Au dodo les enfants!
Le risque d'embonpoint est trois fois plus élevé
chez les jeunes qui dorment peu
Moins un enfant dort, plus il risque de souffrir de surpoids,
rapportent des chercheurs de la Faculté de médecine
dans le dernier numéro de l'International Journal of
Obesity. Le risque d'embonpoint serait jusqu'à 3,5
fois plus élevé chez les jeunes qui dorment peu
que chez ceux qui dorment beaucoup, démontre l'étude
menée par Jean-Philippe Chaput, Marc Brunet et Angelo
Tremblay.
Ces résultats proviennent de données recueillies
auprès de 422 jeunes Québécois de 5 à
10 ans (en moyenne 6 ans) qui fréquentaient une école
primaire de Trois-Rivières en 2003. Des kinésiologues
d'expérience ont mesuré le poids, la grandeur et
le tour de taille de chaque enfant pendant son cours d'éducation
physique. Les renseignements sur les habitudes de vie des enfants
et sur le profil socioéconomique familial ont été
obtenus par le biais d'entrevues téléphoniques
réalisées avec leurs parents.
À partir de l'indice de masse corporelle, les chercheurs
ont établi que 20 % des garçons et 24 % des filles
souffraient d'embonpoint. Les jeunes qui dormaient moins de 10
heures par nuit avaient un risque de surpoids 3,5 fois plus élevé
que ceux qui en dormaient 12 ou plus. Aucun des autres facteurs
considérés dans le cadre de l'étude - l'obésité
des parents, leur niveau d'éducation, le revenu familial,
le fait de passer plus de trois heures par jour devant le téléviseur
ou l'ordinateur, la pratique régulière d'activités
physiques - n'avait une influence aussi forte sur le risque d'obésité
que les heures de sommeil.
La piste hormonale constitue pour le moment l'hypothèse
la plus vraisemblable pour expliquer le lien entre le sommeil
et l'obésité. "D'une part, le manque de sommeil
diminue la concentration de leptine, une hormone qui stimule
le métabolisme et diminue la faim. D'autre part, la concentration
de ghreline, une hormone qui stimule l'appétit, augmente
lorsque les nuits sont courtes", explique Angelo Tremblay.
La progression de l'obésité et le raccourcissement
des nuits de sommeil, deux phénomènes de société
qui se manifestent parallèlement depuis quelques décennies,
pourraient donc être davantage liés qu'il n'y paraît
à première vue. Entre 1960 et 2000, alors que la
prévalence de l'obésité doublait, la nuit
de sommeil moyenne perdait entre 1 et 2 heures. Pendant la même
période, la proportion de jeunes adultes qui dorment moins
de 7 heures par nuit est passée de 16 à 37 %.
Les chercheurs reconnaissent qu'il est paradoxal que la minceur
soit associée au sommeil, la plus sédentaire de
toutes les activités humaines. À la lumière
de leurs résultats, la meilleure prescription pour contrer
l'obésité chez les jeunes serait de les encourager
à bouger plus et à dormir suffisamment.
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