En attendant la grippe
La couvée 2006 des étudiants à
la maîtrise en arts visuels s'est exercée à
la mise en marché
La douzaine d'étudiants à la maîtrise
ont décidé de frapper un grand coup pour l'exposition
collective qui lance chaque année les expositions individuelles
de leurs oeuvres s'échelonnant jusqu'à l'été.
Tous et toutes ont revêtu successivement un même
costume de poulet lors d'une séance de photo unique. Ces
portraits plus grands que nature, aux couleurs du printemps,
constituent le menu principal de la neuvième édition
de l'événement Mars de la maîtrise alors
que, traditionnellement, il s'agissait de regrouper les oeuvres
de chacun. "Nous redoutions le côté très
hétéroclite de ce type de présentation pour
12 artistes aux pratiques très différentes",
raconte Richard Cloutier. "On cherchait une façon
de regrouper tout le monde, mais aussi de nous faire connaître
comme individus," renchérit Emmanuelle Breton.
Il leur a suffi de quelques réunions pour se mettre d'accord
sur ce projet collectif aux allures de poulailler ordonné.
Après avoir jonglé avec l'idée de se mettre
en scène dans leur atelier, les 12 étudiants ont
choisi d'endosser un costume commun puis voté majoritairement
pour le poulet déplumé. "Il faut préciser
quand même que celui de l'éléphant est arrivé
en deuxième position, indique Daniel Brault, un sourire
dans la voix. On aimait bien l'aspect un peu désabusé
de la mascotte, un peu fatiguée comme nous-mêmes
à la fin de la maîtrise. Il me semble aussi que
la mascotte a un côté festif dans une foule."
"Cela traduit bien l'esprit de notre groupe depuis le début
de la maîtrise, car l'humour y joue un grand rôle",
glisse Emmanuelle Breton. Tous et toutes se sont pliés
à une même séance de photos et à des
conditions d'éclairages similaires. Par contre, liberté
était laissée à chacun de s'exprimer à
sa façon une fois dans les plumes du volatile.
Natures de poulet
Les portraits de quelque cinq pieds par quatre illustrent
bien cette diversité aviaire. Jouant de sa forte carrure,
Daniel Brault joue au roi de la basse-cour, tandis que Jérôme
Bourque exhibe son torse, que Pierrette Richer s'interroge, que
Julie Pichette, une véritable danseuse, s'envole ou qu'Annie
Pelletier témoigne de son intérêt pour l'accumulation
d'objets en poulette ramasseuse. Ces 12 variations sur un même
thème ont également permis la production d'un calendrier
illustré des portraits d'étudiants-poulets avec
douze mois de mars aux jours très authentiques en guise
de catalogue d'exposition. En l'achetant, les visiteurs sauront
tout de ce mois-là jusqu'en 2016.
"Sous des dehors loufoques, c'est un projet très
intéressant à réaliser, souligne Richard
Cloutier. Il s'agit d'abord d'un bon exercice de démocratie
pour se mettre d'accord. Cela nous a également appris
la mise en marché comme nous aurons à le faire
dans nos vies d'artistes dans quelques mois." "Sans
compter que nous avons pu mettre nos forces à la disposition
des autres, ajoute Virginie Belhumeur. L'un pouvait installer
les éclairages pour la séance de photos, l'autre
s'occupait des impressions numériques." Un partage
de services qui pourrait se poursuivre une fois leur diplôme
de maîtrise en poche. C'est souvent lorsque l'artiste se
trouve isolé dans sa création en atelier qu'il
apprécie de pouvoir partager ses interrogations avec d'autres
collègues, comme le souligne Daniel Brault.
La Galerie des arts visuels est ouverte du mercredi au vendredi
de 11 h 30 à 16 h 30 ainsi que le samedi et le dimanche
de 15 h à 17 h. Elle est située dans l'édifice
de la Fabrique au 255 boulevard Charest Est. L'exposition "Jaune
poulet" y est présentée jusqu'au 2 avril.
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