur du Groupe de recherche
en sécurité routière de l'Université
Laval, le mercredi 22 mars à Québec, en déposant
un avis sur la vitesse excessive devant la Commission parlementaire
sur la sécurité routière. "Mon message,
explique-t-il, a consisté à dire que la question
de la vitesse excessive sur les routes a déjà été
discutée en commission parlementaire, que de nombreux
pays ont implanté avec succès des systèmes
automatisés de contrôle de la vitesse, et que le
temps est venu d'agir."
Chaque année au Québec, plus de 600 personnes perdent
la vie et plus de 50 000 autres subissent des blessures dans
quelque 35 000 accidents de la route. Avec l'ivresse au volant,
la vitesse excessive demeure l'une des deux principales causes
de cette hécatombe annuelle. Les zones à risques
sont les routes secondaires en milieu urbain limitées
à 70 ou à 90 km/h, ainsi que les zones scolaires
limitées à 30 km/h. "La question est maintenant
morale, ajoute Guy Paquette. Une hécatombe de 650 ou 700
morts par année sur nos routes, est-ce qu'on s'en contente?
Est-ce un chiffre correct? Si ça ne l'est pas, que l'on
cesse de tourner autour du pot et que l'on prenne des mesures."
Quelque 70 pays ont déjà implanté des dispositifs
automatisés de contrôle de la vitesse sur leurs
routes. Plusieurs États américains l'ont fait,
ainsi que quelques provinces canadiennes. "En deux ans,
indique Guy Paquette, la France a diminué de presque 30
% le nombre de décès et de blessés graves
sur les routes par le radar-photo, le durcissement des moyens
de contrôle et les campagnes de sensibilisation."
Jean-Marie De Koninck, professeur au Département de mathématiques
et de statistique, fondateur du service de raccompagnement Opération
Nez rouge et président de la Table québécoise
de la sécurité routière, un groupe-conseil
formé par le ministre des Transports du Québec,
Michel Després, abonde dans le même sens. "Il
faut, a-t-il déclaré, arrêter le massacre
sur nos routes. Pour chaque mort, on a neuf blessés graves.
C'est énorme. Et ce qui est épouvantable, c'est
que ça peut être évité. Pas besoin
de réinventer la roue. Il s'agit de regarder ce qui marche
ailleurs et de l'adapter au contexte québécois."
Des technologies efficaces
Deux technologies s'offrent au gouvernement: celle plutôt
ancienne du radar-photo, qui utilise un radar conventionnel couplé
à un appareil-photo, et celle, très moderne et
présentement à l'essai en Grande-Bretagne, qui
consiste à identifier les véhicules par radiofréquence
à l'aide d'un puce électronique implantée
dans la plaque d'immatriculation. L'effet dissuasif du radar-photo
est solidement établi. Mais cette technologie vieille
d'une cinquantaine d'années a peu évolué
et un fort pourcentage des données qu'elle produit sont
parfois inutilisables ou erronées. Un système à
base de radiofréquence serait en revanche plus fiable,
il améliorerait sensiblement la qualité des données
recueillies et il permettrait une réduction des coûts.
"L'installation d'une balise d'identification des véhicules
par radiofréquence ne coûte que 1 000 $, explique
Guy Paquette. Elle peut identifier 300 à 400 véhicules
à la seconde, et ce, avec une précision extrême."
Pour des raisons d'acceptation sociale, il ne faut implanter
les dispositifs automatisés de contrôle que dans
des zones à forte concentration d'accidents liés
à la vitesse. Les zones sous contrôle automatisé
doivent être identifiées par des panneaux de signalisation.
Et les contrevenants fautifs doivent être informés
rapidement du constat d'infraction.
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