
Des milieux de travail améliorés
Une étude de la Chaire en gestion
de la santé et de la sécurité au travail
révèle une diminution significative de la détresse
psychologique qui prévalait dans deux unités de
l'Université
En un an et demi entre 2003 et 2005, le taux de détresse
psychologique observé chez les employés de la Bibliothèque
générale de l'Université est passé
de 47,4 % à 32,9 %. Une baisse significative a aussi été
constatée, au cours des douze derniers mois, au Bureau
du registraire, où le phénomène est passé
de 44,4 % à 38,9 %. Ces statistiques sont tirées
d'une vaste étude maintenant terminée et entreprise
en l'an 2000 par la Chaire en gestion de la santé et de
la sécurité au travail de l'Université Laval
sur l'approche stratégique de prévention en santé
psychologique au travail. Après avoir étudié
neuf organisations différentes, dont l'Université
et ses deux unités administratives à la demande
du Comité sur la santé psychologique du personnel,
les chercheurs sont intervenus concrètement dans trois
organisations. Les mesures correctives qu'ils ont mises de l'avant
visaient à contrer la détresse psychologique ressentie
par les employés. Cette problématique de santé
se fonde sur divers symptômes associés aux états
dépressifs, aux états anxieux et à l'irritabilité,
ainsi qu'aux troubles cognitifs comme les troubles de la mémoire
et la difficulté à accomplir des tâches relativement
simples.
Des résultats probants
Les chercheurs ont effectué entre dix et quinze interventions
à la Bibliothèque générale ainsi
qu'au Bureau du registraire. Au premier endroit, ils ont notamment
apporté des éclaircissements à la description
des tâches, proposé des modifications aux horaires
de travail et de vacances et donné des séances
d'information sur l'importance de la communication. Au second
endroit, les chercheurs ont, entre autres, suggéré
la création d'un comité décisionnel sur
la gestion des ressources humaines et élaboré un
plan d'action axé sur la consultation des employés.
Sept indicateurs ont servi à mesurer les variations du
bien-être des employés. À la Bibliothèque,
les répondants ont souligné une amélioration
du contexte de travail au niveau de cinq indicateurs. Ce sont
notamment le soutien social, la diminution du harcèlement
psychologique et le fait que l'unité pose des gestes pour
prévenir le stress. Du côté du Bureau du
registraire, malgré une période d'implantation
plus courte qu'à la Bibliothèque, trois indicateurs
vont dans le sens d'une amélioration.
"À la Bibliothèque, les interventions ont
surtout porté sur les styles de gestion, avec une approche
plus "humaniste" basée sur des éléments
relationnels et sur le soutien social", explique le coauteur
de l'étude, Jean-Pierre Brun, professeur au Département
de management et titulaire de la Chaire. "Au Bureau du registraire,
poursuit-il, les changements sont survenus surtout au niveau
de l'organisation du travail et des tâches, donc plus au
niveau technique." Selon lui, on sent dans les deux unités
une tendance forte vers une amélioration générale,
et ce, tant au niveau de la santé psychologique des personnes
que de celle de l'unité administrative elle-même.
Il en veut pour preuve les résultats relatifs à
l'exposition des employés aux facteurs de risque organisationnels.
Ces facteurs comprennent l'environnement physique, les pressions
liées aux responsabilités, la sécurité
d'emploi et les rapports avec le supérieur. Les répondants
de la Bibliothèque ont perçu une amélioration
dans onze facteurs sur seize, les répondants du Bureau
du registraire se prononçant positivement sur cinq facteurs.
De part et d'autre, quatre facteurs ont reçu une évaluation
positive, soit les conflits entourant la tâche, l'ambiguïté
de la tâche, l'autonomie et la participation aux décisions
organisationnelles.
"En un court laps de temps, l'amélioration de la
santé des personnes et des unités a eu une incidence
notable sur le nombre de cas d'absence dus à la maladie",
indique Jean-Pierre Brun. À ce sujet, mentionnons que
les diverses mesures et activités entourant la santé
psychologique au travail sur le campus de l'Université,
entre 2003 et 2004, ont entraîné une baisse de 20
% du nombre de jours de maladie pour cause de santé psychologique
de courte durée. Le niveau de détresse en santé
psychologique à également chuté de 40,9
% à environ 31 % depuis les premières interventions.
Soulignons également que les interventions auprès
des deux unités administratives se poursuivent puisque
cette approche s'inscrit dans un processus d'amélioration
continue. Selon le chercheur, une meilleure santé psychologique
au travail passe bien souvent par une amélioration et
non par une augmentation des tâches. "Un des premiers
facteurs de risque est la surcharge quantitative de travail",
rappelle-t-il. Il ajoute que bien des solutions sont déjà
en place dans les organisations, parmi elles les réunions
d'équipe et la consultation.

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