
Une caméra 3-D révolutionnaire
Des chercheurs de la Faculté des sciences
et de génie sont au coeur d'un transfert technologique qui
pourrait faire école
Après presque dix années de travail, le développement
d'une caméra 3-D révolutionnaire et son transfert
technologique à une entreprise de la région ont
connu ce mois-ci un dénouement heureux. Pendant que l'étudiant-chercheur
Dragan Tubic soutenait avec succès sa thèse portant
sur un système qui a joué un rôle clé
dans la mise au point de cette technologie, Creaform, une entreprise
de la région, versait à l'Université les
premières redevances provenant de la mise en marché
de ce produit. En prime, quelques jours plus tard, Creaform recevait
les prix "Fidéide Jeune entreprise innovante de l'année"
et "Fidéide Innovation découlant de l'usage
de l'optique-photonique", décernés par la
Chambre de commerce des entrepreneurs de Québec.

Photo Marc Robitaille
Patrick Hébert et Dragan Tubic font
une démonstration
du HandyScan commercialisé par Creaform.
Commercialisée sous le nom de HandyScan, cette caméra
3-D numérise les objets par balayage laser et les reconstruit
en temps réel à l'écran d'un ordinateur.
"Pour un objet qui a une taille d'un mètre cube,
l'erreur est inférieure à un millimètre",
précise l'instigateur du projet, le professeur Patrick
Hébert, du Département de génie électrique
et de génie informatique. L'appareil effectue 180 000
mesures à la seconde et le fichier numérisé
qui en résulte peut ensuite être utilisé
ou modifié à volonté par l'usager, ce qui
laisse entrevoir des applications intéressantes du côté
industriel, médical et même muséal. La particularité
de ce système est que son capteur télémétrique,
qui pèse moins d'un kilo et qui est tenu à la main,
détermine lui-même sa position dans l'espace par
reconnaissance de cibles disposées sur l'objet. "Les
autres appareils du genre nécessitent le recours à
un système externe de positionnement tel un système
optique ou bras mécanique muni d'encodeurs dans les articulations,
ce qui est passablement encombrant et beaucoup moins pratique
à transporter et à opérer", précise
le chercheur. Détail non négligeable, ils coûtent
aussi jusqu'à cinq fois plus cher que le HandyScan.
L'Université vient de recevoir les premières
redevances provenant de la mise en marché du HandyScan
Une fois par dix ans
Patrick Hébert a commencé à travailler
à la mise au point de cette technologie alors qu'il était
à l'emploi du Conseil national de la recherche du Canada
dans les années 1990. Lorsqu'il a été embauché
comme professeur à l'Université en l'an 2000, il
avait développé un premier prototype du capteur.
Il restait toutefois à trouver une façon d'effectuer
la reconstruction interactive de la surface de l'objet et c'est
sur quoi a planché l'étudiant-chercheur Dragan
Tubic, sous la direction de Patrick Hébert et de son collègue
Denis Laurendeau, au Laboratoire de vision et systèmes
numériques (LVSN). "Au lieu de s'attaquer à
la recherche de nouveaux algorithmes plus performants, il a proposé
une nouvelle représentation des surfaces qui limite intrinsèquement
la complexité de tous les algorithmes requis pour la modélisation
interactive, explique le professeur Hébert. Il a résolu
le problème de façon admirable." Même
son de cloche du côté de Denis Laurendeau: "Lors
de sa soutenance de thèse, les membres du jury ont vanté
le travail de Dragan Tubic tant pour sa qualité que pour
la portée des idées qui y sont proposées.
Des thèses d'une telle qualité ne se rencontrent
qu'une fois par dix ans, a déclaré un des membres
du jury."
En 2003, consciente du potentiel de ce système, l'équipe
de Patrick Hébert recrute un diplômé du LVSN
possédant une solide expérience en entreprise,
Éric Saint-Pierre, et, ensemble, ils entreprennent de
transformer leur système de laboratoire en prototype présentable
grâce à un coup de pouce du programme Precarn, un
consortium national qui finance des projets de collaboration
entre les universités et les industries dans le secteur
des systèmes intelligents. Puis, par l'entremise de la
Société de valorisation des applications de la
recherche (SOVAR), les chercheurs sont mis en contact avec une
jeune entreprise de Lévis, Creaform, qui donne dans la
numérisation 3-D. "Nous leur avons fait une démonstration
de notre système et ils ont été impressionnés",
résume le professeur Hébert. Il aura fallu deux
années de discussion et de travail pour établir
une entente de transfert technologique et pour compléter
le développement d'un produit commercial. L'Université
a accordé une licence à Creaform qui, en échange
de redevances, utilise maintenant cette technologie dans son
produit vedette, le HandyScan, mis en marché en mai 2005.
Éric Saint-Pierre et Dragan Tubic travaillent maintenant
à temps plein pour une entreprise qui a été
créée pour assurer le transfert de cette technologie
vers Creaform. "Nous espérons que ce canal indépendant
créé entre l'entreprise et l'Université
permettra de maintenir l'industrie licenciée hautement
compétitive par une R et D industrielle soutenue et qu'il
facilitera le transfert de futures percées issues du LVSN",
déclare Patrick Hébert.
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