Des cibles à atteindre
Dix ans après les États généraux
de l'éducation, l'augmentation de la réussite scolaire
reste un objectif majeur
Au Québec, le monde de l'éducation attendait
beaucoup des États généraux de l'éducation
qui ont eu lieu en 1995 et 1996 et dont découle la réforme
du système de l'éducation implantée à
partir de 1998. Selon Marc-André Deniger, professeur à
la Faculté de sciences de l'éducation à
l'Université de Montréal, l'un des objectifs fixés
par les États généraux, soit l'augmentation
de la réussite scolaire, n'a pourtant pas été
atteint. "Le recul du taux de diplômation au secondaire
et au collégial est très préoccupant, souligne
Marc-André Deniger, qui a été professeur
à la Faculté des sciences de l'éducation
à l'Université Laval, de 1996 à 2005. Des
efforts doivent à tout prix être mis de ce côté."
Lors de la table ronde qui a eu lieu lors du lancement de l'Observatoire
international de la réussite scolaire (OIRS), Marc-André
Deniger a livré les résultats d'une étude
portant sur l'accessibilité, la réussite et l'égalité
des chances depuis les États généraux de
l'éducation.
Du côté de l'accessibilité aux études,
les nouvelles sont bonnes pour le secteur universitaire. En effet,
l'accès aux études menant à l'obtention
d'un baccalauréat a augmenté de 33,9 % à
41,3 %. Il en va de même pour la maîtrise (8,7 %
à 11,7 %) et du doctorat (1,9 % à 3,1 %). Par contre,
les choses se gâtent au secteur collégial, le taux
d'accès étant passé de 63, 3 % à
57,8 %. Au secondaire, l'accès à la 4e et 5e secondaire
a légèrement diminué, respectivement de
85,6 % à 84,9 % pour la 4e secondaire et de 75,9 % à
73,9 % pour la 5e. Au préscolaire et au primaire, la proportion
des enfants de 4 ans inscrits à la maternelle est passée
de 17,5 % à 19,2 %, et celui des enfants de 5 ans de 98,6
% à 97,4 %.
Un coup d'il sur les statistiques reliées à
la réussite scolaire montre que le taux d'obtention du
baccalauréat est à 27,7 %, ce qui se situe proche
de l'objectif fixé par le ministère de l'Éducation,
qui est de 30 %. Reculant depuis 1996, le taux d'obtention du
baccalauréat au Québec demeure cependant inférieur
à la moyenne fixée par l'Organisation de coopération
et de développement économiques (OCDE), a constaté
Marc-André Deniger. Le taux d'obtention à la maîtrise
a augmenté, passant de 65,6 % à 70,4 %, tandis
que celui du doctorat est stable avec 57,5 %. Au collégial,
la proportion des élèves terminant leurs études
s'est à peu près maintenue avec 39 %. Ce taux demeure
cependant bien loin de la cible fixée par le ministère
de l'Éducation, soit 60 %. En même temps, la proportion
des élèves terminant leurs études collégiales
est passée de 64,7 % à 72,7 %.
Pour l'égalité des chances
Malgré une baisse continue dans les années 1980,
le taux de décrochage s'est stabilisé au collégial,
affichant une légère augmentation chez les 17 ans
(de 10 % à 11, 6%), de même que chez les 18 ans
(15 % à 16,9 %). À l'école secondaire, le
taux de diplômation a chuté jusqu'à tout
récemment (de 88, 4 % en 1995-1996 à 79, 8 % en
2002-2003). Malgré cela, le Québec se compare avantageusement
aux autres pays de l'OCDE, note Marc-André Deniger. Mais
c'est du côté de l'information sur l'égalité
des chances de poursuivre leur cheminement scolaire que le bât
blesse, souligne le chercheur. " Au Québec, notre
système d'éducation de produit pas d'indicateurs
d'équité, ce qui fait que nous n'avons aucun moyen
de savoir si le système est plus équitable qu'avant,
explique Marc-André Deniger. Pour en savoir plus, il faudrait
effectuer des croisements entre l'origine sociale des élèves
et les retards scolaires, le rendement, l'orientation scolaire,
l'échec, l'abandon, la persévérance et l'insertion
en emploi des diplômés. Nous pourrions de cette
façon rectifier le tir."
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